Interview

Entretien avec Kamel A ADICHE, directeur général du Groupe MAMI de Sétif.

Publié par Entretien réalisé par Azzedine Tiouri le 15-02-2016, 18h01 | 725
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DK News : Avant d’entamer notre entretien, faites-nous connaitre le Groupe MAMI que vous dirigez ?

K. ADICHE : La Société MAMI a été créée en 1937, transformée en SNC en 1981 et Société par actions (SPA) en 2003. Son siège social se trouve dans la zone d’entrepôts et d’activités (ZEA) de Sétif. Elle a pour objet social la production et la commercialisation de boissons gazeuses et jus, de tout produit agro-alimentaire, l’import et l’export de produits agro-alimentaires ainsi que la transformation de plastique. La société est organisée en directoire et conseil de surveillance.

 

Y-a-t-il d’autres investissements que vous envisagez à l’avenir ?

Effectivement, nous avons des micros investissements, c’est surtout dans le domaine de l’augmentation des capacités et de diversification de gamme de produits dans les boissons et le plastique.

 

Quelles sont justement les gammes ou les appellations des produits déjà commercialisés sur le marché ?

On vient de mettre sur le marché une nouvelle gamme de produits à base de jus, sous la marque FRUT'S (MOJITO, SANGRIA, ORANGE, MANGUE) , qui sont assez nouveau par leur présentation et pour le gout qui diffère des produits traditionnels de Mami et qui sur le marché devraient être une nouveauté. D’ailleurs les premières mises sur le marché ont été couronnées de succès. Les premiers résultats sont encourageants et nous poussent justement à augmenter nos capacités de production de ces produits. Nous produisons toujours les boissons gazeuses avec les aromes classiques, sous la marque MAMI boissons.

 

On dit qu’il y aune concurrence farouche dans votre domaine, qu’en est-il exactement ?

Effectivement, depuis quelques années et comme vous le savez c’est une filière qui a beaucoup été investi par des opérateurs économiques puisque la marge de progression était importante en terme de consommation de boissons et de demande, donc naturellement beaucoup d’investisseurs se sont mis sur ce créneau qui crée une concurrence très agressive.

 

Justement, comment faites-vous pour y faire face ?

On y fait face difficilement. On y face d’abord en essayant d’innover dans nos gammes de produits comme nous venons de faire en mettant sur le marché des produits un peu différent qui attirent les consommateurs. Sur ce point précis, c’est surtout la qualité sans oublier le rapport qualité-prix et l’innovation.

 

Revenons un peu à l’entreprise. On peut dire aussi que depuis votre arrivée à la tète du Groupe MAMI vous avez redressez la situation là ou vos prédécesseurs ont échoué. Quel est le secret de votre réussite ?

Il ne faut pas dire que mes prédécesseurs ont échoué, car ils ont réussi quand même à mettre en place une société qui a eu un nom dans la région de Sétif et c’est devenu pratiquement un patrimoine dans son domaine. Effectivement, dans la vie de toute société, il y a des hauts et des bas. Ils ont connu d’abord une augmentation importante du nombre d’associés (actionnaires), puisque c’est une société familiale, qui a engendrer des problèmes de prise de décision Lorsque nous sommes arrivés à la tête de cette entreprise, ils nous ont demandé de mettre tout d’abord en place une organisation et une bonne gouvernance en traçant des objectifs. Effectivement, à ce moment-là nous avons pu redresser la situation, même si aujourd’hui, nous traversons des phases de turbulence avec toute la concurrence qui existe en ce moment.

 

Vous êtes aussi le secrétaire général de l’Association des producteurs algériens de boissons, en quoi consiste le rôle de cette structure ?

Effectivement, je suis le secrétaire général de l’APAB qui active depuis plus de 14 ans. Actuellement, elle connait une grande attention des autorités du pays grâce au travail qu’elle a fournit, un grand travail de sensibilisation des producteurs tout en essayant de professionnaliser des opérateurs qui sont sur le marché et défendre les intérêts des producteurs de boissons. Nous ne sommes pas un syndicat, mais nous faisons des propositions claires aux différents ministères concernés, comme le commerce, les finances, l’économie, pour essayer de promouvoir ce secteur qui crée beaucoup d’emplois.

 

Avez-vous des objectifs à atteindre avec cette association ?

Nous arrêtons des objectifs chaque année. Le principal c’est que demain sur le marché existe des boissons très compétitives, non seulement au niveau de la qualité, mais aussi la protection de la santé des consommateurs. Nous voulons que les boissons algériennes ne fassent plus peur aux consommateurs dans les conditions dont elles sont produites. D’ailleurs pour cela, nous sommes en train de créer un label pour les rassurer et nous sommes là aussi quelque part pour défendre leur santé.

 

A propos de santé, vous utilisez des édulcorants de synthèse dans certaines gammes de vos produits comme l’aspartame qui semblent décrier par les consommateurs, qu’en est-il au juste ?

Oui, effectivement c’est un produit que nous utilisons dans nos produits. C’est une fausse idée qui se propage beaucoup plus sur les réseaux sociaux que chez les scientifiques puisqu’aujourd’hui il est démontré que c’est un produit inoffensif à tout point de vue sur la santé des consommateurs. Ce n’est pas nous qui le disons, ce sont les plus hautes autorités chargées du  contrôle de la santé des pays européens, américains et sud-américains, qui après de grandes recherches et des études ont démontré que ces produits ne sont pas dangereux pour la santé et sont autorisés pour leur utilisation. D’ailleurs nous sommes le seul pays à mettre une mention à déconseiller aux enfants, alors que tous les autres pays du monde ne le font pas.

 

Pourquoi mettre alors ces édulcorants dans vos produits ?

Nous les mettons pour plusieurs raisons. D’abord il y a une raison économique, c’est tout à fait normal, c’est une matière première qui remplace le sucre, et qui est moins cher que ce dernier. Cela fait évidemment des économies à l’entreprise et aussi à l’économie du pays en termes d’importation qui diminue de sa balance. C’est aussi de diminuer le taux de sucre dans les boissons qui est souvent décrié. Parfois on parle de boissons à l’origine de maladies cardiovasculaires, diabète etc., ce qui n’est pas tout à fait vrai, parce qu’il ya beaucoup d’autres facteurs en Algérie, c’est l’alimentation d’une manière générale, le gras, les pâtisseries. Dans le monde entier, on utilise les édulcorants pour diminuer le taux de sucre et de calories des boissons, donc c’est quelque chose qui peut-être même bonne et bénéfique pour la santé des consommateurs. Une autre raison, c’est que l’on ne peut pas offrir aux gens des boissons qui ne sont pas sucrées, c’est un non sens si l’on veut faire plaisir à quelqu’un. Dans tous les domaines c’est l’excès qui fait mal. On utilise ces produits dans les normes internationalement admises et reconnues.

 

Pour rester dans ce même chapitre, lors de notre tournée à travers l’unité, nous avons visité un laboratoire, quel est son rôle ?

C’est tout d’abord un laboratoire de contrôle de qualité. Nous faisons le contrôle de la matière première qui arrive durant tout le processus. Une partie de ce laboratoire est destiné au développement de nouveaux produits où d’amélioration de ceux déjà existant.

 

Globalement quels sont les problèmes que vous rencontrez dans la gestion ?

Nous rencontrons les problèmes comme ceux de toute industrie en Algérie, c'est-à-dire la problématique de la place qui lui a été réservé jusqu’à présent avec toute la bureaucratie qui est derrière. Aujourd’hui, les pouvoirs publics semblent un peu plus sensible à lever les contraintes bureaucratiques, mais entre le discours et ce qui se passe sur le terrain, il y a encore un fossé que nous souhaitons faire disparaitre de plus en plus. Il y a un problème que j’estime fondamental, c’est celui de la ressource humaine, car il est bien beau d’acheter des machines, de mettre en place une organisation, mais il faut des hommes pour faire tourner tout cela. De nos jours, il est de plus en plus difficile de trouver sur le marché de l’emploi,  que ce soit au niveau du top management ou technicien formé parce que le système éducatif n’a pas rempli les objectifs qu’il aurait du avoir, c'est-à-dire donner à l’entreprise algérienne les cadres susceptibles de les aider à se développer.

 

Et du coté de votre personnel, il n’y a pas de problème ?

Nous sommes une société qui a mis en place une gouvernance claire et nous avons une convention d’entreprise avec les travailleurs. Nous avons aussi un syndicat. Nous avons mis tous les outils qui permettent une bonne communication entre le personnel et la direction. Tous les problèmes qui pourraient se poser sont réglés dans le cadre de commissions, de communication, de dialogue et nous estimons que le climat social est correcte bien sur relativement à l’environnement général de la société où l’on sent la baisse du pouvoir d’achat des gens.

 

Quels sont le perspectives d’avenir ?

Dans un climat économique très difficile de pouvoir assoir notre société de la rendre pérenne déjà par l’amélioration de sa gestion si nous parlons de boissons, nous avons aussi une unité de transformation plastique. Nos perspectives c’est de développer et diversifier la production où nous espérons même dans un proche avenir d’aller dans la sous-traitance automobile dans le plastique.

 

Un dernier mot peut-être pour conclure ?

Tout ce qu’on demande, c’est devant toute cette concurrence c’est qu’elle doit rester loyale. Actuellement, nous mettons beaucoup d’argent pour la formation, pour la gouvernance, la recherche etc., nos comptes sont transparents et nous faisons face aussi à un secteur de l’informel qui nous fait beaucoup de mal et là on attend à ce que les autorités se penchent de plus en plus sur ce problème. Car on est souvent contrôlé, ce qui ne nous dérange pas, et parfois on a l’impression que ceux qu’on ne voit pas,  on ne les contrôle pas.

Entretien réalisé par Azzedine Tiouri

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