Histoire

Un criminel nommé Achiary

Publié par Par Amar Belkhodja (*) le 14-06-2014, 15h38 | 120
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«Dans l’enfer de Guelma, l’épouvante amplifie. Au nom de la République, à l’ombre de la bannière tricolore, la terreur s’instaura. Les exécutions collectives commencèrent au rythme rapide des mitrailleuses en action.

Le sang musulman, un sang généreux, versé à flots pour l’honneur de la France et l’affranchissement de l’humanité, continua à couler pour le plus grand profit du plus grand reich colonialiste.» (Abdelkader Safir - Egalité du 29 septembre 1947).

Ceci dit pour Sétif. D’observations analogues s’appliquent pour Guelma : « Si à la place d’Achiary se fut trouvé un autre sous-préfet, jamais la ville de Guelma n’aurait connu une aussi terrible tragédie. Lui seul a déclenché, puis entretenu par ses exigences la plus impitoyable répression que l’Algérie ait connue ». (M.Reggui - p.126). Conclusion soutenue par un autre auteur qui écrit : « André Achiary fut en effet la substance qui déclencha la réaction des Européens. En somme, un homme se trouva au mauvais endroit au mauvais moment. La présence d’un fonctionnaire d’autorité plus pondéré aurait certainement épargné à la région ces trsites événements ». (Jean-Pierre Peyroulou - p.232).

Les enseignements de la tragédie du 8 mai 1945 sont de différents aspects. Nous en retenons deux essentiellement. Premièrement, avec ou sans provocation des éléments du mouvement nationaliste, le colonialisme a toujours recouru à la violence. Pendant et au lendemain des événements on s’est trop empressé d’imputer au PPA les « erreurs » et les « maladresses » qui ot conduit les autorités françaises à réagir avec une violence inouïe. Les attaques contre le courant natiojnaliste de Messali Hadj ont carrément voilé la nature du colonialisme. Ce dernier, porté sur les massacres, reste par voie de conséquence le seul et unique coupable.

Deuxièmement, les émeutes de mai 1945 ont, pour leur part, amplement démontré qu’il s’agit d’une part d’une réaction d’auto-défense et d’un ras-le-bol des humiliations endurées.C’est également la manifestation d’un sentiment de signité et de révolte, l’expression d’un peuple qui était en droit de réagir pour prouver qu’il était capable de se défendre et de se rébeller même s’il n’a entre les mains que des moyens dérisoires. La fougue, l’enthousiasme  et sa mobilisation instantanée ont systématique dépassé l’encadrement qui ne savait plus ce qu’il fallait faire.

Une réaction d’une telle ampleur n’était pas prévisible. La surprise a frappé tous les esprits. Le peuple algérien, rompu à tous les sacrifices, savait se battre. Il lui manquait les armes. La leçon fut vite retenue. Deux années après le PPA-MTLD met en place une nouvelle structure chargée de préparer la lutte armée : l’Organisation spéciale (OS) est née en 1947.
Ce peuple qu’on a souvent méprisé et insulté n’avait pas besoin de pain.Il réclamait des armes.Dans certains écrits on qualifia les trouvbles de mai 1945 « d’émeutes de la faim ». Si les miliciens Européens ont pillé leurs victimes, les insurgés algériens n’ont commis aucun acte de pillage. Dans l’un de mes ouvrages, je n’ai pas manqué de démentir Bruno Etienne qui comptait parmi ceux qui mettaient le soulèvement sur le compte de la famine. (Voir A.Beelkhodja - L’Emir Abdelkader, ni sultant ni imam - Alpha - 2007).

Dans sn compte rendu qur les événements survenus à Sétif, la commision, Tubert indique qu’il ne faut pas non plus cacher que si le manque de ravitaillement n’a pas été la cause directe de l’émeute à Sétif, la rareté des denrées et des vêtements a augmenté le mécontentement dans de nombreuses régions d’Algérie ». (M.Reggui - annexe - p.160).

L’historienne de renom, Annie Rey-Goldzeiguer, revien elle aussi sur la question en étayant ses affirmations de données qu’il serait pénible et impossible de refuter. L’auteure du Royaume Arabe soligne enfeet que « Les causes immédiates de l’embrasement ont peu à voir avec la misère et la famine, comme cela a parfois été avancé (…) La famine n’a jamais été un élément déterminant pour une révolte en Algérie, bien au contraire (…) Les tribus ont peu pillé les produits alimentaires et ont conservé des stocks important de vivres ». (Aux origines de la guerre d’Algérie).

Les Algériens, en dépit des restrictions de produits alimentaires, provoquées par le conflit Euro-eupéen (Seconde Guerre mondiale) ont toujours agi pour la préservation de leur dignité au dessus des nécessités du vendre, une amère réalité vécue dans les villes avec acuité (bons de ravitaillement, épidémies). C’est égelement Roger Vétillard qui, citant l’exemple du Fedj M’zala (région de Sétif) signale qu’ici la disette et la faim n’ont pas été le moteur de la révolte (…) Des bâtiments abritant des réserves de nourriture et de céréales occupés par les révoltés, ont été respectés. Les maisons particulières deFfrançais abandonnés par leurs occupants sont retrouvés intactes ». (R.Vétillard - p.95).

Un fait saillant qui plaide pur les isurgés, à savoir qqu’ils n’ont jamais investi l’espace parce qu’iil avaient faim, c’est que pluseirus de leurs habitations « ont été retrouvées abondamment pourvues en vivres de toutes sortes : blé, farine, couscous etc ». (R.Vétillard - p.95).Le même auteur rappelle à nouveau que « Tous les rapports administratifs ou militaires souligent que les insurgés n’attaquèrnet ni les silos, ni les réserves des colons ». (R.Vétillard - p.395).

Annie Rey-Goldzeiguer qui connait mieux que quiconque l’aspect préventif qui prévaut chez les algériens, pour l’avoir traité dans Le Royaume arabe, rapporte pour sa part que pendant les perquisitions des fermes algériennes qui avaient accompagné la répression, on dut relever que « les mtamir ou silos enterrés sont remplis de blé. Il n’est pas humble mechta qui n’ait pas moins de six mois de vivres en stock dans les silos ». (Commandant Gobillot - cité par A. Rey-Goldzeiguer - p. 293).

André Achiary : dans la tradition du crime et de la subversion

Quel sera l’itinéraire du sous-préfet de Guelma. Partisan de l’intrigue, il sera fidèle à lui-même, toujours à l’affût d’un acte maléfique, toujours en sa « qualité » d’un personnage qui n’aime pas trop les arabes.
Il sévira d’abord dans les rangs d’une organisation criminelle : la Main rouge qui se « spécialise » à frapper lmes »têtes » et les intellectuels du mouvement politique et culturel algérien. Il fomentera et organisera l’attentat à la bombe en 1956 à la rue de Thèbes dans la Casbah d’Alger pour terminer ensuite dans une autre organisation criminelle : l’OAS.

Mais avant cela, il n’aura jamais été capable de gravir les échelons de la hiérarchie administrative et s’enorgueillir d’occuper le piédestal d’un grand commis de l’Etat français. Tantôt il occupe des postes administratifs subalternes, tantôt, au grè des humeurs, il se convertit dans l’entreprise et les affaires, avant de renouer avec les instincts primitifs.

Il ne sera en réalité qu’un agent des besognes cabalistiques et secrètes. Il est dans sa nature de conspirer et d’agir pour neutraliser les ennemis de la France coloniale et de l’Algérie française. Après une brève mise en « congé spécial », Achiary quitte définitivement Guelma le 23 mars 1946. 
Non seulement qu’il neser jamais poursuivi ni puni pour les crimes endossés, André Achiary, au contraire, est récompensé de la Légion d’honneur  en janvier 1946. « L’Etat, en remettant la Légion d’honneur au héros de Guelma, ne faisait pas seulement l’éloge du résistant : il légitimait la trahison et le mensonge d’un fonctionnaire d’autorité ». (Jeaan - Pierre Peyroulou - pp.308, 309).

Après avoir accompli la plus féconde étape de son existence - mai-juin 1945 - dans l’organisation du crime et des assassinats collectifs d’Algériens, il est nommé en 1946 secrétaire général au Gouvernement général (Alger chargé des affaires économliques sous l’autorité d’Yves Chataigneau. En août 1947, il devient secrétaire général du préfet de la Manche.

Poste qu’il désertera deux mois après. Il rejoint Alger et se convertit dans les affaires.. Il prend la tête d’une entreprise de boulonneries à Alger avant de se lancer dans l’immobilier. Il construit le sièige de la sécurité sociale situé actuellement au bolevard du 1er novembre à Alger pour échouer momentanément dans un organisme bancaire.

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