Actualité

L’Algérie a hérité d’un lourd legs colonial au lendemain du 5 juillet 1962 (historien)

Publié par Dknews le 04-07-2021, 18h20 | 53
|

L’Algérie a hérité d’un lourd legs colonial après le recouvrement de son indépendance et de sa souveraineté nationale, fruits d’un long combat contre 132 années de présence coloniale française sur son sol, a affirmé Mohamed Belhadj, enseignant d’histoire à l’Université Oran 1 Ahmed Benbella.

Au lendemain du 5 juillet 1962, "la situation générale du pays était catastrophique sur les plans économique, social et sanitaire", a rappelé l’historien à la veille de la célébration du 59ème anniversaire de l’indépendance nationale, ajoutant, dans un entretien accordé à l'APS, que "les forces coloniales s’étaient attelés, avant leur départ définitif, à réduire à néant les forces algériennes et à spolier toutes leurs richesses pour entraver le processus d’édification national et le développement tant attendu pour effacer les séquelles de l'occupation française".

"Sur le plan politique, la France coloniale avait laissé derrière elle une situation des plus difficile.

Cette conjoncture a été marquée par l’étape de la reconstruction du nouvel Etat algérien en se basant sur les fondements et les principes de la proclamation du 1er novembre 1954", a indiqué l'universitaire, ajoutant que le processus d’édification d’une Algérie nouvelle a été couronné de succès du fait de la stabilité acquise et de l’organisation des affaires publiques.

"Il s’agit d’un véritable défi à relever, celui de la bataille du développement pour effacer toutes les séquelles de vastes pillages menées par du colonialisme visant à détruire tous les fondements et les potentialités algériennes", a-t-il affirmé.

Pour Mohamed Belhadj, "le jeune Etat algérien a dû mettre en place des institutions dirigeantes du pays du fait que celles créées par le pouvoir colonial étaient sous son total contrôle".

Il a rappelé, dans ce contexte, que l’Etat Algérien avait mis en place des délégations provisoires au niveau des communes pour "gérer les affaires locales sous la conduite de personnes nationalistes et intellectuelles.

Seulement, le poids de l’héritage légué par la France coloniale était très lourd à supporter par le pouvoir politique de l’époque, notamment sur les plans économique et social", a précisé cet universitaire.

"Avant de quitter l’Algérie, le pouvoir colonial avait littéralement vidé toutes les caisses de l’Etat et les banques laissant derrière lui un pays +exsangue+ incapable de répondre aux besoins de s a population", a affirmé l'historien Belhadj, rappelant que l’économie de l’époque reposait sur la viticulture, un créneau pour lequel d’immenses surfaces lui étaient consacrées et dont la production était expédiée directement vers la France.

"Cette option agricole s’est faite au détriment de la céréaliculture, très répandue avant la colonisation du pays.

Après 1830, la population algérienne pratiquait une agriculture traditionnelle de subsistance avec des moyens très limités en raison de l’embargo exercé par les colons", a expliqué l’historien, ajoutant que le pays a rudement souffert de "la division internationale dans le travail qui a imposé le principe de + pays industriels+ et de +pays producteurs de matières premières+".

"Du fait de cette division du monde, le colonialisme français avait imposé à l’Algérie le statut de pays producteur de matières premières, comme le charbon, l’acier, l’or, dont les richesses sont exploitées entièrement par la France sur son territoire et au profit de son industrie", a-t-il indiqué, ajoutant que même les lignes ferroviaires, lancées durant cette période, étaient destinées au transport des minerais avant leur exportation vers la France, à l’exemple de la ligne Béchar-Oran, destinée au transport du charbon à partir des mines de Kenadsa ou Ouenza-Annaba pour le transport du fer. "Tout était exporté à l’état brut et rien n’était produit et fabriqué en Algérie", a-t-il relevé.

 

Une situation sociale catastrophique

Evoquant la situation sociale héritée de la période coloniale, l’universitaire a qualifié celle-ci de "catastrophique". "L’analphabétisme touchait 95 % de la population alors qu’elle n’était que de 14 % avant 1830.

Le pouvoir colonial a procédé à la fermeture des écoles, interdit l’enseignement de la langue arabe et le Coran, alors que 3 millions d’Algériens étaient jetés dans les rues après la destruction de quelque 80.000 villages. Ils étaient contraints d’habiter dans des bidonvilles et subir les affres du chômage", a-t-il attesté.

L'universitaire Mohamed Belhadj a également ajouté que "la situation sanitaire n’était guère reluisante en raison de la sous-alimentation et de la faiblesse de la couverture médicale.

Sur les 1.319 médecins en exercice à l’époque, seuls 285 praticiens et 264 pharmaciens étaient Algériens pour une population de 10 millions d'âmes". "Après le recouvrement de l’indépendance, le pays a souffert de l’insuffisance d’établissements sanitaires, alors que ceux existants étaient dépourvus du moindre équipement et de médicaments. ils étaient intentionnellement détruits par les colons avant de quitter l’Al gérie", a rappelé l'historien, signalant également "la grave crise humanitaire, vécue au lendemain de l’indépendance, avec le retour de près de 300.000 personnes expropriées et réfugiées dans les pays voisins fuyant les exactions des forces coloniales".

"Le retour de ces réfugiés a posé de grands problèmes car il s’agissait de leur garantir un toit, un emploi, une couverture sanitaire, un enseignement, alors que les ressources financières étaient très limitées", a expliqué l'enseignant universitaire qui a estimé que "la maîtrise de la situation avait nécessité un courage, un contrôle et des sacrifices infaillibles de la part de la population algérienne dont le combat et la lutte contre colonialisme sont cités avec fierté comme modèle à suivre par les pays du monde".

"Le peuple algérien a su donné le meilleur exemple de lui en sortant victorieux de cette situation et en relevant tous les défis pour assurer son avancée vers le progrès, la prospérité et le développement", a affirmé conclu l’historien Mohamed Belhadj.

|
Haut de la page

CHRONIQUES

  • Walid B

    Grâce à des efforts inlassablement consentis et à une efficacité fièrement retrouvée, la diplomatie algérienne, sous l’impulsion de celui qui fut son artisan principal, en l’occurrence le président de la République Abdelaziz Bouteflika, occupe aujour

  • Boualem Branki

    La loi de finances 2016 n’est pas austère. Contrairement à ce qui a été pronostiqué par ‘’les experts’’, le dernier Conseil des ministres, présidé par le Président Bouteflika, a adopté en réalité une loi de finances qui prend en compte autant le ress

  • Walid B

    C'est dans le contexte d'un large mouvement de réformes sécuritaires et politiques, lancé en 2011, avec la levée de l'état d'urgence et la mise en chantier de plusieurs lois à portée politique, que ce processus sera couronné prochainement par le proj

  • Boualem Branki

    La solidité des institutions algériennes, la valorisation des acquis sociaux et leur développement, tels ont été les grands messages livrés hier lundi à Bechar par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales Nouredine Bédoui.

  • DK NEWS

    Le gouvernement ne semble pas connaître de répit en cette période estivale. Les ministres sont tous sur le terrain pour préparer la rentrée sociale qui interviendra début septembre prochain.

  • Walid B

    Dans un contexte géopolitique régional et international marqué par des bouleversements de toutes sortes et des défis multiples, la consolidation du front interne s'impose comme unique voie pour faire face à toutes les menaces internes..

  • Walid B

    Après le Sud, le premier ministre Abdelmalek Sellal met le cap sur l'Ouest du pays où il est attendu aujourd'hui dans les wilayas d'Oran et de Mascara pour une visite de travail et d'inspection.