Les produits halal sont devenus un enjeu commercial important en France ; leur part de marché est en nette progression, engendrant un chiffre d'affaires qui ne laisse personne indifférent, poussant des nouveaux hommes d'affaires à investir dans ce domaine.
En 2008 le chiffre d'affaires du halal a engendré dans le monde 730 milliards d'euros, 15 milliards d'euros en Europe et plus particulièrement en France, où il représente entre 4.5 et 5.5 milliards d'euros et connaît une croissance importante à deux chiffres à plus de 15% par an. aujourd'hui en France il représenterait un chiffres d'affaire de plus de 8 milliards. Le marché Halal pourrait représenter jusqu'à 20 % du marché alimentaire en 2020.
Inexistant à l'arrivée des premiers migrants, le marché halal accorde désormais à leurs descendants la possibilité de respecter aisément ce rite alimentaire.
La croissance de ce marché perdure avec la proportion grandissante de la frange de la population française musulmane, soit issue de différentes générations des vagues successives d'immigration, soit née sur le sol français.
Estimé à plus de 7 millions de personnes, pour une population de 66 millions de Français, représentant donc presque 11% de cette dernière, et la classant deuxième communauté française après les chrétiens. La demande de consommer halal augmente et va continuer à augmenter proportionnellement à l'augmentation des naissances aujourd'hui estimée à 16 %.
Bien que le concept du halal et du haram soit en vigueur depuis presque 1500 ans, c'est à dire depuis la révélation du Coran, le besoin d'organismes de certification halal ne s'est fait sentir qu'il y a deux ou trois décennies, en raison essentiellement de la complexité des procédés de fabrication alimentaire et de la variété phénoménale des additifs et ingrédients qui entrent en jeu dans l'industrie agro-alimentaire moderne.
En ce qui concerne les viandes et selon les exigences de l'islam, les animaux doivent être abattus convenablement selon un rituel pour que la viande soit jugée halal. Cette exigence est conforme à la notion de propreté et de pureté toujours mise en avant par l'islam. Si ce rituel fait partie intégrante du mode de vie d'un musulman, ne posant pas de contrainte dans son application, qu'en est-il dans un pays occidental et de surcroit laïc ?
En France, au regard de la loi, l'abattage rituel ne peut s'exercer que dans un abattoir. Les exécutants doivent obligatoirement être des sacrificateurs habilités par des organismes religieux agréés : la grande mosquée de Paris, la mosquée de Lyon et la mosquée d'Evry, qui délivrent des certificats d'une validité d'une année à environ 700 sacrificateurs.
Une fois que l'animal est abattu selon ce rituel, c'est à dire sans étourdissement préalable, un certificat pour la conformité de la norme halal doit être établi par un certificateur habilité par les organismes religieux et les services compétents de la préfecture territoriale. Pour cela, un cahier des charges définit les conditions et les exigences qui concernent l'élevage d'un troupeau, son acheminement vers l'abattage ainsi que son sacrifice.
Le concept halal s'est alors développé sous sa forme marketing en Occident, permettant à des industriels de se restructurer et de servir les communautés musulmanes dont le pouvoir d'achat n'a cessé d'augmenter avec l'accès des jeunes générations à des emplois hautement qualifiés et mieux rémunérés comparé aux premières générations.
Les estimations de la valeur économique du marché des produits alimentaires halal divergent souvent.
"L'introduction en Grande surface des viandes halal marque de façon symbolique l'avènement d'une nouvelle ère en matière de consommation halal en France.
Le consommateur musulman est devenu acteur à part entière sur le marché, une cible marketing pour les industriels, et prend dès lors une place importante dans l'esprit des distributeurs", analyse l'Association rituelle de la grande mosquée de Lyon, selon le site le petitjournal.
Certains enseignes avancent plus timidement que d'autres
De plus en plus de supermarchés, de restaurants, de transformateurs agro-alimentaires proposent ces types de produits.Le plus important c'est d'attirer le consommateur potentiel donc le facteur géographique commande la présence, l'importance ou l'absence des produits halal dans les rayons.
Commercialement parlant, le produit halal se porte bien, le marché se développe de plus en plus rapidement parce qu'il ne s'agit pas d'un phénomène de mode que connaissent les pays occidentaux.
L'offre des produits halal s'est diversifiée et modernisée ; elle s 'étend aux confiseries, biscuits, pizza, aux boissons etc...et même au cosmétique.
De plus en plus de supermarchés, de restaurants, de transformateurs agro-alimentaires proposent cette gamme de produit. En 2007 Casino fut le premier groupe à se lancer dans ce créneau très porteur, suivi de près par Carrefour, Auchan et Leclerc.
En 2009 Zakia halal, a été la première marque spécialisée dans le halal à lancer une campagne publicitaire d'une grande ampleur dans tous les médias ; elle a rencontré un franc succès grâce à sa gamme de plats cuisinés, sauces et autres.
Créée en 1990, Isla délice quant à elle revendique sa position de leader avec une campagne de communication nationale ; en effet, ses affiches choc sont présentes dans 150 villes en France. Cette marque s'est spécialisée dans la production et la commercialisation de la charcuterie, de plats cuisinés et de produits surgelés halal.
Pour dire si le produit halal se porte bien, on a donc visité quelques enseignes dans la grande distribution et effectivement les produits halal sont bien là mais timidement et il faut bien chercher pour les trouver; en tout cas dans les supermarchés qu'on a visités, ils étaient presque cachés pourquoi ? Et pourtant le halal c'est un gros marché.
Les produits du monde : mexicains, asiatiques ou autres sont bien indiqués dans des rayons spécifiques mais les produits halal non, pourquoi ? Nous avons essayé de comprendre en posant des questions aux employés sur place mais personne ne pouvait nous répondre, on a donc envoyé un courrier à la direction générale de cette enseigne, et on attend toujours une réponse...
Selon la sociologue Christine Rodier qui a réalisé une enquête ethnographique entre 2007 et 2010, le développement de la consommation halal en France, est loin d'être une atteinte au principe de laïcité ou une dérive communautariste, elle marque plutôt une manière de s'intégrer.
Alors que les primo-arrivants découvrent dans les années 1960 une société de consommation où prédomine une nourriture carnée très éloignée de leurs habitudes alimentaires, ce qui les incite à conserver leurs rituels culinaires, les immigrés de seconde et troisième génération rejettent cette nourriture traditionnelle (couscous, tajine, ce que l'islamologue Gilles Kepel appelle la «découscousification») jugée trop grasse, trop riche et introduisent par le biais du halal de nouveaux mets qui relèvent plus des coutumes françaises (bœuf bourguignon halal, hachis parmentier halal etc), ce qui leur permet de concilier leurs identités française et musulmane.
Ce que dit la législation française concernant l'abattage rituel
L'abattage rituel des animaux est organisé afin de garantir le libre exercice des pratiques religieuses dans le respect des dispositions réglementaires relatives à la protection animale, l'hygiène alimentaire et la protection de l'environnement. Il constitue une dérogation aux pratiques classiques de l'abattage, qui imposent un étourdissement préalable des animaux avant leur saignée. Les conditions dans lesquelles peut s'exercer cette dérogation sont les suivantes :
- Les abattages rituels doivent avoir lieu dans des abattoirs agréés bénéficiant expressément d'une autorisation à déroger à l'obligation d'étourdissement.- Les sacrificateurs doivent être titulaires d'un certificat de compétence protection animale (CCPA).
- Les sacrificateurs doivent être habilités par des organismes religieux agréés par le ministre de l'Agriculture, sur proposition du ministre de l'Intérieur : la grande mosquée de Paris, la mosquée de Lyon et la mosquée d'Evry pour l'abattage halal.
- Les animaux doivent être immobilisés avant leur saignée par des matériels de contention conformes, les bovins, les ovins et les caprins devant être immobilisés par un procédé mécanique.
Quelques données chiffrées ...
Plus de 70% de la viande d'agneau vendue en Grande-Bretagne provenant de Nouvelle-Zélande a été préparée dans des abattoirs halal sans que ce soit mentionné sur l'étiquette.
Le marché halal représentait dans le monde 730 milliards d'euros en 2008, et 15 milliards d'euros en Europe.
L'exportation de la viande halal destinée au Maghreb et au Moyen-Orient représente chaque année 200 000 tonnes de viandes et 200 000 tonnes de poulet.
Le nombre de musulmans en France (environ 7 millions) en fait le premier marché d'Europe.
Près de 80% de l'alimentaire halal est produit par des non-musulmans.
43% des consommateurs des produits halal s'approvisionnent en grande surface alors que 95% d'entre eux achètent leur viande dans les boucheries halal.
Le marché halal en France est estimé à 5,5 milliards d'euros en 2012.
4,5 milliards d'euros seront dépensés en 2010 par les ménages pour leurs achats de produits de consommation halal.
