Après des défections en cascade, le festival du théâtre international de Bejaia a pu se tirer d’affaire et sauver les meubles grâce à la participation salutaire d’une troupe Sénégalaise, qui a non seulement compenser et occuper les lieux, mais fourni un spectacle de premier ordre, consacré au thème de l’exode et de l’exil clandestin de jeunes africains vers l’Europe.
Alors que plusieurs pays ont annoncé au préalable leur intention de ne pas y prendre part à cette manifestation pour des considérations en rapport avec la pandémie du Covid-19 (Russie, Italie, France, Liban), d’autres ont préféré temporiser, croyant pouvoir surmonter leur contrainte dans des délais rapides.
Ainsi à l’ouverture, il n’y’avait que le Sénégal qui était présent sans pour autant que l’espoir de voir les absents potentiels rejoindre l’évènement ne soit altéré.
L’attente et le suspens a surtout concerné, les troupes du Burkina Faso et de la Tunisie déterminées à faire le voyage, selon le commissariat du festival mais qui ont dû déchanter à la dernière minute.
Si bien que jeudi soir, la programmation a pris un coup, avec l’annonce officiel du retrait du Burkina Faso, qu’il a fallu remplacer au pied levé par le Sénégal, se compliquant davantage avec une nouvelle aussi mauvaise, faisant cas du renoncement de la troupe Tunisienne à rallier l’Algérie, plaçant le festival dans une situation difficile et inédite.
L’’effet de la douche froide était perceptible sur tous les visages, ne sachant quoi en faire, sinon abréger l’état de cette vacance inattendue.
Ainsi, la programmation a été arrêté à demain Samedi, avec une soirée artistique devant consacrer un hommage à l’une des figures de proue du théâtre national, en l’occurrence Dalila Helilou, auteure d’un parcours cinquantenaire au cours duquel, il a sévit avec talent et assiduité autant sur les planches, au petit comme au grande écran.
Le festival retiendra que cette programmation, chamboulée par la crise sanitaire et ses effets extérieurs, aura tout même était tirée d’affaire par la pièce du Sénégal qui deux jours durant a maintenu l’enthousiasme du public, revenu nombreux à chaque fois.
Produite par l’Hadj Malici Niang, l’œuvre traite de l’exil et de l’exode clandestin. Elle déroule, dans une ambiance lourde et pathétique, le vécu de certains candidats à l’aventure et leur parcours déchirants. Car en fin de compte, ce qui s’apparente à une épopée, pou r fuir la mal-vie qui les engonce dans leur pays, parait d’une vanité furieuse.
Car beaucoup retournent au pays ou s’installent à l’étranger, restent humainement défaits, psychologiquement traumatisés et socialement égarés et sans repères. Comme pour ajouter une louche, au tableau déjà, plus que sombre, L’hadj Malici en profite pour convoquer l’histoire et lui faire dire tous les méfaits dont le continent Africain a été victime, au fil des temps.
De l’esclavagisme, aux déportations, aux enrôlements forcés dans les armées d’occupation, etc.dont la conjonction et la répétition, ont laissé place à un continent exsangue . Bien sûr, le phénomène de l’exode clandestin, n’en est qu’une suite logique de cette sordide histoire. Sauf que ses modes d’expressions changements, suggère-t-il. Une pièce bien ficelée, très loquace, qui ne s’embarrasse pas de bons mots pour dire des vérités bien crues, servie il est vrai par des comédiens talentueux et au fait de leur art. Un régal.
