Le Royaume-Uni «craint pour sa sécurité énergétique» après la crise diplomatique entre le Qatar et certains pays du Golfe, du fait que 30% de ses approvisionnements en gaz proviennent de ce pays, affirme le quotidien des affaires, le Financial Times.
«L'instabilité du Moyen-Orient soulève des questions sur la sécurité énergétique à long terme au Royaume-Uni. La crise diplomatique du Qatar avec ses voisins a mis en évidence les risques liés à la dépendance croissante du gaz importé», note le journal.
Même si la crise n’a pas encore affecté les exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) du Qatar qui se sont poursuivies «normalement», les analystes estiment que l'instabilité au Moyen-Orient s'ajoute à d’autres facteurs qui risquent d’impacter, à long terme, la sécurité énergétique britannique.
Le FT rappelle que pendant des décennies, la Grande-Bretagne a été largement approvisionnée en gaz de ses propres ressources de la mer du Nord, complétées par des pipelines en provenance de Norvège et du reste de l'Europe.
Cependant, le «déclin graduel» de la production de la mer du Nord risque de rendre la Grande-Bretagne de plus en plus dépendante du GNL importé à partir d’autres pays tels que Qatar.
Le directeur général de la société Energy Contract Company, Niall Trimble, cité par le FT, a expliqué que la crise du Qatar «n'est pas un énorme souci en soi, mais le cumul avec d’autres facteurs de risque dont l'impact incertain du Brexit sur les importations européennes, pourraient poser des incertitudes à l'avenir». Le Qatar est la source la plus importante des approvisionnements britanniques de GNL.
38% autres sont acheminés depuis la Norvège et l'Europe continentale, relève le journal. National Grid, qui gère le réseau de transport de gaz en Grande-Bretagne, a estimé qu'en 2030 plus de 60% du gaz du Royaume-Uni sera importé.
Les chiffres publiés montrent que les importations de GNL vers la Grande-Bretagne depuis le Qatar ont diminué de moitié depuis 2011. Elles ont atteint 7,2 millions de tonnes l'année dernière.
Cette année, et jusqu’à présent, la Grande-Bretagne a importé seulement 2,2 millions de tonnes de GNL Qatari. Selon le FT, les approvisionnements mondiaux en GNL devraient augmenter de près de 50 pour cent entre 2015 et 2020, en raison de la hausse de la production des Etats-Unis et de l'Australie.
L’article estime que l’'accès au canal de Suez est régi par un traité international, estimant que l'Egypte ne devrait pas pouvoir bloquer les navires mais pourrait augmenter les coûts de leur transit.
Cela risque de réduire l’attractivité du GNL Qatari par le marché européen, selon des analystes de l'Institut d'études de l'énergie d'Oxford. Par ailleurs, le FT a souligné que la crise du Qatar a intensifié les appels à développer en urgence le gaz de schiste britannique. Il précise que la Grande-Bretagne possède des «quantités importantes» de gaz de schiste dont l'exploitation est «lente» en raison de l'opposition des populations locales. Le gaz remplace progressivement le charbon dans la production de l’électricité dans le pays.
Il demeure indispensable à cette production en dépit de l’expansion rapide des énergies renouvelables, précise le journal. «La montée en puissance des énergies renouvelables ne fait qu'accroître l'importance du gaz en matière de sécurité énergétique.
Le gaz comblera l'écart dans la production électrique lorsque le vent ne souffle pas ou que le soleil ne brille pas», conclut le FT.
