Histoire

Tizi-Ouzou : Le camp de la mort d’Agouni N’Tizi ou le témoin des atrocités du colonialisme

Publié par Dknews le 12-08-2014, 16h50 | 239
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Chaque année, entre le 03 et le 17 août, les habitants des villages de la commune d’Illoula Oumalou à l’instar d’Ait Aziz, Mzeguene et Lemsella, commémorent les massacres commis par l’armée coloniale à Agouni n’Tizi, un lieudit situé au col de Chellata, à 1160 m d’altitude dans le Djurdjura, et à plus de 70 km à l’extrême sud-est de la wilaya de Tizi-Ouzou.

Des habitants du village Mzguene, rencontrés sur ce site ou l’Anza (la voix de morts) rappelle aux vivants, la mort cruelle réservée par les colonisateurs à ceux qui les ont défiés. Ils n’ont pas oublié les exactions commises sur ce lieu et racontent encore le sort abominable réservé à 480 habitants de la région, qui ont eu pour seul tort d’avoir refusé de se soumettre au joug du colonisateur.

Le 03 août 1958, se rappellent les vieux du village, l’armée d’occupation a conduit 480 civils, des hommes, des femmes, des enfants et des vieux faits prisonniers dans le village de Mzeguene et les hameaux voisins, vers un camp improvisé au lieudit Agouni n’ Tizi, relevant du village Ath Laaziz, et situé au niveau du col de Chellata.

Les 480 prisonniers ont été détenus pendant 15 jours sous le soleil brûlant du mois d’août, sans nourriture ni la moindre goutte d’eau. «Un important renfort a été installé pour surveiller le camp et empêcher les prisonniers de fuir et les habitants des villages voisins de tenter une quelconque action pour libérer leur concitoyens. Les villageois ont assisté impuissants, la mort dans l'âme, à la lente et longue agonie de leurs frères», témoigne un ancien moudjahid, Arezki Mesbouaa, dit Arezki n’Ath Mesbah.

«Au bout de quelques jours de ce supplice infernal, les premiers morts sont enregistrés parmi les moins résistants, notamment les enfants. Les plus tenaces étaient attachés à des camions militaires qui les tractaient jusqu'à à la mort», ajoute M. Mesbouaa, le regard brouillé par les larmes qu’il tentait vainement de cacher. Le calvaire des détenus d’Agouni n’Tizi, n’a cessé qu’au bout de 15 jours, le 17 août 1958. «La gorge séchée par la soif, des prisonniers parmi ceux qui ont été libérés se sont empressés de boire de l’eau et certains en sont morts sur le coup, témoigne-t-on.

«Pas moins de 400 citoyens sont morts des suites des tortures qui leur ont été infligées par l’armée coloniale. Les 80 survivants, des miraculés aux allures cadavériques, ont mis beaucoup de temps pour récupérer et se remettre d’une telle atrocité, qui ont continué à agiter leur sommeil et à les empêcher de dormir la nuit», se rappelle Fatma, une octogénaire. Par ces atrocités, l’armée coloniale a voulu faire payer aux habitants de la région la défaite infligée par leurs grands-parents aux français en 1857.

En effet, le 27 juin de cette même année, les combattants de six archs de la région ont réussi à repousser les troupes françaises arrivées d’Akbou (Bejaia) via le col de Chellata.«Lors de cette la bataille, qui s’est déroulée à Achedhadh N’Tzibert (col de Chellata), une cuisante et humiliante défaite a été infligée à l’armée coloniale», témoignent Arzeki Mesbouaa et Me Amghar Allaoua, avocat et fils de chahid, natif de la région.

Aujourd’hui, un monument a été érigé à la mémoire de ceux qui ont donné leur vie pour que l’Algérie vive indépendante et libre. Sur ce monument, s’égrènent des noms des victimes de ce génocide, une liste incomplète car les corps de beaucoup de morts n’ont pas été retrouvés.Sur une plaque en marbre, il est écrit : «Ici, à Agouni N’Tizi, une nouvelle page d’histoire de l’Algérie contemporaine a été écrite par des gens du peuple dans leur lutte pour la liberté et la dignité».

Sur le même site, une plaque rongée par la rouille et plantée avant la réalisation du monument, à quelques dizaines de mètres de celui-ci, une invitation est lancée aux visiteurs de cet endroit pour respecter ce lieu historique où des centaines de martyrs sont tombés pour que vive l’Algérie : «Les visiteurs sont tenus de respecter le lieu et de veiller à sa propreté». Arzeki Mesbouaa et Me Amghar Allaoua, espèrent qu’un jour une stèle commémorative vienne rappeler cette glorieuse bataille et rappeler à la jeune génération l’union et la solidarité de toute une région pour défendre sa dignité et sa liberté.
 

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