
La Cour constitutionnelle malienne a déclaré vendredi le colonel Assimi Goïta chef de l'Etat et président de la transition censée ramener les civils au pouvoir, indique un arrêt de la cour, parachevant le deuxième coup de force conduit par l'officier et les militaires en neuf mois.
L'arrêt stipule que le vice-président de la transition, le colonel Goïta, "exerce les fonctions, attributs et prérogatives de président de la transition pour conduire le processus de transition à son terme", et qu'il portera "le titre de président de la transition, chef de l'Etat".
La Cour constitutionnelle en arrive là après avoir constaté la "vacance de la présidence" consécutive à la démission de celui qui était jusqu'alors le président de la transition, Bah Ndaw."En raison de la vacance de la présidence de la transition, il y a lieu de dire que le vice-président de la transition assume les prérogatives, attributs et fonctions de président de la transition, chef de l'Etat", écrit-elle.
Le colonel Goïta, homme fort du Mali depuis le coup d'Etat qu'il a mené le 18 août 2020 avec un groupe d'officie rs, avait fait arrêter lundi le président Bah Ndaw et le Premier ministre Moctar Ouane, cautions civiles de la transition ouverte après "le coup de force".Assimi Goïta avait annoncé mardi les avoir démis de leurs charges.
Libération des dirigeants civils : Moscou salue un "pas dans la bonne direction"
La Russie a salué vendredi la libération des dirigeants civils de la transition au Mali, la qualifiant de "pas dans la bonne direction" dans ce pays théâtre d'un deuxième coup de force en neuf mois.
"Le 27 mai, les dirigeants civils au Mali, illégalement détenus, ont été libérés.
Nous considérons cela comme un pas dans la bonne direction qui fait baisser d'une certaine manière les tensions dans le pays", a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
Arrêtés lundi par les militaires, le président et le Premier ministre de transition, Bah Ndaw et Moctar Ouane, ont été libérés après avoir été destitués.
Les deux hommes étaient les cautions civiles de la transition ouverte après le putsch fait en août 2020 par les mêmes militaires.
La Russie appelle à la "mise en place d'un dialogue constructif entre toutes les forces politiques du Mali au nom de l'unité et de la stabilité dans le pays", a souligné le ministère russe des Affaires étrangères.
"Nous appelons toutes les parties à la retenue et à un règlement pacifique des désaccords", a-t-il ajouté.
Des ce ntaines de Maliens ont manifesté vendredi à Bamako leur soutien aux colonels auteurs du nouveau coup de force et réclamé l'engagement de la Russie.
Les SG des ministères "reçoivent des orientations" pour assurer la continuité de l'Etat
Les secrétaires généraux des départements ministériels au Mali ont "reçu des orientations" pour assurer la continuité de l’Etat et la gestion des affaires courantes après le "coup de force" perpétré par les militaires contre les dirigeants de la transition.
Le vice-président de la transition au Mali, le colonel Assimi Goïta, a chargé jeudi les secrétaires généraux des départements ministériels d'assurer la continuité des services publics, a indiqué Yaya Gologo, SG du ministère du Travail et de la Fonction publique, cité par les médias.
"Cela veut dire que dans les départements ministériels, les attributions soient exercées avant la mise en place du prochain gouvernement", a ajouté le même responsable.
Mercredi, le président de la Transition , Bah Ndaw, et son Premier ministre Moctar Ouane, ont démissionné après leur arrestation lundi par des militaires.
Dans une déclaration lue à la télévision publique, le colonel Goïta a reproché à Bah Ndaw et à Moctar Ouane d'avoir formé un nouveau gouvernement sans se concerter au préalable avec lui, bien qu'il soit en charge de la défense et de la sécurité.Assimi Goïta a également indiqué que "le processus de transition suivra son cours normal et que les élections prévues se tiendront courant 2022". Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné mercredi, dans une déclaration adoptée à l'unanimité, l'éviction par les militaires des autorités de transition au Mali, sans toutefois parler de coup de force ou de coup d'Etat, ni prévoir la possibilité de mesures coercitives. "Imposer un changement de direction de la transition par la force, y compris par des démissions forcées, (est) inacceptable", a précisé le texte.