Culture

Annexe II : Lettre ouverte aux travailleurs algériens d’origine européenne

Publié par DK News le 07-01-2014, 15h14 | 83
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Nous nous adressons a vous tous, travailleurs algériens d’origine européenne, en espérant vous aider a comprendre le noble idéal de la liberté pour lequel nous, ouvriers algériens, vos frères, nous luttons avec abnégation depuis le premier novembre 1954.

Nous sommes certains que 1957, l’an III de la révolution algérienne, verra le triomphe de notre peuple colonisé « impatient d’atteindre à l’émancipation politique » et a « l’égalité foncière des races ».
Notre cause est juste.Le colonialisme français est au bord du tombeau. Le peuple algérien uni donnera des coups plus durs, dans cette derniére phase du combat qui sera plus apre, plus cruels, plus décisifs.

Notre victoire certaine est aussi prochaine.

Voila pourquoi, en saluant ceux d’entre vous, sans aucune distinction de tendances, qui participent de près ou de loin a la libération nationale de notre commune patrie, ceux qui ont subi la répression colonialiste féroce, qui ont connu les tortures de la gestapo dans les prisons de la « démocratie impérialiste », nous voulons plus particulièrement faire appel a la raison et au cœur de ceux qui sont abusés par une infâme propagande raciste et anti-ouvrière.

Comme vous, nous sommes des salaries. Nous ne vivons que de la location de la force de nos bras ou de l’effort de notre intelligence. Nous sommes condamnés à vivre ensemble, à travailler dans le même chantier, le même atelier, la même administration, le même bureau, le même domaine agricole. Nous sommes exploités par la même grosse société industrielle ou financière, le même Etat-patron, le même gros colon ; généralement nos salaires sont toujours insuffisants, le plus souvent ils sont inférieurs aux vôtres.

De plus, vous en étés témoins, nous sommes toujours brimés, humiliés ; notre dignité humaine n’est pas respectée, le chômage prolonge notre jeunesse dans la misère.
Comme vous, nous sommes des syndicalistes. Beaucoup d’entre nous ont milité avec beaucoup d’entre vous dans les mêmes syndicats. Nous avons ensemble lutté dans des grèves communes pour conquérir, pour toutes, de meilleures conditions de vie, des augmentations de salaires, des lois sociales. Durant une longue période nous étions, vous et nous, dans le même camp, du même coté de la barricade sociale.

Comme tous les ouvriers conscients, nous sommes des démocrates. Nous n’accepterons jamais de vivre sous un régime féodal, monarchique ou théocratique. Nous aussi nous voulons la liberté et le progrès social dans une république moderne ou tous les citoyens seront véritablement égaux sans discrimination ethnique, linguistique ou confessionnelle.

Sans vous, le même ennemi commun. En effet, le colonialisme des gros colons fascistes, anti-arabes et anti-juifs, que nous combattions parfois ensemble avant 1954, est le même ennemi que nous allons bientôt enterre pour le bonheur de tous les travailleurs algériens.

La révolution anti-colonialiste actuelle n’est que la poursuite de notre combat ininterrompu depuis la conquête de l’Algérie. Le peuple algérien, subjugué mais non soumis, ne pouvait pas reset indifférent devant le souffle de Bandoeng, il ne suffit plus de maudire le colonialisme, de mendier des droits ou même de se contenter d’arracher reforme par réforme par les moyens d’action traditionnels. Car après des succès fragmentaires, fruit de l’action offensive, le colonialisme maître du pouvoir remettait tout en question.

Voila pourquoi l’exemple du viet-nam de la Syrie, du Liban, de la Tunisie et du Maroc, a démontré avec plus d’éclat la nécessité et la possibilité d’utiliser des moyens plus efficaces pour mettre fin, d’une façon définitive et sans retour, a l’oppression nationale économique et culturelle qui nous étrangle depuis 1830.

Voila pourquoi le peuple algérien, avec sa classe ouvrière révolutionnaire, utilise une fois de plus, dans son combat séculaire, les armes de la critique avec la critique des armes.
Voila pourquoi les peuple esclaves de l’Afrique noire, notamment du Cameroun, entrent a leur tour dans la lutte a mort contre le colonialisme français agonisant pour conquérir eux aussi le droit universel de vivre libres dans un pays indépendant.

Réfléchissez, camarades ouvriers algériens.

Votre intérêt de salarie n’est pas de défendre le coffre-fort de M. Borgeaud, gros colon qui surexploite les ouvriers agricoles a 400 francs par jour, gros patron de la maison Bastos qui exploite les cigarières, gros actionnaire de la firme de tissus en gros et fabricant de mensonges de «  la dépêche quotidienne ».

Votre intérêt de prolétaire n’est pas de vous solidariser avec le vicomte de sérigny, gérant des domaines et des minoteries Duroux, gros armateur des cargos algériens maître de «  l’Echo d’Alger » et qui de loin, de paris, vocifère comme un aliéné des appels a la guerre civile et a la guerre religieuse.

Votre intérêt de travailleurs attachés a la terre algérienne n’est pas de vous apitoyer sur le sort des grands seigneurs de la colonition, des rois du pinard et de la banque, qui ont déjà préparé leur nouvelle émigration dorée en achetant des ranchs en Amérique du sud et au canada…
Que les meilleurs d’entre vous, frères travailleurs d’origine européenne, qui étés décides a forger avec nous une Algérie libre, n’hésitent pas a donner leur adhésion a l’U.G.T.A. la centrale ouvrière authentiquement algérienne, imperméable au racisme, au chauvinisme et la xénophobie.

N’hésitez pas a participer avec ardeur a la grève générale de huit jours qui sera engagée pour le soutien efficace de la résolution adressée par le conseil exécutif de la C.I.S.L. l’internationale syndicale libre, a tous les membres de l’O.N.U., afin d’arrêter la sale guerre coloniale par la négociation rapide d’un cessez-le-feu avec le front de libération nationale, représentant authentique et exclusif du peuple algérien.

N’hésitez plus a proclamer votre option délibérée pour la nationalité algérienne.

Ce taisant, vous ferez honneur a votre dignité d’homme, de travailleur et d’algérien. De plus, vous cimenterez davantage l’Union de la classe ouvrière de notre pays, garantie solide, efficace et indispensable pour assurer a la patrie libre un avenir de paix, de fraternité et de progrès social continu ― L’Union Générale des Travailleurs Algériens. Résistance algérienne nº  20 Ed.B du 1er au 10 février 1957

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