Santé

Dépression : et si vous manquiez de dopamine ?

Publié par DKnews le 24-02-2017, 17h11 | 1199
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La dopamine est un neurotransmetteur qui permet aux cellules du cerveau de communiquer entre elles. Une carence en dopamine peut être à l'origine d'une forme de dépression appelée "dépression dopamino-dépendante" (DDD). Le point avec le Dr Patrick Lemoîne, psychiatre et docteur en neurosciences.

C'est une découverte fortuite qui a mis le Dr Patrick Lemoîne, psychiatre à Lyon et docteur en neurosciences, sur la piste de la "dépression dopamino-dépendante". Un de ses patients qui ne répondait pas aux divers traitements antidépresseurs , semblait avoir par ailleurs tous les certains symptômes de la maladie de Parkinson . Mais les analyses ne montraient aucun signe clinique de cette maladie.

Agir sur les récepteurs de la dopamine

Dans un premier temps, le médecin tente de soigner la dépression de ce patient avec un traitement anti-parkinsonien qui agit sur les récepteurs de la dopamine (un neurotransmetteur qui permet aux cellules du cerveau de communiquer entre elles). Mais au bout de quelques semaines, le traitement ne marche plus, comme si ses effets s'épuisaient.

"La raison est simple, lorsqu'on donne un médicament qui "tape" en permanence sur certains récepteurs (en l'occurrence les récepteurs de la dopamine) on court toujours le risque que l'organisme mette ces récepteurs en veilleuse" explique le psychiatre.

Pour augmenter le niveau de dopamine et soigner la dépression dopamino-dépendante de son patient, le Dr Lemoîne et son collègue Jacques Mouret ont donc l'idée de fournir le "précurseur" permettant à l'organisme de fabriquer de la dopamine : la L-tyrosine, un acide aminé.

"J'ai prescrit des doses relativement importantes de L-tyrosine et j'ai pu obtenir la guérison de ce patient. Puis la guérison de nombreux autres, puisque j'ai maintenant un recul de plus de vingt ans sur cette forme de dépression" explique le médecin.

Les signes de la dépression dopamino-dépendante

Ces deux décennies de recul sur la maladie ont également permis au médecin de constater que les patients qui souffrent de dépression dopamino-dépendante partagent certains symptômes :
• Ils alternent des périodes "on/off" de l'humeur.

• Ils ont souvent traversé une période de stress prolongé comme un burn-out ou un surmenage.
• Ils sont très agités pendant leur sommeil.

• Ils ont une alimentation qui comporte peu de viande rouge.
En guise de traitement de cette forme de dépression légère à modérée, le médecin prescrit des doses relativement importantes de L-tyrosine à distance des repas. "La dose moyenne est de 1600 mg le matin, 1600 mg à midi et 800 mg à 16 heures, à prendre de préférence à distance des repas".

Seule contre-indication : la prise de vitamine B6 qui favorise la destruction de la L-tyrosine. "C'est la seule vitamine qui détruit la tyrosine. Et chaque fois qu'un patient souffrant de DDD a rechuté, c'est parce qu'il avait pris de la vitamine B6, soit sous forme de complément multivitaminé soit dans une cure de levure de bière".

"Après avoir mis au point le traitement de ces DDD, nous avons pu tenter de prescrire la L-tyrosine dans d'autres cas où une anomalie de la dopamine pouvait être suspectée" ajoute le médecin. La L-tyrosine a ainsi été prescrite avec succès chez des patients atteints de la maladie de Parkinson, chez d'autres qui souffrent d'impatiences ainsi que dans certains cas de narcolepsie


Dépression : il n'y a pas que les médicaments pour la soigner

Si la prescription d'antidépresseurs est incontestable pour soigner les dépressions sévères, leur efficacité est plus discutable pour les dépressions plus modérées voire légères. Dans ce cas, d'autres approches, non chimiques, peuvent être envisagées. Le point sur ces solutions avec le Dr Patrick Lemoine, psychiatre et docteur en neurosciences et le Dr Gérard Ostermann, diplômé de thérapie cognitivo-comportementale.

Faut-il éviter les antidépresseurs ?

Après des décennies pendant lesquelles les médecins ont cru que les antidépresseurs allaient régler le problème de la dépression , les thérapeutes ont fini par déchanter. Incontestable sur les dépressions sévères, leur efficacité est beaucoup plus mesurée lorsqu'ils sont prescrits pour traiter les dépressions modérées ou légères.

"Il apparaît que les antidépresseurs marchent dans environ 60% des cas en 2 à 6 semaines. Mais en cas de rechute, les chances d'efficacité diminuent et plus on rechute, plus on rechutera" souligne le Dr Patrick Lemoine, psychiatre et docteur en neurosciences.

"Pour les dépressions de sévérité moyenne ou légère, les approches non pharmacologiques ont montré une efficacité certaine. D'ailleurs, cette efficacité associée à leur innocuité devrait en faire les traitements de première intention, les médicaments ne venant alors qu'en cas d'échec".

L'hygiène des rythmes ou chronothérapie

"Pour certains chercheurs dont je fais partie, la dépression est pour une bonne part liée à un problème chronobiologique. En d'autres termes, on déprime quand nos pendules ne sont pas à l'heure . Une étude menée avec le Pr Ohayon, de l'Université de Stanford démontre que de nombreuses personnes dépriment parce que ce sont des sujets du matin qui se comportent comme des sujets du soir. Pour eux, la chronothérapie peut s'avérer efficace très rapidement" explique le Dr Lemoine.

La chronothérapie va de la simple hygiène des rythmes à la privation de sommeil pendant une nuit, suivie de quelques jours d'avance de phase de sommeil.

La luminothérapie pour la dépression saisonnière

En cas de dépression saisonnière , la luminothérapie, qui consiste à s'exposer pendant 30 mn le matin au réveil, à la lumière d'une lampe de 10 000 lux, est "la seule méthode ayant prouvé son efficacité .

Plus de 85% des personnes présentant boulimie sucrée, prise de poids et hypersomnie sont guéries en 4 à 14 jours". Bien sûr, il convient de consulter son médecin avant d'entreprendre ce type de traitement car il est nécessaire que le diagnostic soit certain. En effet, dans les dépressions non saisonnières, la lumière n'a eu aucun effet ou presque.

L'hypnothérapie

"Assez proche dans ses objectifs des thérapies cognitives et comportementales, l'hypnose a largement sa place dans l'arsenal thérapeutique moderne" insiste le Dr Lemoine. " L'hypnothérapie est un état de conscience modifié particulièrement intense, une transe pendant laquelle le cerveau est capable de réinitialiser ses programmes".

La sismothérapie ou électroconvulsivothérapie (ECT)

En cas de dépression mélancolique, particulièrement chez les seniors, l'électroconvulsivothérapie est de loin la plus efficace : environ 86% de résultats positifs en 2 à 4 semaines. C'est aussi la mieux tolérée et la moins dangereuse.

L'Organisation mondiale de la santé en fait aussi le traitement de choix en cas de fragilité somatique chez les femmes enceintes. "C'est une technique beaucoup plus douce qu'on imagine. En tous cas, plus douce que nombre de traitements chimiques" explique le médecin. L'ECT est désormais pratiqué sous anesthésie générale légère et ultra brève (moins d'une minute).

La thérapie cognitivo-comportementale (TCC)

L'idée initiale de cette approche fait appel à trois variables : les cognitions, les processus cognitifs, les schémas dépressogènes. La partie cognitive de la thérapie consiste à aider le patient à repérer le flot de ses pensées négatives ("je ne suis pas à la hauteur ", "tout va mal", "personne ne m'apprécie"...) et de leurs effets néfastes.

Le patient perçoit son thérapeute comme pouvant lui apporter de l'aide et du soutien (le thérapeute est actif et directif) et il a aussi le sentiment d'un travail commun (le patient est collaboratif).

La méditation de pleine conscience (mindfulness)

Située au carrefour des thérapies cognitives et des pratiques orientales de méditation, la thérapie de méditation de pleine conscience est une méthode de gestion du stress créée dans les années 1980 par John Zabat-Zinn et popularisée en France par le Dr Christophe André, psychiatre à l'hôpital Sainte-Anne, à Paris.

A partir d'un programme structuré (8 séances de 2 heures) le patient va diminuer sa réactivité cognitive, réduire ses ruminations et utiliser la pleine conscience pour repérer ses états mentaux et adopter des stratégies évitant la survenue de la dépression." déclare le Dr Gérard Ostermann.

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