Le traité international interdisant les armes à sous-munitions a permis d'aboutir à certains progrès, mais il est mis à l'épreuve par de nouvelles utilisations et transferts de ces armes par des pays qui n'ont pas adhéré à cette convention, a révélé lundi l'ONG Human Rights Watch dans un rapport annuel au sujet de ces armes.
Le rapport de 100 pages, intitulé "Cluster Munition Monitor 2024 ", détaille les politiques et les pratiques de tous les pays à l'égard de la Convention internationale qui interdit les armes à sous-munitions et exige la destruction de leurs stocks, le déminage des zones contaminées par les fragments non explosés, et l'assistance aux victimes.
" La Convention sur les armes à sous-munitions fournit un cadre essentiel pour mettre fin aux souffrances et aux dommages immédiats et à long terme causés par ces armes odieuses", a déclaré Mary Wareham, directrice adjointe de la division Crises, conflits et armes à Human Rights Watch, et principale rédactrice du rapport.
Elle a estimé, à ce titre, que "tous les pays devraient adhérer à la Convention s'ils veulent vraiment protéger les civils contre ces armes, face à la montée des conflits".
En 2023, pas de 93% des victimes d'armes à sous-munitions étaient des civils, selon le rapport. Les enfants représentaient 47% des personnes tuées et blessées par des fragments de sous-munitions en 2023.
Selon le rapport, les nouvelles utilisations et transferts par des Etats non-signataires de la convention mettent à l'épreuve les normes et l'universalité de la Convention.
En outre, la disposition interdisant toute assistance à des activités prohibées est sujette à des violations, soulevant des problèmes d'interprétation et des questions sur le respect des lois nationales.
Un rapport de juillet 2024 a révélé que des armes à sous-munitions stockées dans une base militaire américaine en Allemagne, pays qui a ratifié la convention, ont été transférées vers l'Ukraine depuis juillet 2023, transitant par l'Allemagne.
"Tous les Etats parties à la Convention devraient s'opposer clairement au stockage en territoire étranger d'armes à sous-munitions et à leur transit sur leur territoire, leur espace aérien ou leurs eaux maritimes", a plaidé Human Rights Watch. Selon le rapport "Cluster Munition Monitor 2024", 28 pays et autres zones sont contaminés ou suspectés de l'être par des restes non explosés d'armes à sous-munitions. Le rapport "Cluster Munition Monitor 2024" est le 15ème rapport annuel de surveillance établi par la Cluster Munition Coalition, la coalition mondiale d'organisations non gouvernementales cofondée par Human Rights Watch. Il sera présenté aux pays participant à la 12ème réunion de la Convention sur les armes à sous-munitions qui se tiendra à Genève, du 10 au 13 septembre