Les participants à un colloque historique consacré au martyr Souidani Boudjemaâ (1922-1956), organisé à l'occasion du 68ème anniversaire de sa mort, ont mis en exergue, lundi à Guelma l'intelligence de ce héros et son parcours militant contre la colonisation française depuis son jeune âge.
Les participants à cette rencontre, initiée par l'association locale du 8-Mai 1945, au technicum Messaoud-Chaâlal, à Guelma, ont rappelé le parcours militant du Chahid, sa lutte héroïque et les sacrifices consentis pour la récupération de la souveraineté de l 'Algérie.
Marqué par la présence de M. Wahid Arboudj (53 ans), petit-fils du héros, enfant de Saliha Souidani, sa défunte fille, les intervenants lors du colloque ont notamment rappelé que Souidani Boudjemaâ, né le 10 janvier 1922 au centre-ville de Guelma, fut membre du groupe des "22" qui fut à l'origine du déclenchement de la Révolution, avant de donner sa vie, à l'âge de 34 ans, pour l'indépendance de son pays.
M. Ahmed Achouri, poète et chercheur en histoire, a souligné que Souidani Boudjemaâ, qui est né et a grandi dans un quartier européen de Guelma, se distinguait, enfant, par son élégance, son intelligence et ses excellentes performances aussi bien scolaires que sportives , au point de rassembler la jalousie de ses paires européennes.
Selon le même intervenant, auteur d'un long poème décrivant l'élégance et la vivacité d'esprit du martyr Souidani Boujemaa, a rappelé que ce dernier, bel homme, s'habillait avec élégance malgré sa simplicité.
"Il poursuivra ses études jusqu'à l'obtention du baccalauréat avant de devoir les abandonner en raison des circonstances pour choisir la vie active en travaillant dans une imprimerie".
C'est d'ailleurs durant son parcours professionnel qu'il rencontre certains militants du mouvement national, selon M. Achouri. Ce dernier a également indiqué que Souidani Boudjemaâ était "fortement imprégné de l'esprit nationaliste du fait de son engagement parmi les Scouts musulmans algériens (SMA).
De plus, le Chahid était alors un excellent footballeur qui évolua dans les rangs de l'Espérance Sportive de Guelma (ESG), une équipe créée par des militants du mouvement national, au sein de laquelle il occupait le poste d'ailier gauche.
Pour sa part, M. Mohamed Benregtane, écrivain, poète, historien et cadre à la retraite, a mis l'accent sur les différentes phases de la lutte du Martyr Souidani Boudjemaâ.
Il a souligné, à ce propos, que son parcours a débuté à un âge précoce, lorsque le Chahid avait moins de 21 ans, lorsqu'il fut le meneur d'une manifestation devant la salle de cinéma qui porte aujourd'hui le nom de Ciné An-Nasr, pour dénoncer la politique de discrimination des colonisateurs français qui l'empêchèrent d'accéder dans la salle sous prétexte que les entrées étaient réservées, les samedis et dimanches, aux seuls européens. Selon cet intervenant, la manifestation devant ce cinéma du centre de Guelma a marqué le début d'une lutte "longue et ardue", Souidani Boudjemaâ ayant été traduit devant un tribunal militaire qui l'a condamné, une première fois, à 3 mois de prison avec sursis, avant de le condamner plus lourdement après son arrestation au moment où il tentait de faire sortir des armes de la caserne militaire.
"Devant le juge qui l'interrogeait à la barre, Soudani Boudjemaâ dira avec une fierté non dissimulée qu'il voulait utiliser ces armes pour venger les victimes des massacres du 8 mai 1945", a souligné M. Benregtane.
M. Ahmed Abdaoui, président de l'association du 8 mai 1945, initiateur du colloque, a considéré que Souidani Boudjemaâ, dit "Si Djilali", représente "un symbole national de la lutte pour l'indépendance, dès que son activité révolutionnaire s'étendait à plusieurs régions du pays, dont Oran et Alger où il participait à la réunion du groupe des 22 historiques qui fut à l'origine du déclenchement de la Révolution".
Souidani Boudjemaâ est tombé au champ d'honneur le 16 avril 1956 à Oued Mazafran, au sud de Koléa (Tipasa).
