La lutte contre les violences faites aux femmes «demeure un défi majeur à relever» par la société algérienne, ont souligné, dimanche, les intervenants lors d’une journée de sensibilisation organisée à la maison de la culture de Tizi-Ouzou.
Initiée par la direction locale de l’action sociale et de la solidarité (DASS) dans le cadre de la célébration de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, cette rencontre a réuni plusieurs partenaires, impliqués dans la lutte contre ce phénomène, à l’exemple des services de sécurité (police et gendarmerie nationales), du mouvement associatif et de certains mécanismes de réinsertion sociale, à l’instar de l’ANGEM.
Le phénomène de la violence exercé sur la femme «demeure une réalité amère qui gangrène notre société.
Elle s’exerce dans l’espace privé ou public et se décline sous de multiples formes, verbale, physique, sexuelle, psychologique, sociale et aussi économique», a relevé, à ce propos, Fazia Laziz, responsable du service de la famille et de la cohésion sociale au niveau de la DASS.
Déplorant la «violence quotidienne» que subit la femme algérienne, Mme Laziz a estimé que «pareil comportement est indigne et alarmant à la fois dans une société où, paradoxalement, la femme prend une place de plus en plus importante dans la vie nationale».
Donnant un aperçu chiffré de cette réalité au niveau de la wilaya, elle a indiqué que «les cellules d’accueil, d’écoute, d’accompagnement et d’orientation de la DASS ont enregistré durant les neuf premiers mois de cette année un total de 260 appels de femmes en détresse ou en situation de précarité auxquelles ils sont intervenus pour apporter de l'aide».
Parmi les aides octroyées, a-t-elle poursuivi, «l’allocation forfaitaire de solidarité (AFS) ayant bénéficié à 1654 femmes, la pension de handicapée à 83, la prime d'insertion des diplômés (PID) à 325, le Dispositif d'insertion à l'action sociale (DAIS) 1473 , la distribution d’équipements ayant bénéficié à 200 dames, alors que 53 femmes avec 85 enfants ont bénéficié du fond de pension alimentaire et 35 ont été pensionnaires prises en charge au foyer des personnes âgées de Boukhalfa».
Par ailleurs, a souligné la même responsable, «en dépit de l’efficacité enregistré à travers les mécanismes mis en place par l’Etat pour venir en aide à la femme violenté ou en détresse, il faudrait accomplir un travail profond sur les mentalités dont le meilleur moyen demeure la sensibilisation et la prévention».
Abondant dans le même sens, le docteur Saïd Bouizeri, enseignant à la faculté de droit de Tizi-Ouzou, a estimé que la violence faite aux femmes «est un drame qui concerne tout le monde et qui appelle à la responsabilisation, la mobilisation et l’implication de tous, pour permettre une efficacité de la lutte» contre ce phénomène.
En outre, a-t-il ajouté, «plusieurs amendements criminalisant cette violence ont été introduit dans le code pénal à l’exemple de l’article 266 qui évoque la violence verbale ou psychologique et de l’article 330 bis qui définit la violence économique subie par les femmes, et qui prend de l’ampleur au vu des transformations économiques de la société».
A ce sujet, a-t-il renchéri, «la femme est souvent victime de privation de ses droits économiques. Que ce soit de son travail ou du fruit de ce travail, à savoir de son héritage». Une privation qu’elle «accepte, pas forcément par consentement, mais, par soucis de sauvegarder son foyer», a-t-il soutenu.