Soucieux d’avoir un beau look le jour de l’aïd, les citoyens prennent d’assaut les salons de coiffure durant la dernière semaine du ramadhan à Aïn Defla, contraignant de la sorte les professionnels du métier à travailler sans discontinuer en raison de la grande affluence à laquelle ces derniers font face.
Littéralement "assiégés" notamment la veille de l’Aïd, ces salons constituent le point de mire d’enfants et d’adolescents mais également d’hommes et de femmes de tout âge dont le dénominateur commun consiste à avoir le meilleur look possible le jour de l’aïd.
En plus du fait qu’il rime avec la joie, les nouveaux habits et l’argent de poche pour les enfants, l’aïd renvoie aussi à la beauté et à tout ce qui s’y rattache, incitant les gens à faire un tour chez le coiffeur avant l’aïd pour se couper les cheveux et avoir la meilleure des postures. Dans ces conditions, trouver une place sur le fauteuil d’un coiffeur dans le but de se faire couper les cheveux notamment la veille de l’aïd est loin de constituer une sinécure. Emoussés par la fatigue et les aléas du jeûne le jour, occupés par mille et une affaires, les citoyens, dans leur écrasante majorité, préfèrent se rendre aux salons de coiffure après la rupture du jeûne.
A peine eut-il avalé quelques cuillérées de chorba qu’Ahmed, un quadragénaire père de trois enfants, se hâte à prendre la direction du coiffeur du quartier pour, dit-il, "ne pas être pris au dépourvu". "Je n’oublierai jamais l’aïd d’il y a deux ans lorsque je suis rentré chez mois vers deux heures et demi du matin, exténuée par la longue attente (3 heures et demie) en compagnie de mes enfants chez le coiffeur en vue de nous faire couper les cheveux", s’est-il remémoré.
Le lendemain, exténué, Ahmed n’a pu s’acquitter de la mission consistant en la présentation des traditionnels v£ux de l’aïd à ses proches et amis qu’au prix, a-t-il assuré, d’"une grande dose de courage", avouant être "tomber dans les bras de Morphée" vers 13 heures sans déjeuner.
Observant que nombre de citoyens ont souvent tendance à attendre la dernière minute pour aller chez le coiffeur ou s’approvisionner en fruits et légumes lors des fêtes religieuses, aâmi Maâmar, un septuagénaire rencontré aux abords de l’un des salons de coiffure, a attribué cet état de fait au penchant vers tout ce qui se rattache à la foule.
Peux prolixes lorsqu’il s’agit d’évoquer leur chiffre d’affaires durant les fêtes religieuses (d’aucuns parlent de quelque 35 % du chiffre d’affaires réalisé durant cette période), les professionnels du métier préfèrent, quant à eux, focaliser sur les dures conditions de travail auxquelles ils font face trois ou quatre jours avant la fête de l’aïd.
"Nous ne pouvons que nous adapter aux spécificités liées aux derniers jours du mois de jeûne pour pouvoir satisfaire notre clientèle", signale Farouk, un jeune coiffeur de 27 ans, qui assure travailler pratiquement jusqu’à la tombée de la nuit, prenant juste le temps de rompre le jeûne avant de reprendre jusqu’à une heure tardive de la nuit.
Salons de coiffure pour femmes, faible engouement par rapport aux années passées
Chez les femmes, et en dépit du fait que le désir de paraître belle le jour de l’aïd soit resté intact, il n’en reste pas moins que l’engouement vers les salons de coiffure a quelque peu baissé par rapport aux années passées, selon des professionnelles.
"L’accroissement de l’activité est perceptible les trois derniers jours du ramadhan, particulièrement la veille de l’aïd", observe Rabéa, la gérante d’un salon de coiffure situé non loin de la cité des frères Menad de Aïn
Defla, faisant toutefois état d’un net recul de l’engouement pour les salons de coiffures de la part des femmes. Pour cette femme ayant embrassé le métier de coiffeuse en 1997, la morosité en ces temps est due à la crise économique, laquelle ne permet pas aux gens de dépenser comme ils le souhaitent. "Les femmes viennent mais ne se permettent plus les +folies + (en matière de dépenses) des années passées", soutient-elle.
Selon elle, les femmes qui recourent à la kératine, "ce produit + magique+ tant convoité pour se faire belle", se comptent sur les doigts d’une seule main en raison de son coût excessivement élevé. "Il est clair que si la belle famille de la future mariée lui rend visite le jour de l’aïd, celle-ci ne pourra que mettre la main à la poche pour paraître dans les meilleures conditions mais ce sont là des situations exceptionnelles", analyse-t-elle.