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Liban Démission du chef de la diplomatie Nassif Hitti sur fond de crise politique

Publié par DK NEWS le 03-08-2020, 16h47 | 4
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Le ministre libanais des Affaires étrangères, Nassif Hitti, a expliqué lundi sa démission du gouvernement par la lenteur dans la concrétisation des réformes politiques au moment où son pays traverse sa pire crise économique depuis la guerre civile des années 1975-1990. 
"Compte tenu de l'absence de volonté effective de réaliser une réforme structurelle et globale appelée de ses voeux par notre pays et la communauté internationale, j'ai décidé de démissionner", écrit le chef de la diplomatie libanaise dans un communiqué relayé par les médias. 
"J'ai participé à ce gouvernement pour travailler pour un patron appelé le Liban, puis j'ai trouvé dans mon pays plusieurs patrons et des intérêts contradictoires", déplore-t-il. 
"S'ils ne s'entendent pas pour sauver le peuple libanais, Dieu nous en préserve, le navire coulera avec tout le monde dessus", poursuit-il. 
Nassif Hitti, ancien ambassadeur du Liban auprès de la Ligue arabe, a été nommé ministre des Affaires étrangères en janvier lors de la formation du gouvernement du Premier ministre Hassan Diab. 
Sa démission est également liée , selon des médias libanais, à des divergences avec Diab, en particulier à la suite d'une visite à Beyrouth du ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian, ont déclaré des sources proches du ministère. 
Le 23 juillet dernier, Le Drian avait exhorté les dirigeants libanais à "mettre en oeuvre d'urgence des réformes attendues depuis trop longtemps afin de bénéficier d'une aide du Fonds monétaire international (FMI)", des propos qui avaient été très mal accueillis par Hassan Diab. 
Ce dernier a en effet accusé, le 28 juillet, la France et la communauté internationale dans son ensemble de ne pas vouloir aider les Liban. 
"Le fait qu’il [Jean-Yves Le Drian, ndlr] ait lié toute aide au Liban à la concrétisation de réformes et à la nécessité de passer par le Fonds monétaire international montre que la position internationale pour l’heure est de ne pas aider le Liban", a dit le Premier ministre libanais. 
Moins d’une semaine après la visite du chef de la diplomatie française, en tant que représentant d’un pays partenaire et plus globalement de la communauté internationale, Hassan Diab a tiré à boulets rouges sur son allié, réfutant le discours de la France, après que Le Drian a rappelé une nouvelle fois les "exigences" de Paris lors de sa visite au Liban, les 23 et 24 juillet, à savoir q u’il conditionnait toute aide financière à des "réformes rapides du système libanais". 
"On comprend que le gouvernement puisse penser que la communauté internationale ne veut pas l’aider, donc il essaye de resserrer les rangs de la classe politique. 
Sauf qu’en face, lorsqu’on regarde le train des réformes, lorsqu’on regarde la véritable volonté des acteurs politiques, économiques et financiers, il y a un déficit d’information, il y a un problème quant à la répartition des pertes. 
Et tant que ce travail n’est pas fait, même la porte du FMI restera fermée", a estimé Karim el-Mufti, professeur de science politique à l’université La Sagesse à Beyrouth, dans une récente déclaration à l'agence russe Sputnik. 
Cet expert tente ainsi d’expliquer les "réactions de chacune des parties", estimant que le "gouvernement d’Hassan Diab tente de réformer les institutions en crise financière. 
Mais comme l’a illustrée la démission du directeur général du ministère des Finances, Alain Bifani, le 29 juin dernier, Beyrouth rencontre des obstacles face au "lobbying des banques" et notamment de la Banque centrale, dirigée par Saad Salamé". 
L'effondrement depuis octobre dernier de la monnaie libanaise a provoqué une crise économique sans précédent qui a alimenté un mouvement de contestation au Liban et de remise en cause des élites, accusées de corruption. 
Le Liban sollicite depuis le mois de mai une aide du FMI sur la base d'un plan de sauvetage mis au point par le gouvernement, mais des "dissensions internes" persistent, notamment en ce qui concerne les "pertes à faire assumer au secteur financier et les moyens de les couvrir". 
 

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