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Burkina Faso : deux militaires s'autoproclament chef de l'Etat, l'opposition appelle à l'entente

Publié par DK News le 01-11-2014, 15h23 | 43
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Deux militaires, se disputant le pouvoir au Burkina Faso, se sont autoproclamés chef de l'Etat, au lendemain de la démission du président Blaise Compaoré, créant une situation confuse et incertaine qui menace la stabilité de ce pays de l'Afrique de l'Ouest.

Vendredi après-midi, le chef d'état-major des armées, le général Nabéré Honoré Traoré, avait fait savoir qu'il assumerait les «responsabilités de chef de l'Etat», «conformément aux dispositions constitutionnelles», quand bien même l'intérim revient au président de l'Assemblée nationale en cas de «vacance» du pouvoir, selon les termes de la Loi fondamentale burkinabè.

L'annonce, qui a provoqué la colère dans les rues de Ougadougou -- le général Traoré étant considéré comme trop proche de l'ancien chef de l'Etat -- a également provoqué des dissensions dans l'armée.
Le colonel Isaac Zida, à la tête d'un groupe de jeunes officiers, a multiplié les interventions, décidant dans un premier temps de la «suspension» de la Constitution.

Puis il a annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes, ainsi que la «prise du pouvoir» par «les forces vives de la nation et les forces armées nationales» qu'il dit représenter.
Fort du soutien d'importantes composantes de la société civile, dont le «Balai citoyen», organisation en pointe dans la mobilisation anti-Compaoré, le groupe a également déclaré qu'il mettrait prochainement en place un nouvel «organe de transition» favorisant un «retour rapide» à l'ordre constitutionnel.

Dans la nuit de vendredi à samedi, le colonel Zida, devant les caméras d'une télévision privée, a à son tour déclaré qu'il «assumait» les responsabilités de «chef de la transition» et de «chef de l'Etat», invitant «l'ensemble des partis politiques et des organisations de la société civile» à définir les «contours» et «contenus» d'une «transition démocratique apaisée».

Plus tard, lors d'une interview, il a qualifié de «caduques» les déclarations de son concurrent.
Ces deux hommes, au discours identique, prétendant au même poste, ont supplanté un troisième homme, le général en retraite Kouamé Lougué, pourtant favori de la foule.

Les deux hommes devaient se rencontrer samedi, selon des sources proches de leurs entourages.Isaac Zida s'entretiendra également avec d'autres militaires, des diplomates et des responsables politiques, a-t-on ajouté de même sources.

L'opposition espère une entente au sein de l'armée

Le chef de l'opposition burkinabé Zéphirin Diabré, qui ne s'est pas ouvertement positionné, a espéré que les deux factions militaires qui ont revendiqué le pouvoir parviendront à «s'entendre».
M. Diabré a indiqué que «c'est à eux (militaires, Ndlr) de s'organiser. J'espère qu'ils vont s'entendre».
«On s'attend à ce que l'armée nous dise ce qu'elle compte faire de la transition, nous leur dirons ce que nous pensons», a ajouté M. Diabré, espérant que cette transition vers un régime civil durerait moins d'un an.

Se disant «satisfait» de la démission du président Compaoré, le chef de l'opposition a observé qu'il restait beaucoup de «challenges» pour «reconstruire le pays».La France, les Etats-Unis, et l'Union européenne ont exprimé leur attachement à une transition conforme à la légalité constitutionnelle.
Le Burkina Faso n'a connu qu'un seul président ces 27 dernières années. Blaise Compaoré, arrivé en 1987 au pouvoir par un coup d'Etat, avait ensuite effectué deux septennats et s'apprêtait à achever son deuxième quinquennat.

Sa volonté de réviser la Constitution pour lui permettre d'être candidat à la présidentielle de 2015 l'a finalement perdu: les manifestations de mardi ont amené des centaines de milliers de personnes dans les rues de la capitale.

Le maintien du vote jeudi au Parlement pour modifier la Loi fondamentale et lui permettre de garder le pouvoir a embrasé le Burkina Faso (Assemblée nationale incendiée, télévision publique prise d'assaut, violences en province, appels à la démission du président). Blaise Compaoré a finalement dû démissionner un an avant l'échéance de son dernier mandat.

«Dans le souci de préserver les acquis démocratiques, ainsi que la paix sociale (...), je déclare la vacance du pouvoir en vue de permettre la mise en place d'une transition», a-t-il déclaré dans un communiqué vendredi à la mi-journée.

L'ex-chef de l'Etat se trouve «dans un lieu sûr» et son intégrité «physique et morale» est «assurée», a fait savoir le colonel Zida.Selon l'AFP, qui cite des témoins et une source sécuritaire qu'elle n'a pas identifiée, M. Campaoré se trouvait samedi à Yamoussoukro, en Côte d'Ivoire, où il s'est installé la veille au soir dans une résidence d'Etat pour les hôtes étrangers.

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