Le président gambien sortant, Yahya Jammeh, campait lundi sur sa position après avoir rejeté les résultats de la présidentielle remportée par l'opposant, Adama Barrow, alors que les efforts continuent pour éviter à la Gambie une crise postélectorale complexe.
Dans une déclaration télévisée le 9 décembre, Yahya Jammeh, qui gouverne la Gambie depuis 22 ans, a formellement refusé d'admettre les résultats de l'élection accordant la victoire de M. Barrow.
L'opposition gambienne, grisé par le soutien régional et international a annoncé qu'elle déclarera Yahya Jammeh «renégat» si il venait à refuser de céder le pouvoir à la fin de son mandat en janvier.
«Tout président qui perd sa légitimité constitutionnelle devient un renégat», a déclaré Halifa Sallah, porte-parole de la coalition d'opposition qui a porté Adama Barrow au pouvoir lors de la présidentielle du 1er décembre.
Fort du soutien désormais affichée par l'armé gambienne, le parti du président sortant a décidé de saisir la Cour suprême pour lui demander l'annulation simple des résultats du vote.
Inquiétude de la Communauté internationale
Ce revirement a exacerbé les inquiétudes de la communauté internationale. Pour preuve, les participant au sommet annuel des pays d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), réunis samedi dernier à Abuja, ont appelé le président gambien Yahya Jammeh à reconnaître sa défaite électorale du 1er décembre mais sans énoncer de mesures de rétorsion pour l'obliger à quitter le pouvoir le mois prochain.
Le sommet a promis de «prendre tous les moyens nécessaires pour faire appliquer le résultat du 1er décembre», avait indiqué un communiqué, sans toutefois préciser de mesures concrètes.
Les dirigeants ouest-africains ont désigné comme médiateurs le président nigérian Muhammadu Buhari et son homologue ghanéen sortant John Dramani Mahama.
Le représentant de l'ONU en Afrique de l'Ouest, Mohamed Ibn Chambas, avait pour sa part affirmé que M. Jammeh devait «être prêt à céder le pouvoir» en janvier, indépendamment de son recours juridique contre l'élection de M. Barrow.
D'ici là, «c'est M. Jammeh qui est le président constitutionnellement élu. Nous espérons que pendant cette période toutes ses actions seront conformes à la Constitution», a souligné le responsable de l'ONU.
Dans le sillage des réactions, pour la Côte d'Ivoire et son président, Alassane Ouattara, échaudé par une expérience similaire en 2002, M. Adama Barrow, «le président élu sera investi le 19 janvier prochain» en dépit de l'opposition du dirigeant sortant, a-t-il affirmé dimanche à Abidjan.
«Nous sommes engagés et déterminés à appliquer les voeux du peuple gambien d'avoir élu Adama Barrow. Toutes les mesures nécessaires ont été développées, nous ne pouvons les rendre publiques, pour pouvoir faire en sorte qu'il prenne ses fonctions le 19 janvier», a déclaré M. Ouattara interrogé après avoir voté aux législatives dans son pays.
«Adama Barrow, président élu sera investi le 19 janvier», à la date normale du transfert de pouvoir, a-t-il martelé, soulignant que «nous avons demandé à l'UA (union africaine) et l'ONU de nous accompagner dans ce processus».
«Ma position a toujours été que les anciens chefs doivent pouvoir se retirer paisiblement et ne pas être perturbés s'ils n'ont pas commis des crimes», a ajouté le président ivoirien sans plus de précision.