La ville de Paris a décidé d’honorer le maître de la chanson kabyle, Slimane Azem : il y aura désormais une place qui portera bientôt son nom à Paris. Sise au XIVe arrondissement, elle sera baptisée du nom de ce poète qui a passé l’essentiel de sa vie en exil.
L’événement aura lieu dans l’après-midi de la journée du 11 octobre dans le XIVe arrondissement, près de la place de Catalogne, sur la rue Vercingétorix en la présence de plusieurs personnalités politiques à l’instar de Madame le maire et d’autres élus.
L’occasion réunira immanquablement le monde artistique et littéraire. On annonce la présence d’une grappe d’artistes algériens qui viendront pour assister à cette cérémonie qui rend hommage à la mémoire d’un « maître » incontesté de la chanson engagée.
Sont prévus au programme des stands d’exposition de disques originaux et de cassettes, d’objets lui ayant appartenu, de photos inédites, ainsi que des lectures de poèmes, une projection – débat d’un documentaire Slimane Azem, une légende de l’exil de Rachid Merabet etc.
Slimane Azem a quitté son pays natal très jeune pour la France où il exercera des emplois très rudes et où plus tard il sera enrôlé lors de la «drôle de guerre» puis déporté par les Allemands jusqu’en 1945. C’est dire que la vie n’a pas été facile pour lui.
Son amour du pays et le désir de revoir les paysages des Ouadhias, perchés au Djurdjura, où il a vu le jour, seront derrière beaucoup de chansons nostalgiques qui traduisent son mal du pays.
Il a dit :
« On peut retirer ses terres à un homme, mais on ne peut pas retirer la terre du cœur d’un homme. »
Il a chanté :
L’Algérie mon beau pays
Je t’aimerai jusqu’à la mort
Loin de toi, moi je vieillis
Rien n’empêche que je t’adore
Avec tes sites ensoleillés
Tes montagnes et tes décors
Jamais je ne t’oublierai
Quel que soit mon triste sort.
Il s’est éteint, en France, le 28 janvier 1983.
En visionnaire et fin observateur, Slimane Azem chanteur-auteur-compositeur-interprète ne cessera de décrire son siècle, ses concitoyens tout comme le mal et le bien qui gouvernent le monde.
Poète engagé, son œuvre satirique est à l’image de la société, de ce renversement des valeurs morales, il reste très attaché à la religion et aux traditions. Malgré un répertoire très riche et très varié, Slimane Azem reste très pudique car dans ses chansons il s’adresse surtout aux familles.
Il sera le premier artiste algérien à recevoir un disque d’or.
Il a dit aussi:
« A vous les jeunes, donnez-moi votre parole d’honneur, je vous laisse pour continuer comme si j’existais éternellement ».
Eternel, cet homme-orchestre, le sera tant que de jeunes chanteurs kabyles comme Rabah Asma perpétueront sa mémoire avec les reprises de ses chansons les plus célèbres et les plus engagées.
Parti un certain jour d’hiver glacial, le 28 janvier 1983, Slimane Azem, restera à jamais dans les cœurs de ses nombreux fans et de tous les Algériens.