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Sahara occidental : Des chercheurs s'insurgent contre une position française méprisant les droits légitimes du peuple sahraoui

Publié par DK NEWS le 09-08-2024, 18h14 | 9
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Le soutien de la France à l'occupation du Sahara occidental marque un tournant majeur dans la position de Paris au sujet de la question sahraouie, s'insurgent plusieurs chercheurs qui relèvent que cette prise de position "se fait au mépris des droits légitimes du peuple du Sahara occidental".  

Dans une tribune collective publiée, jeudi, sur Mediapart, les chercheurs dénoncent la position du "président de la République française (qui) officialise donc désormais sa position... de soutien au colonialisme".

 Selon ces chercheurs, l'alignement officiel de Paris sur les positions marocaines "se fait au mépris des droits légitimes du peuple du Sahara occidental". Il intervient de surcroît alors que "le président est défait par les urnes (élections européennes et législatives)" et que le gouvernement démissionnaire est "censé gérer seulement les affaires courantes et au moment de la dite +trêve olympique+".

Pour ces chercheurs, le soutien de Paris au prétendu "plan d'autonomie" marocain pour le Sahara occidental sera "préjudiciable pour un partenariat renouvelé avec l'Afrique", accusant le président Emmanuel Macron de "s'asseoir sur le droit international".

"Il n'est nul besoin d'être un +Mozart de la finance + ou même la +Castafiore+ pour comprendre que la prise de position d'Emmanuel Macron sera donc également préjudiciable pour un partenariat renouvelé avec l'Afrique", ont-ils soutenu.

"Le +Méprisant de la République+ se mue ainsi en +délinquant international+ et, ce faisant, engage la France dans un pari plus qu'anachronique", ajoutent-ils, se demandant si le président Macron a pensé "un seul instant, que cette décision soit de nature à rassurer les pays africains".

"Ni la Mauritanie, ni l'Afrique du Sud, ni le Nigeria, ni plein d'autres pays africains resteront insensibles au devenir de la dernière colonie d'Afrique et au rôle joué par la France dans la non-décolonisation du Sahara occidental", ont-ils averti.

Les chercheurs rappellent qu'en 2018 déjà, ils ont alerté de la lourde responsabilité de la France dans la non-décolonisation du Sahara occidental.

"Nous avons tenté, malgré la censure, d'informer le public sur l'effondrement des principes moraux de la France en raison de son soutien à l'occupation de la dernière colonie d'Afrique", ont-ils souligné, regrettant, aujourd'hui, qu'un "pas est franchi, et qu'Emmanuel Macron s'assoit désormais officiellement sur l'avis de la Cour internationale de Justice de 1975, sur toutes les décisions de justice (Cour africaine des droits de l'homme et des peuples et Cour européenne de Justice) et les résolutions de l'ONU reconnaissant le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui".

Dans cette tribune signée par Yazid Ben Hounet, Said Bouamama, Claude Calame, Michele Leclerc-Olive et Alessandro Stella, ces chercheurs estiment que l'engagement officielle de la France dans "cette aventure coloniale" est un pari plus que risqué pour elle. 

                        Le soutien de Paris au plan d'autonomie marocain pour le Sahara occidental motivé par les intérêts économiques de la France (militante) 

La militante française des droits de l'Homme, Claude Mangin, a affirmé jeudi que le soutien de Paris au prétendu plan d'autonomie marocain pour le Sahara occidental, était motivé par les intérêts économiques de la France. "On voit bien que la lettre d'Emmanuel Macron (président français) au roi du Maroc ne fait que poursuivre les raisons de l'Etat (...) qui veut que la France cherche d'abord son intérêt et l'intérêt de ses entreprises, du moins de celles que ça ne gène pas d'investir illégalement dans un territoire non autonome où toute exploitation doit être avec l'accord du peuple sahraoui et de son représentant légitime, le Front Polisario", a réagi Mme Mangin dans une déclaration à l'APS.

En septembre 2021, le Tribunal de l'Union européenne (UE) avait statué en faveur du Front Polisario, soulignant que l'accord de pêche entre l'UE et le Maroc a été conclu sans le consentement du peuple du Sahara occidental.

Les Conseil et Commission européens avaient introduit un recours en appel en décembre de la même année. Cet accord, d'une validité de 4 ans et arrivé à terme en juillet 2023, fait actuellement l'objet d'une procédure judiciaire devant la Cour de justice de l'UE (CJUE) pour éviter sa reconduction. Le verdict de la plus haute juridiction de l'UE est attendu pour le courant de cette année. Dans ce contexte, Mme Mangin regrette le fait que "tout est balayé pour poursuivre l'exploitation illégale du Sahara occidental sans tenir compte du peuple sahraoui, une réalité qui dure depuis la colonisation espagnole".

La militante des droits de l'Homme qui est également l'épouse du prisonnier politique sahraoui, Naama Asfari, a notamment déploré le fait que la lettre de Macron fait fi de la réalité de la situation désastreuse qui prévaut actuellement au Sahara occidental -un territoire considéré par l'ONU comme non-autonome et donc en attente de décolonisation- où le Maroc continue de violer les droits de l'Homme et les différentes résolutions pertinentes des Nations Unies. "Le peuple sahraoui n'est, comme d'habitude, même pas mentionné en tant que tel dans la lettre de Macron, et encore moins les prisonniers politiques et d'opinion que le Maroc maintient en détention arbitraire contre l'avis même du Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève", a-t-elle regretté. 

                        Le soutien de Paris au plan d'autonomie marocain pour le Sahara occidental révèle les "lâchetés et les incohérences de la classe politique française" (Presse) 

Le soutien de Paris au prétendu plan d'autonomie marocain pour le Sahara occidental "révèle en réalité les lâchetés et les incohérences de la classe politique française", a affirmé le magazine français "Marianne", regrettant que cette décision n'ait pas suscité beaucoup de réactions.

"A l'occasion des 25 ans de règne de Mohammed VI, Emmanuel Macron lui a offert sur un plateau le Sahara occidental, sans que ça ne suscite beaucoup de réactions. Oubliant le droit à l'autodétermination des peuples, cette décision révèle en réalité les lâchetés et les incohérences de la classe politique française", a-t-il déploré.

Dans un éditorial intitulé "Le conflit autour du Sahara occidental révèle les lâchetés et les incohérences de la classe politique française", le magazine français a regretté qu'Emmanuel Macron ait décidé d'offrir au Maroc et à son roi un cadeau à travers "une lettre signée de sa main qui plonge un peu plus dans l'oubli ces dizaines de milliers de Sahraouis vivant reclus dans le désert". "Oublié le droit à l'autodétermination des peuples, Emmanuel Macron explique tranquillement que, +pour la France, l'autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel (la question du Sahara occidental) doit être résolue+", a souligné le magazine.

Il a rappelé, à ce titre, que ce sont bien les services secrets marocains qui, à l'aide du logiciel Pegasus, écoutaient les téléphones d'Emmanuel Macron et de plusieurs de ses ministres. "N'est-ce pas aussi le Maroc qui a obtenu de l'Espagne une inflexion sur le Sahara occidental, notamment en laissant entrer des milliers de migrants sur son territoire ?", s'est-il encore demandé. Le magazine français a fustigé également la position de Paris face au chantage migratoire exercé par Rabat.

"Quand la Biélorussie de Loukachenko et la Turquie d'Erdogan usent de l'arme migratoire, on entend monter les critiques. Mais avec le Maroc, elles se font moins fortes. Et il n'y a rien à attendre du RN, très étonnant soutien de Mohammed VI et de la marocanité du Sahara occidental ", s'est-il indigné. Pour Marianne, le Sahara occidental illustre en fait "la méthode désastreuse d'Emmanuel Macron sur la scène internationale". "Sans vision, il ne pratique pas le +en même temps+ mais le +successivement+, alors que ce domaine mérite cohérence et constance", a soutenu Marianne, rappelant les prises de position contradictoires du président français sur l'Ukraine, le Liban ou encore sur Ghaza. Dénonçant le silence de la classe politique française par rapport au renforcement de l'appui de Paris à l'occupation du Sahara occidental, le magazine français a pointé du doigt celui de Jean-Luc Mélenchon et de son parti. "Il en est un autre qui se fait silencieux : Jean-Luc Mélenchon. Et avec lui, c'est tout LFI qui est bâillonnée. La rapacité d'une monarchie qui, en mettant la main sur le Sahara occidental, s'est emparée de mines de phosphate et d'eaux riches en poissons, voilà une histoire qui aurait dû leur plaire. Mais non, pas vu, pas pris ! ", a-t-il conclu.

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