
La dégradation des écosystèmes compromet le bien-être de 3,2 milliards d'individus et coûte 10% du produit brut mondial annuel en perte d'espèces et de services écosystémiques, a alerté l'Organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) dans un rapport publié sur son site web.
«Les écosystèmes clés qui fournissent de nombreux services essentiels à l'alimentation et à l'agriculture, y compris l'approvisionnement en eau douce, la protection contre les dangers et la création de foyers pour des espèces telles que les poissons et les pollinisateurs, déclinent rapidement, a fait constater la FAO vendredi dernier à l'occasion de la Décennie des Nations unis pour la restauration des écosystèmes.
Les auteurs du rapport affirment par ailleurs que la restauration de 350 millions d'hectares de terres dégradées d'ici à 2030 pourrait générer des services écosystémiques d’une valeur de 9.000 milliards de dollars et éliminer de l’atmosphère 13 à 26 gigatonnes supplémentaires de gaz à effet de serre.
«La Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes aidera les pays à lutter contre les effets aussi bien du changement climatique que de la perte de biodiversité», a déclaré le Directeur général de la FAO, José Graziano da Silva, cité dans le rapport.
«Les écosystèmes se dégradent à un rythme sans précédent.
Nos systèmes alimentaires mondiaux et les moyens de subsistance de millions de personnes dépendent de notre volonté commune de restaurer des écosystèmes sains et durables pour le présent et l'avenir», a-t-il insisté.
Définissant la «Décennie des Nations unis pour la restauration des écosystèmes», le rapport a précisé qu'il s'agit d'un appel mondial à l'action qui rassemblera soutien politiques, recherche scientifique et pouvoir financier afin d'intensifier de manière décisive la restauration en partant d'initiatives pilote réussies pour englober des superficies de plusieurs millions d'hectares.
Selon les spécialistes, le monde compte actuellement plus de deux milliards d’hectares de paysages déboisés et dégradés offrent un potentiel de restauration.
«La Décennie accélérera les objectifs de restauration mondiaux existants, ont-ils assuré en citant à titre d'exemple, le Défi de Bonn qui vise à restaurer 350 millions d'hectares d'écosystèmes dégradés d'ici à 2030».
Le même rapport, a affirmé qu'il y a une mobilisation contre la dégradation des écosystèmes en déclarant qu'il y a actuellement, 57 pays, gouvernements infranationaux et organisations privées qui se sont engagés à restaurer plus de 170 millions d'hectares.
Cette action, selon la même source, «s'appuie sur des efforts régionaux tels que l'Initiative 20x20 en Amérique latine, qui vise à restaurer 20 millions d'hectares de terres dégradées d'ici à 2020, et l'Initiative AFR100 pour la restauration des paysages forestiers en Afrique, qui vise à restaurer 100 millions d'hectares de terres dégradées à l’horizon 2030».
Selon la définition de la FAO, la restauration des écosystèmes est un processus visant à inverser leur dégradation.
Ces écosystèmes peuvent être des paysages, des lacs et des océans qui retrouvent, grâce à la restauration, leur fonctionnalité écologique.
En somme, «il s’agit d’améliorer la productivité et la capacité des écosystèmes à répondre aux besoins de la société» en permettant la régénération naturelle d’écosystèmes surexploités ou en plantant des arbres et autres plantes.
La FAO estime qu'à l’heure actuelle, environ 20% des surfaces végétalisées de la planète affichent des tendances à la baisse en termes de productivité, avec des pertes de fertilité liées à l’érosion, à l’épuisement et à la pollution dans toutes les parties du monde.
D'ici à 2050, la dégradation et le changement climatique pourraient réduire les rendements de 10% dans le monde et de 50% dans certaines régions, selon l'institution onusienne.