Monde

Maroc: arrestations et poursuites judiciaires face à la moindre réclamation de justice

Publié par DKNews le 23-02-2018, 16h11 | 31
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Durant l’année 2017, les autorités marocaines  ont procédé à des arrestations arbitraires et des poursuites judiciaires  contre des citoyens qui ont réclamé la justice sociale et ceux qui ont  dénoncé l’injustice et la corruption, affirme le rapport annuel d’Amnesty International (AI) sur la situation des droits de l’Homme dans le monde,  publié jeudi.

"Au Maroc les autorités ont poursuivi en justice et emprisonné un certain nombre de journalistes, de blogueurs et de militants qui avaient critiqué des représentants des pouvoirs publics ou évoqué des violations des droits humains, des cas de corruption ou des manifestations populaires, comme celles qui se sont déroulées dans le Rif, au nord du pays", lit-on dans le rapport.

Dans la région du Rif (nord du Maroc), souligne AI, "les forces de sécurité marocaines se sont livrées à des arrestations massives de manifestants majoritairement pacifiques, dont des mineurs, et ont parfois  eu recours à une force excessive ou injustifiée".

A partir du mois de mai, les autorités ont procédé à un déploiement des forces de sécurité "d’une ampleur sans précédent" pour empêcher ces manifestations et elles se sont livrées à des "arrestations massives de manifestants majoritairement pacifiques, dont des mineurs", souligne le  document.

Lire aussi: Rif marocain: la condamnation d’un avocat des droits de l’Homme est un "dangereux précédent"

Pour rappel, des manifestations de grande ampleur revendiquant justice sociale ont éclaté dans la région du Rif après qu’un poissonnier,  ouhcine Fikri, ait été broyé dans une benne à ordures, dans la ville d’Al-Hoceima, en octobre 2016.

AI a attesté que les forces de sécurité ont arrêté et détenu  plusieurs journalistes et blogueurs qui avaient mis en ligne des articles ou des commentaires critiques au sujet des manifestations dans le Rif.

Le parquet les a inculpés d’atteintes à la sûreté de l’Etat en lien avec le mouvement de contestation.

"Entre juillet et novembre, les tribunaux ont condamné un grand  nombre de personnes en lien avec le mouvement de contestation dans le Rif,  à des peines allant jusqu’à 20 ans de réclusion. Les chefs d’inculpation retenus allaient de la manifestation non autorisée au complot en vue de porter atteinte à la sûreté de l’Etat", relève le rapport.

Il ajoute que des journalistes et des manifestants appelant à la  justice sociale et au respect des droits politiques ont été emprisonnés, souvent à l’issue de procès "iniques".

Les autorités ont également jugé plusieurs centaines de militants ayant participé aux manifestations en faveur de la justice sociale et environnementale, les condamnant à des peines de privation de liberté pour des infractions relatives aux rassemblements.

"Malgré les recommandations émises par l’Instance équité et  réconciliation, mécanisme de justice transitionnelle, les autorités n’ont pris aucune mesure pour remédier à l’impunité dont bénéficiaient les auteurs de graves violations (pratique systématique de la torture, disparitions forcées et exécutions extrajudiciaires, notamment) perpétrées au Maroc entre 1956 et 1999", a souligné, par ailleurs, le rapport.

 

 

== Expulsions des migrants et des demandeurs d’asile ==

 

Le rapport d’AI a évoqué d’autre part, la situation des migrants au Maroc, soulignant que "comme les années précédentes, une force excessive a été utilisée contre des migrants et certains ont été placés en détention".

"Les forces de sécurité marocaines ont continué de participer aux  expulsions sommaires de migrants et de demandeurs d’asile depuis les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla vers le Maroc, ainsi que d’employer une force excessive ou injustifiée à leur encontre", relève AI.

Des migrants, dont certains avaient entamé des démarches pour régulariser leur situation, ont été emprisonnés pour être entrés sur le territoire marocain, y avoir séjourné ou en être sortis de façon irrégulière. Ils ont parfois été jugés sans pouvoir bénéficier des services d’un avocat, affirme le rapport.

Il cite plusieurs cas, dont deux Burkinabè, morts en septembre dernier, à la suite de l’utilisation de gaz lacrymogène par les forces de sécurité marocaines contre des migrants qui tentaient de pénétrer dans  l’enclave espagnole de Melilla.

Sur le volet des libertés de la presse,  AI a relevé que les médias  marocains ont "continué d’être soumis à des restrictions", et des  journalistes ont été "pris pour cible".

"Le seul journal indépendant du pays, Al Wasat, a été suspendu de façon temporaire puis fermé en raison d’un article sur des mouvements de protestation au Maroc", conclut le rapport.

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