Les combattants kurdes en Syrie qui défendent la ville d'Aïn el-Arab (Kobané) ont accueilli hier avec soulagement les premières armes larguées par les Etats-Unis près de la frontière turque, où ils réussissent à freiner l'avancée de l'organisation autoproclamée Etat islamique «Daech», alors qu'Ankara a rejeté tous les appels de fournir des armes aux Kurdes.
L'armée américaine a procédé dimanche au largage d'armes, de munitions et du matériel médical aux Kurdes de Syrie, assiégés dans la ville d'Aïn el-Arab, selon le centre de commandement américain pour le Moyen-Orient et l'Asie centrale, (Centcom).
Trois avions cargos C-130 ont effectué plusieurs largages de matériel fournis par les autorités kurdes d'Irak pour permettre aux Kurdes de résister à l'offensive de Daech contre la ville, a précisé le Centcom, dans un communiqué. Le matériel largué comprenait des armes légères.
Les armes seront «d'une grande aide» pour lutter contre Daech
Le porte-parole des Unités de protection du peuple (YPG) Redur Xelil, qui a confirmé l'arrivée de ces armes au dessus des positions des YPG, qui contrôlent encore environ 50% d'Aïn el-Arab, a précisé qu'elles auront «un impact positif» sur les opérations militaires contre Daech.
«L'assistance militaire envoyée par des avions américains à l'aube sur la ville d'Aïn el-Arab était une bonne chose et nous remercions l'Amérique pour son soutien», a-t-il dit, soulignant que «cela aura un impact positif sur les opérations militaires menées contre Daech et nous espérons en recevoir plus».
Ankara rejette l'idée d'armer les Kurdes syriens, aide ceux d'Irak
Si pour pour Washington, les parachutages sont le meilleur moyen de faire parvenir des approvisionnements et «l'occasion de frapper un grand coup contre l'EI», Ankara, qui s'est engagé à renforcer la lutte contre Daech, a rejeté dimanche les appels lancés pour fournir des armes aux combattants kurdes en Syrie, accusant notamment le principal parti kurde en Syrie, le PYD, dont les YPG sont la branche armée, d'être une «organisation terroriste» liée au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène depuis 30 ans une insurrection pour réclamer l'autonomie du sud-est de la Turquie. «Il a été question de livrer des armes au PYD pour former ici un front contre l'Etat islamique.
Pour nous, le PYD est pareil au PKK, il s'agit d'une organisation terroriste», a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan.
«On aurait tort de s'attendre à ce que nous disions ouvertement +oui+ à notre allié américain de l'Otan pour donner ce genre de soutien», a souligné M. Erdogan, cité par l'agence officielle turque Anatolie. D'un autre côté, les autorités turques qui ont promis de renforcer la lutte contre Daech, ont annoncé hier qu'Ankara a pris des mesures pour aider les combattants kurdes d'Irak à rejoindre, via son territoire, la ville d'Aïn el-Arab.
«Nous aidons les forces des +peshmergas kurdes+ à franchir la frontière pour aller à Kobané», a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, soulignant que son pays n'a»jamais voulu que Kobané tombe» et que «la Turquie a mené différentes initiatives pour l'empêcher».
Poursuite des raids de la coalition internationale contre Daech
Sur le terrain, les avions de la coalition internationale, conduite par les Etats-Unis, ont accru ces derniers jours les raids sur Kobané, ayant désormais frappé plus de 135 fois les positions de Daech dans et autour de la ville depuis fin septembre, selon le Centcom.
«Combinées à une résistance continue sur le terrain», ces frappes ont «tué des centaines de combattants (de l'EI) et détruit ou endommagé» de nombreux équipements de l'EI, a souligné le Centcom. Il a toutefois répété que la situation d'Aïn el-Arab restait «fragile».
Dans la nuit de dimanche à lundi, les éléments de Daech ont tenté d'avancer vers le centre-ville mais les combattants kurdes ont repoussé l'assaut, faisant au moins 8 morts dans les rangs de Daech, selon l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme (OSDH). Bien que le réapprovisionnement des Kurdes à Aïn el-Arab était «urgent», les frappes aériennes «restent le meilleur moyen pour soutenir» la lutte contre Daech, selon un haut responsable américain.
