Culture

Yennayer : La région des Aurès reste solidement attachée aux traditions

Publié par DK News le 07-01-2014, 16h03 | 47
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La célébration de Yennayer dans les Aurès est annuellement marquée par certains rituels auxquels les populations, en particulier rurales, restent solidement attachées bravant allégrement la «modernité» et les comportements «branchés» qu’elle implique. 

Beaucoup de femmes de la wilaya de Batna, en particulier celles vivant dans les régions montagneuses d’Arris, de Menaâ, de Theniet El Abed, de Bouzina ou de Taxlent continuent d’honorer ces traditions et ces cérémoniaux fêtant l’avènement du nouvel an amazigh de la même manière que le faisaient leurs mères et grand-mères. 

Selon Mme Zerfa B., dont l’humble demeure culmine sur les hauteurs d’Ichemoul, «chaque femme se doit, la soirée du nouvel an, de rassasier les membres de sa famille en leur proposant toutes sortes de mets succulents en signe de bon augure».  

Pour cette dame, d’une soixantaine d’années, la gastronomie traditionnelle est à cette occasion particulièrement riche : couscous au Gueddid (viande séchée), chakhchoukha au poulet de ferme, El Aïch ou encore M’gataâ (genre de tagliatelles faites maison) avec soupe piquante et épaisse. La femme n’a que l’embarras du choix pour gâter les siens en cette occasion, selon Mme Zerfa. 
 

Des traditions à la peau dure 

La tradition veut que le festin du nouvel an soit garni de sept fruits avec, en tête, des grenades aux grains bien rouges et juteux, des figues, affirme de son côté El Hadja Aïcha (96 ans), du village montagneux de Baali. 

«Je m’emploie à suivre pas à pas tout ce que ma maman faisait à l’avènement de Yennayer», souligne la vieille dame, toute fière d’avoir trente arrières petits-enfants, et qui continue de sortir le matin du nouvel an en compagnie de ses belles-filles vers les lisières de la forêt voisine pour apporter les plantes aromatiques destinées à embellir et à «teinter» de vert sa demeure pour que la saison soit verdoyante et opulente. 

La tradition impose également de préparer, pour la circonstance, le plat appelé «Ichermen» fait de dattes, de fèves séchées, de Gueddid et de «Klila» (fromage séché), mélangés avec du smen (beurre traditionnel) et de multiples aromates, note encore la nonagénaire. 

Cette grand-mère affirme également que les us font obligation d’accueillir le nouvel an avec des couvertures, des vêtements et des ustensiles neufs, selon les moyens de chaque ménage. Les femmes et les jeunes filles se font belles à cette occasion, marquée également, ajoute El Hadja Aïcha, par la tradition dite «Aslith Ninar». Cette coutume consiste à parer une petite fille de beaux habits et de bijoux avant qu’elle ne sillonne les demeures des voisins et des proches en signe de joie. 
 
Les «mystères» des pierres   

Une croyance répandue dans la région des Aurès consiste aussi à changer les pierres (M’nassab) du Kanoun (petit brasero en terre cuite), ainsi que sa cendre le premier jour de Yennayer que l’on célèbre dans cette région le 14 janvier. 

Selon Mohamed Merdassi, enseignant effectuant des recherches autour du patrimoine amazigh, certains se contentent de jeter trois pierres en une seule fois tandis que d’autres jettent deux pierres au premier jour de Yennayer et une troisième au second jour. Si cette dernière pierre se retrouve à côté des deux précédentes, ce sera le signe d’une année «maigre», mais si elle les dépasse, ce sera le présage d’une nouvelle année prospère. 

Une autre manière de présager l’avenir que réserve l’année nouvelle consiste, pour d’autres, à retourner une pierre et à interpréter ce que l’on retrouve sur sa face antérieure. Si l’on voit de petites fourmis, cela signifiera que le troupeau de moutons et de caprins se multipliera. Si les fourmis sont plus grosses ou si c’est un scarabée, cela indique que le nombre de bovins croîtra. 

La femme auréssienne croit fermement que le second jour de Yennayer, correspondant au 15 janvier, est un jour de repos et elle s’attache à ce que les membres de sa famille honorent cette tradition qui veut que durant ce jour, il n’y ait ni voyage, ni travail ni même de cuisson. Toutes les tâches ménagères sont exécutées la veille. 
Au premier jour du nouvel an, les hommes allument des feux pour combattre le froid généralement rude de l’hiver et si ce jour est enneigé, les hommes jouent avec les boules de neige espérant que l’année sera suffisamment arrosée. 
 
Glorification de la femme et de la terre 

La tradition orale dans la région rapporte l’histoire fabuleuse selon laquelle un jour, Yennayer avait pris la forme d’une vieille dame pour frapper à la porte d’une femme, lui demandant l’aumône mais cette dernière, cupide, ne lui donna rien.

L’année entière fut alors sèche et sans récolte. Les sages du village, faisant le lien entre le comportement de la femme et la faible pluviométrie, lui conseillèrent de bien se comporter si Yennayer revenait. L’année suivante, la même veille dame se présente à la porte de la femme qui fut cette fois si généreuse qu’elle la combla de dons. L’année fut alors pluvieuse et les récoltes abondantes. 

Le trait caractéristique dans les célébrations de Yennayer, par les familles des Aurès, est la glorification de la femme et de la terre, car toutes deux symbolisent la fertilité et l’abondance. 

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