Le Parlement européen doit voter mercredi en début de soirée pour ratifier l'accord de retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne (UE), dernière étape majeure pour parachever le Brexit prévu le 31 janvier, ouvrant ainsi une nouvelle période de négociations entre les deux parties.
Après la signature de l'accord de Brexit vendredi dernier par la Commission européenne et le Conseil européen, le texte a été soumis au Parlement européen pour être ratifié le 29 janvier, avait expliqué Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. "C'est une semaine historique pour le Royaume-Uni et l'UE", a commenté le représentant britannique au Parlement, ministre pour l'Europe et les Amériques.
Le vote est prévu vers 18h après un débat de deux heures où chacun pourra prendre la parole. Le scrutin ne durera que quelques minutes et devrait se conclure sans surprise par le feu vert du Parlement. "C'est une blessure pour nous, mais nous devons respecter la volonté des citoyens britanniques", a commenté le président du Parlement européen David Sassoli à la veille de ce vote. Le représentant du Royaume-Uni auprès de l'UE, Tim Barrow, a de son côté déposé mercredi matin au Conseil européen le document officiel montrant que Londres a rempli toutes ses obligations légales pour sortir de l'UE. Le Parlement britannique avait définitivement validé l'accord de Brexit, le 22 janvier dernier dégageant la voie à la sortie historique du Royaume-Uni de l'Union européenne dans neuf jours. Le projet de loi, qui règle les modalités du divorce, négocié par le Premier ministre britannique Boris Johnson avec Bruxelles, a été promulgué le lendemain par la reine Elizabeth II, "permettant ainsi au Royaume-Uni de quitter l'UE le 31 janvier", avait annoncé le ministre chargé du Brexit, Steve Barclay.
La Chambre des communes, où le dirigeant dispose d'une majorité écrasante depuis les législatives de décembre, avait déjà donné son feu vert début janvier au projet de loi sur le retrait du Royaume-Uni de l'UE. Le texte avait ensuite été transmis à la Chambre des Lords, non élue, qui a adopté cinq amendements, concernant notamment les droits des citoyens européens résidant au Royaume-Uni ou les enfants réfugiés non accompagnés.
Un chapitre se ferme, redéfinir le cadre des relations
Plus de trois ans et demi après le référendum sur le Brexit, le Royaume-Uni sortira officiellement de l'UE vendredi 31 janvier, un moment historique qui ouvrira une période de transition, une disposition prévue dans l'accord de divorce, durant laquelle les relations entre Londres et l'UE resteront inchangées, le Royaume-Uni restera membre de l'Union douanière et du marché unique européens et continuera à respecter les règles de l'UE. Cette phase transitoire qui va durer jusqu'au 31 décembre 2020, doit permettre aux deux parties de négocier le cadre de leur relation future, sur le plan sécuritaire mais surtout commercial, avec possibilité qu'elle soit prolongée jusqu'à deux ans supplémentaires. Compte tenu du temps nécessaire à la ratification d'un accord, Londres et Bruxelles ne devraient en effet disposer, au mieux que de huit mois, de mars à octobre, pour parvenir à s'entendre sur leur relation future. Le 1er février, une fois le Brexit mis en oeuvre, les Britanniques vont devoir quitter toutes les institutions européennes notamment le Parlement européen où siègent 73 eurodéputés britanniques. L'UE va donc, pour la première fois perdre un Etat membre, qui plus est l'un des plus grands et des plus riches pays du bloc. Avec le départ de 66 millions d'habitants, l'UE verra sa population passer à quelque 446 millions. Son territoire diminuera de 5,5%. En vertu de l'accord de retrait, les expatriés installés de part et d'autre de la Manche avant la fin de la période de transition conserveront leurs droits de résider et de travailler dans leur pays d'accueil. Le Royaume-Uni restera toutefois soumis au droit de l'UE et à la Cour de justice de l'UE jusqu'à la fin de la transition. Le négociateur en chef de l'UE Michel Barnier est en discussions avec les Etats membres pour définir un mandat de négociation pour la relation future, en particulier au niveau commercial, estimant que le divorce aurait des "conséquences négatives" et que les négociations ne serviraient qu'à "limiter les dégâts". M. Johnson "a clairement indiqué qu'il veut un accord de libre-échange de type canadien sans alignement". Les pays de l'est de l'Europe attachent ainsi une grande importance aux biens industriels. D'autres, comme le Luxembourg, aux services financiers. La France, le Danemark, l'Irlande, la Belgique et les Pays-Bas tiennent, eux, à garder leur accès aux eaux britanniques pour la pêche. La pêche devrait d'autant plus animer les discussions que Bruxelles semble conditionner l'ouverture des négociations purement commerciales à un accord dans ce domaine. Pas de cérémonie protocolaire pour le retrait des drapeaux britanniques, mais un exemplaire du traité serait conservé au Musée de l'Histoire européenne à Bruxelles, a promis une porte-parole du Parlement.