Histoire

Sétif : Les fosses communes pour dissimuler les atrocités de la France coloniale

Publié par DKNews le 07-05-2018, 15h38 | 100
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Aux cris de liberté des Algériens qui se sont élevés dans une marche pacifique un certain 8 mai 1945, à Sétif,  la France coloniale a recouru aux fosses communes pour dissimuler son génocide pensant à tort que les convictions d’un peuple en quête de liberté peuvent être altérées.

Soixante treize ans  après les faits, cet épisode sanglant reste gravé dans la mémoire collective et les fosses communes demeurent un thème sur lequel universitaires et historiens se sont penchés pour «déterrer» des victimes exécutées et enterrées sommairement. Des moudjahidine et des témoins de ces faits relatent  toujours cette ambiance d’apocalypse que la France coloniale avait réservée à des milliers et des milliers d’Algériens qui rêvaient de liberté.

Le journaliste Amar Chouaf qui a réalisé pour la télévision algérienne plusieurs £uvres historiques consacrées aux massacres du 8 mai 1945, affirme à l’APS que ces massacres  avec toute leur terreur demeurent une page ouverte au regard du fait que les archives s’y rapportant sont détenus par la France et que les découvertes des fosses communes se poursuivent tant à Sétif qu’à Constantine, Bouira, M’sila ...et autres.

Il a ajouté que ces documentaires ont concerné des fosses communes dans plusieurs régions et atteste que «chaque fosse relate l’horreur de la machine coloniale».

L’écrivain-journaliste Kamel Beniaiche qui a traduit en avril passé vers l’arabe son ouvrage «Sétif, la fosse commune», a indiqué, pour sa part, à l’APS que son ouvrage est le fruit d’un travail de recherche de plusieurs années à travers de nombreuses contrées touchées par ce génocide, soutenu que le colonisateur français a recouru lors des massacres du 8 mai 1945 à Sétif à divers moyens pour raser totalement de la carte des villages entiers et au lendemain des horribles massacres furent menées les opérations d’enterrement dans des fosses communes.

De son côté, le président de la fondation ‘8 mai 1945, Abdelhamid Selakdji a affirmé que les massacres entamés un certain mardi 8 mai 1945 à  Sétif, se sont poursuivis jusqu’au 30 septembre. Et d’ajouter : «La France coloniale avait pensé que les fosses  communes pouvaient cacher un acte abominable».

Des fosses de la honte encore méconnues

«Nombre de ces fosses sont encore méconnues mais beaucoup d’autres sont connues et parsèment le territoire national à l’instar de celles des localités d’Ain Roua, Béni Aziz, Amoucha, Ain Kébira, Bouandèss, Sidi Saïd, Chaâbat Lakhra et Héliopolis qui enlacent les cadavres d’Algériens de tous les âges», a soutenu M.Selakdji.

Le seul crime de ces civils fut d’avoir réclamé à la France «traitresse» d’honorer sa promesse au peuple algérien de lui accorder l’indépendance s’il la soutenait dans son combat contre le nazisme, a-t-il rappelé en relevant que la réponse fut la torture, les massacres sommaires, les bombardements par l’artillerie et des avions, l’incinération dans les fours, et le balancement des innocents des précipices, du haut de montagnes et dans la mer.

Le moudjahid Amar Sebbia se souvient qu’au lendemain du 8 mai 1945, son père fut arrêté et trainé par des chevaux jusqu’à la ville de Sétif. «Mon père fut interrogé sous la torture du 20 mai au 23 juillet avant d’être tué et découpé en morceaux puis enterré dans la fosse commune à Sidi Saïd avec 9 autres membres de la famille» se souvient-il .

Amar et ses frères furent, ajoute-t-il, transférés vers la ville d’Oran où ils furent accueillis par une dame généreuse du nom de Belkaïd Kheira. Pour l’historien Gilles Manceron, rencontré samedi dernier à l’université de Sétif en marge d’un séminaire sur «les massacres coloniaux», le nombre des fosses communes conséquentes aux massacres commis par l’armée coloniale et les milices civiles françaises durant les mois ayant suivi l’insurrection du 8 mai 1945 est «difficile à déterminer».

«Les fosses de Kherata, de Chaabet Laakhra, de Melbou et du littoral voisin et de la carrière de Héliopolis témoignent de cette pratique macabre qui a été reproduite par le colonisateur français durant la Guerre de libération de l’Algérie», souligne cet historien qui relève que «la propagande française s’était alors évertuée à inventer des prétextes pour ces atrocités commises par des colons assassins».

Ces évènements du 8 mai 1945 qui avaient débuté avec des manifestations pacifiques avant de se terminer par des fosses communes, imprimèrent dans la conscience des Algériens la conviction que le colonisateur qui a occupé le pays par la force devait en sortir par la force, constituant ainsi l’étincelle de la Guerre de libération. 

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