Société

Tindouf : La confection de la Kheïma, un métier jalousement préservé

Publié par DK NEWS le 27-04-2021, 16h02 | 37
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 L’intérêt pour cette activité séculaire est entretenu par la gent féminine, tendant, tant bien que mal, à travers les siècles, à pérenniser le métier de tissage de la tente et à contribuer ainsi à préserver et valoriser la Kheïma, en tant qu’élément du patrimoine de cette région à vocation pastorale.
 Cet habitat léger, démontable et portable, est un bien précieux pour la vie nomade des populations mais aussi face aux conditions naturelles de la région, en plus de sa symbolique dans les liens sociaux entre tribus et populations du Sahara en général. Des associations s’intéressant au patrimoine s’emploient à apporter leur contribution à la préservation de ce métier de tissage et de confection de la tente traditionnelle, par souci de sauvegarder ce legs ancestral et de ressusciter les métiers traditionnels chez les jeunes générations.
  Le président de l’association de protection du patrimoine, Abdelaziz Tahar, a indiqué que de nombreuses femmes Tindoufies se sont dites disposées à œuvrer à la perpétuation de cet art de confectionner des tentes, pour peu que soient réunies les conditions de son développement.
  "La fabrication des tentes, une activité purement féminine, requiert de longs jours d’efforts et représente un art et une œuvre communautaire, léguée de génération à génération", s’est enorgueilli Tahar. Pour sa part, Mme. Sakina, membre de l’association, a confié "avoir hérité cet art des aïeux, comme un objet rarissime à bien soigner et à transmettre aux futures générations".
Ayant pris au fil du temps différentes figures géométriques, pratiquement triangulaire, pour se dresser contre toute menace d’aléas naturels et climatiques, froid, tempêtes de sable et précipitations, la Kheïma, dont la forme n’est pas conçue fortuitement, est facile à dresser et à déplier en cas de changement de site, a expliqué Mme. Sakina. Hocine Ammari, président de l’association culturelle "Malek Bennabi", a loué, de son côté, les vertus de la tente traditionnelle, lui attribuant, avec ses quatre ouvertures, le reflet de la générosité et de l’hospitalité des habitants du Sahara, ajoutant, à ce titre, que de nombreuses citations et textes poétiques chantent et louent les vertus de l’homme d u Sahara, à l’exemple de l’appellation dialectale "Ibn El-Kheima El-Kebira" pour renvoyer à l’image d’un homme généreux, hospitalier et aux gouts raffinés.
Bien que secouées par la modernité et la sédentarisation des populations, des familles tindoufies s’efforcent de garder cet objet de valeur qu’est la Kheïma, en signe d’attachement à leurs traditions ancestrales, a soutenu M. Ammari.

La Kheïma traditionnelle, d’une simple tonte à une tente
Pour Mme. Khadidja, une tisseuse de tente traditionnelle à Tindouf, "la confection de la Kheïma à partir de la laine et poils de chameaux et de chèvres, est généralement l’art commun des populations du Sahara, leur permettant de tenir dans cet espace aux conditions naturelles hostiles".  "Cet art est adopté aujourd’hui beaucoup plus pour le pérenniser, même si la fabrication actuellement de la Kheïma se fait à partir de tissus et d’étoffes assemblées et brodées", a-t-elle ajouté. Expliquant le processus de fabrication, Mme. Khadidja explique que les femmes se préparent depuis le début de la tonte, au printemps, à rallier les zones pastorales où se trouvent les cheptels, pour la collecte des toisons de laine et de poils, avant de les laver, selon un procédé dit "Gharchella" (battre avec des bâtons) pour séparer le poil noire du rouge.
"Les femmes sont invitées à s’impliquer dans les actions de solidarité (Touiza) pour tisser, armées de leurs quenouilles, les premiers fils de laine et de poils dits "Nezz", avant de confectionner ce qui est appelé localement "Flidj", partie constituant la base de la Kheïma.
 Ornée d’autres produits de literie, de décoration à base de laine teintées de produits naturels, dont le henné, les pelures de citron et d'oignon, le curcuma, de grenades et de carotte, la Kheima est fixée de piquets appelés "Khoualef" tendus de cordes de soutènement pour protéger la structure, a-t-elle ajouté.
Nombreuses sont les artisanes locales qui appellent justement à la prise en charge de cet art séculaire, pan culturel identitaire de la population locale au riche patrimoine.

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