Outre la problématique de l’antibiothérapie, d’autres questions d'actualité se posent avec acuité telles que la mortalité infanto-juvénile et les maladies rares. A cette occasion, les pédiatres ont passé en revue les résultats d’une étude multicentrique sur la mortalité hospitalière en période néonatale et chez les enfants de moins de cinq ans. L’enquête réalisée dans 13 structures hospitalières de toutes les régions du pays portant sur la mortalité néonatale en 2012, a dévoilé que « la mortalité néonatale hospitalière globale, pour ces structures, était de 10% », indiquant que « 2/3 de ces décès sont des prématurés et que « 80% des décès surviennent durant la première semaine de vie ».
« Les principales causes de décès sont la prématurité, la détresse respiratoire en particulier la maladie des membranes hyalines (MMH), suivie de l’asphyxie néonatale, des infections graves et des malformations congénitales », relève l’enquête. Il est bon de noter qu’ en 1990, le taux de mortalité infanto-juvénile en Algérie était de 55,7 pour mille.
Selon l'Office national des statistiques ( ONS), les différents programmes de santé appliqués jusque là en Algérie (programme élargi de vaccination, lutte contre les maladies diarrhéiques, lutte contre les infections respiratoires aigues, lutte contre la malnutrition….) ont réduit cette mortalité infanto-juvénile de plus de 50% pour atteindre en 2012 un taux de 26,1 pour 1000 .
La mortalité néonatale représente 70% de la mortalité infanto-juvénile, elle concerne l’ensemble des enfants nés vivants et décédés entre la naissance et 28 jours de vie. Cette mortalité néonatale reste particulièrement importante dans notre pays (16,5 pour 1000 en 2009), elle concerne dans près de 80% des cas la mortalité néonatale précoce, c'est-à-dire les nouveau-nés décédés durant la première semaine de vie.
Les résultats de cette étude ont également montré que les infections respiratoires basses ou pneumonies et les malformations sont une cause importante de décès chez les enfants de moins de 5 ans.
L’organisation mondiale de la santé (OMS) s’est fixé comme objectif de réduire au niveau mondial le taux de mortalité infanto-juvénile (décès entre 0 et 5 ans) des 2/3 à partir des taux de 1990 pour atteindre un taux d’au moins 20,12 pour mille en 2015. Pour diminuer les causes de décès les plus fréquentes et atteindre les objectifs de l’OMS en 2015, les intervenants ont appelé à la nécessité d’introduire de nouveaux vaccins pour prévenir la mortalité infanto-juvénile.
D’après le professeur Grangaud, les actions prioritaires à mener porte sur le renforcement du programme de périnatalogie (la mortalité néonatale représente 70% des causes de décès) et l’élargissement du programme de vaccination (avec l’introduction de nouveaux vaccins dont le vaccin anti pneumococcique). Il faut dire que la Pneumonie reste la principale cause de décès des enfants de moins de 5 ans dans le monde.
On estime qu’elle tue chaque année 1,2 million d’enfants de moins de 5 ans, soit 18% des décès dans ce groupe d’âge, à l’échelle mondiale. L’Algérie n’est pas épargnée par ce fléau. En 2010, plus de 3100 enfants de moins de 5 ans sont décédés à la suite d’une pneumonie. Le Pneumocoque est l’agent microbien principal de la Méningite Bactérienne et de la Pneumonie.
Des infections évitables par la vaccination. Dans ces sens, l’OMS a engagé un programme mondial de lutte contre les infections à Pneumocoque, en misant notamment sur l'introduction de la vaccinationun. Plusieurs pays dans le Monde ont intégré le vaccin anti pneumococcique dans leur programme élargi de vaccination.
Les intervenants se sont par ailleurs penchés sur les maladies rares dans notre pays et des problèmes particuliers liés à ces pathologies. Les maladies rares touchent moins d’une personne sur 2000. Près de 6000 pathologies différentes sont répertoriées (déficits immunitaires primitifs, hémophilie, maladies rénales, mucoviscidose et maladies métaboliques). Ces maladies peuvent menacer directement le pronostic vital ou être pourvoyeuses de handicap et d’invalidité. Elles sont le plus souvent génétiques et leur fréquence est amplifiée par la consanguinité qui reste élevée (25 %) dans notre pays.
Les participants ont déploré les multiples obstacles qui rendent encore trop difficile l’accès au diagnostic et au traitement particulièrement onéreux. D’où l’urgence de mettre en place une stratégie nationale et d’adopter un plan national maladies rares afin d’assurer au malade une prise en charge globale et cohérente. D’autre part, « le recensement des patients à travers un registre national par pathologie permettra de mieux connaitre l’épidémiologie et de mieux définir les besoins ».