Après des mois de tractations, le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé jeudi être parvenu à un accord de principe avec les autorités libanaises pour un plan d'aide de trois milliards de dollars afin d'extirper le Liban d'une des pires crises économiques de son histoire.
Accordé pour une durée de quatre ans au titre du mécanisme élargi de crédit, ce plan d'aide doit au préalable recevoir l'aval de la direction du FMI et de son conseil d'administration, a précisé le Fonds dans un communiqué.
Jusqu'alors, l'institution de Bretton Woods refusait de prêter main forte à Beyrouth "en l'absence d'un engagement fort du gouvernement à mettre en œuvre des réformes ambitieuses nécessaires pour s'attaquer notamment à la restructuration du secteur financier et à la corruption".
"Les autorités libanaises ont convenu d'entreprendre plusieurs réformes essentielles avant la réunion du conseil d'administration du FMI", a fait savoir le FMI.
Les autorités doivent notamment faire adopter par le Parlement une législation destinée à restructurer le secteur bancaire et à "relancer le processus de rétablissem ent du secteur financier, qui est fondamental pour soutenir la croissance", a détaillé le Fonds. Les responsables libanais avaient évalué en début d'année les pertes du secteur financier à 69 milliards de dollars. C'est ce montant qui avait été retenu comme base de négociation avec le FMI. Avant la réunion du conseil d'administration du FMI, le Parlement libanais doit aussi amender la loi sur le secret bancaire "afin de la mettre en conformité avec les normes internationales de lutte contre la corruption et supprimer les obstacles à une restructuration et une supervision efficaces du secteur bancaire", a poursuivi le Fonds, qui n'a pas donné d'échéance pour la réunion de son conseil. Les réformes exigées vont relancer la coopération avec les donateurs, a réagi le Premier ministre libanais, Najib Mikati. "Les réformes nécessaires sont en réalité un tampon de visa pour que les pays donateurs commencent à coopérer avec le Liban et remettent le Liban sur la carte de la finance mondiale", a déclaré M. Mikati à des journalistes, après l'annonce de l'accord. Dès le printemps 2020, les autorités libanaises s'étaient tournées vers le FMI pour obtenir une aide. Mais les discussions formelles n'avaient démarré que le 24 janvier dernier.
Une délégation du FMI avait entamé le 28 mars une nouvelle mis sion au Liban, la troisième depuis le début des pourparlers. Et les deux parties avaient exprimé dès la semaine dernière l'espoir de parvenir enfin à un accord préliminaire. L'Etat libanais avait fait défaut sur sa dette souveraine en mars 2020 pour la première fois de son histoire. Quelques mois plus tard, en août, l'explosion du port de Beyrouth avait encore aggravé la situation.
