L'agriculture saharienne, ses performances et sa durabilité, ont été samedi au centre des débats à Alger, lors d'une conférence organisée par le groupe de réflexion Filaha-Innove (GRFI) et le collectif Torba, versé dans l'agriculture agroécologique.
Dans sa communication sur le savoir oasien dans l'agriculture, l'agroécologiste Fattoum Lakhdari a assuré que l'oasis algérien, reposant sur une gestion rationnelle des ressources en eau et en sol, a toujours été "un lieu de vie référentiel en matière de développement territorial en condition d'extrême aridité".
Elle a affirmé, dans ce sens, que la mise en avant de ce modèle dans la concrétisation des grands projets d'agriculture dans les wilayas du Sud, associé à des réflexions pour une sédentarisation humaine dans ces zones, contribuera à "conforter les performances et à assurer la durabilité des acquis des oasis et leur capacité à créer des microclimats favorables à l'agriculture, à l'élevage et à la vie".
Mme Lakhdari a proposé ainsi la création d'un groupe pluridisciplinaire de scientifiques algériens avérés, pour "un travail de terrain, aux périmètres agricoles dans le Sud, afin de diagnostiquer les problèmes et apporter des solutions en mesure de faire avancer les projets et perdurer les acquis dans le cadre du développement durable".
Abondant dans le même sujet, l'expert international agroéconomiste, Salah Nadjah a mis en avant l'importance d'une gestion "intelligente" de l'eau, relevant que les systèmes traditionnels d'irrigation, tels que les foggaras et les séguias, sont "des exemples de gestion rationnelle permettant une utilisation optimale de l'eau dans des conditions de stress hydrique".
"L'eau constitue un pilier de l'agriculture saharienne, intégrée dans une stratégie de transition écologique", a-t-il soutenu affirmant que "des systèmes d'irrigation goutte-à-goutte, associés à des sources d'énergies renouvelables comme le solaire, peuvent jouer un rôle central dans cette transformation".
Pour M. Nadjah, il est "essentiel de moderniser les techniques anciennes d'irrigation, tout en respectant leur essence traditionnelle, afin d'optimiser la distribution et la conservation de l'eau dans ces régions".
De l'Institut technique de développement de l'agronomie saharienne (ITDAS), Halima Khaled a abordé le retour d'expérience sur certaines innovations agricoles sahariennes, soulignant que des "avancées significatives" sont observées dans notamment les wilayas d' El Oued et Biskra.
Dans ce sens, la technicienne a salué la capacité des agriculteurs d'El Oued à "s'adapter et adopter le système d'irrigation le plus fiable pour réussir leurs expériences agricoles".
Elle a affirmé également que la production de la tomate, des poivrons et autres légumes à Biskra était également "une expérience inspirante".
Mme Khaled a évoqué, par ailleurs, le principe de la rotation des cultures dans les wilayas du Sud et son impact dans l'amélioration de la production.
Dans ce cadre, elle a mis en avant l'expérience avérée de la culture du jujubier pour atténuer la salinité du sol dans les régions arides et semi-arides, comme l'une des solutions proposées pour répondre aux préoccupations soulevées dans l'agriculture dans les wilayas du Sud.
Lors des débats, les experts, académiciens et techniciens agricoles participants ont été unanimes à relever l'importance de l'apport de agriculture saharienne dans le renforcement de la sécurité alimentaire et la réduction de la dépendance aux importations.
