Nous avons à cœur de véhiculer une autre image des citoyens d’origine algérienne en France que celle qui est actuellement mise en avant dans les médias et par certains de nos politiques.
C’est la raison pour laquelle nous voulons interpeller le monde politico-médiatique en valorisant les réussites d’origine algérienne et la défense des principes républicains que nous portons chevillés au corps.
Comment se positionne votre association dans l’échiquier des relations algéro-françaises ?
Le passé commun entre la France et l’Algérie est douloureux mais nous sommes un mouvement générationnel dont les membres sont majoritairement nés après la colonisation et qui ont fait le choix de vivre dans le monde occidental. Nous voulons résolument écrire une autre page entre la France et l’Algérie et œuvrer de toutes nos forces pour la compréhension et la réconciliation entre nos deux peuples.
Nous portons des projets très concrets pour avancer dans ce sens : jumelage entre lycées algériens et français, forum économique entre investisseurs français et algériens au travers de trois axes d’actions (business, stages et emplois).
Comment vivez-vous l’originalité de FARR qui regroupe des membres affiliés à divers bords politiques ?
Le mouvement FARR est apolitique et a-partisan. Il n’est affilié à aucun parti politique et ne se positionnera jamais en tant qu’organisation pour un candidat à des élections que ce soit en France ou en Algérie.
Ainsi notre association se situe résolument au-dessus des clivages politiques et religieux. C’est pourquoi nous sommes très heureux d’accueillir en son sein une diversité d’opinions tant politiques que confessionnelles, ce que nous considérons comme une richesse.
Notre socle commun est la défense du modèle laïc français, la défense et la promotion de l’image des Franco-Algériens en France ainsi que notre lien originel et d’amitié avec l’Algérie.Nous voulons par conséquent interpeller la classe politico-médiatique pour porter la voix de Franco-Algériens républicains dans le débat public.
Parmi nos prises de positions publiques : pétition contre la stigmatisation des Franco-Algériens lors de la coupe du monde de football, dépôt de plainte au pénal pour injures et incitations à la haine vis-à-vis de la communauté franco-algérienne, tribune sur le voile pour expliquer le positionnement de FARR sur ce sujet sensible qui est devenu un phénomène de société, discours Place de la République devant un millier de personnes en hommage à Hervé Gourdel pour dénoncer le terrorisme au nom d’une idéologie étrangère et lutter contre les amalgames et les caricatures.
Avez-vous avancé dans votre approche de la question de l’intégration ?
Les différentes politiques menées à destination des quartiers difficiles (sécurité, emploi, éducation) ne semblent pas avoir apporté les résultats escomptés. L’échec scolaire reste toujours important. La violence et la délinquance ne reculent pas dans certaines zones de non-droit. La plaie du chômage y est insupportable.
Or nous vivons dans un contexte difficile de mondialisation, de crise économique, de rejet de l’Europe et de peur de l’Islam. Dans un tel contexte, porté par une vague populiste, le racisme et les discriminations à destination des citoyens français d’origine maghrébine ne cessent de se renforcer.
Face à ces problèmes sociaux, économiques et identitaires un seul contre-modèle est proposé aux Français d’origine maghrébine vivant dans ces quartiers : celui des extrémistes religieux. Certains s’identifient à ce modèle et sombrent alors dans une attitude de rejet de la culture occidentale dans laquelle ils vivent. Ce phénomène est en hausse. Il est préoccupant.
Par ailleurs, la majorité silencieuse de culture musulmane, parfaitement intégrée dans la République laïque française est victime de «misislamie», un phénomène qui se traduit par une haine viscérale de la religion musulmane.
Si cette majorité de citoyens français de culture musulmane reste passive, cette tendance n’aura aucune raison de s’inverser sachant que les amalgames et les caricatures visant à surfer sur les peurs de nos concitoyens sont véhiculés par le monde politico-médiatique et les politiciens populistes.
Cette pente fatale qui fait le lit du Front National conduit inéluctablement la France vers un populisme xénophobe que nous ne pouvons accepter.
Force est de constater que le débat public est confisqué par les extrêmes : d’un côté les populistes xénophobes et de l’autre les obscurantistes. De par notre silence dans le débat public sur des sujets qui concerne la laïcité notamment, nos concitoyens finissent par assimiler TOUS les musulmans à des obscurantistes.
Afin de sortir de cette logique de rejet, il est urgent de se rassembler pour apporter une troisième voix résolument républicaine et proposer un autre modèle d'identification à destination des jeunes collégiens et lycéens dans les quartiers difficiles.
L’enjeu de FARR tourne autour de l’identité franco-algérienne ; un peuple qui a beaucoup souffert de par les différents évènements de son Histoire. Une identité à reconstruire dans un esprit de rassemblement et d’adhésion à la communauté nationale par une meilleure compréhension de nos racines.
orsqu’on sait d’où l’on vient, on sait où l’on va et on peut se construire positivement.
Nous menons des actions concrètes dans ce sens au travers de différents projets :
- Orientation 2.0 : un programme de coaching accessible à tous pour une meilleure compréhension de ce pour quoi on est fait en partenariat avec Zubida Hemarid, directrice du groupe Pro Activ
- Programme artistico-éducatif judéo-arabe pour promouvoir la laïcité et le mieux-vivre ensemble par Rachid Aous et Simon Elbaz
- Cycle de FARR A NIGHT (café littéraire) sur des sujets liés à notre identité et nos racines : « Berbères, arabes, ottomans, nos ancêtres avant 1830 » avec Ghaleb Bencheikh, « Les Algériennes du Château d’Amboise » par Amel Chaouati, « Aux origines du déclin de la civilisation arabo-musulmane » par Rachid Aous,…
Comment comptez-vous mettre en valeur l’apport de la communauté maghrébine, particulièrement algérienne à la construction de la nation française ?
Nous avons à cœur de véhiculer une autre image des citoyens d’origine algérienne en France que celle qui est actuellement mise en avant dans les médias et par certains de nos politiques. C’est la raison pour laquelle nous voulons interpeller le monde politico-médiatique en valorisant les réussites d’origine algérienne et la défense des principes républicains que nous portons chevillés au corps.
Pragmatiquement, cela se concrétise par nos prises de positions médiatiques pour défendre l’image de la communauté franco-algérienne en France et par notre gala annuel dont le prochain se déroulera le 6 février 2015 et au cours duquel nous aurons le plaisir de décerner des trophées à des parcours d’excellence dans le monde entier en présence de la classe politique.
Les lauréats qui se seront illustrés aux USA, en Grande-Bretagne et en France nous présenteront leur parcours et leur ressenti quant au regard porté par ces trois sociétés sur des citoyens d’origine algérienne.
Notre volonté est de faire évoluer les aprioris et les préjugés afin d’œuvrer pour la cohésion nationale et faire reculer autant que possible le racisme et les discriminations.