Santé

Le centre de désintoxication de Blida : Une forte demande, mais des moyens limités

Publié par DK News le 01-11-2014, 15h36 | 153
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Le Centre de désintoxication du CHU Frantz Fanon de Blida accueille quotidiennement un nombre considérable de toxicomanes en quête d’un traitement, en dépit du peu de moyens dont dispose cette structure pour une prise en charge idoine de cette catégorie de malades, selon son directeur.

"Nous accueillons une moyenne quotidienne de 50 malades issus de toutes les wilayas, non encore dotées de ce type de structures (exception faite du centre de désintoxication de Sidi Chahmi à Oran)", a indiqué à l’APS Abderahmane Habibache.

Il a, néanmoins, déploré un "manque en moyens humains et matériels nécessités pour une prise en charge idoine des toxicomanes" qui, a estimé M.Habibache, "ont besoin de soins psychiques et somatiques spécifiques".

En effet, ce centre, ouvert en 1997, dont l’encadrement est assuré par une équipe médicale composé de 14 praticiens, entre médecins et psychologues, n’est doté que d’une quarantaine de lits pour les hommes et une dizaine d’autres pour les femmes, "une contrainte (manque de lits) qui nous a contraint à maintes reprises à ne pas accepter des malades", a souligné ce responsable, signalant, également, un manque en psychologues, l’effectif disponible étant d’un psychologue pour chaque 10 malades, alors que le critère en la matière est d’un médecin pour deux (2) malades au maximum.

Ce manque de moyens est d’autant perceptible, avec la croissance du nombre des malades d’année en année. Le centre a accueilli prés de 8000 toxicomanes (dont 6860 hommes et 290 femmes) en 2013, contre 4968 en 2008, et 3755 en 2005.

Le suivi psychologique, une étape décisive dans la désintoxication

Selon le Dr Yacine Bouguermouh, un médecin spécialiste du centre de désintoxication de Blida, l’augmentation du nombre de malades en quête d’un traitement au niveau de ce centre s’explique par "la prise de conscience des jeunes toxicomanes de la nécessité de se faire aider".

Il a souligné, à cet égard, que le traitement requiert 21 jours, une "durée estimée suffisante pour dissiper l’effet des drogues" selon ce praticien, qui a relevé que le malade peut raccourcir ce délai de traitement s’il en exprime le v£ux, car c’est le "toxicomane lui-même qui prend la décision de rejoindre le centre" , mais il est tenu en contrepartie d’en respecter les règles internes relatives notamment, aux visiteurs autorisés (soit les parents et frères et sœurs seulement).

Il existe, également, des toxicomanes qui sont traités sans séjourner au niveau du centre, à cause du manque de lits, en se soumettant à des visites hebdomadaires, puis mensuelles. "Mais, il est évident que le traitement avec un séjour au centre est nettement meilleur, car le malade est maintenu éloigné des tentations", a estimé Dr Bouguermouh. Pour le Dr Hedague Souad, une autre psychologue du centre, le "suivi psychologique est d’une importance vitale pour le toxicomane", car "si celui-ci peut facilement désintoxiquer son corps, il a des difficultés à se débarrasser de sa dépendance à la drogue".

Aussi, le "traitement de ce volet psychologique nécessite une longue période pouvant aller jusqu’à une année, à condition que le malade soit régulier à ses séances de traitement", a-t-elle indiqué, assurant, en outre, que la "volonté de guérir représente 50% de la guérison elle- même".

Des parents qui obligent des adolescents à se faire traiter

Dr Hedague a tenu à poser le problème de nombreux adolescents qui se présentent au centre, en compagnie de leurs parents, avec des signes évidents de colère, car ne voulant pas se faire soigner. Une majorité de ces parents ont d’énormes difficultés à communiquer avec leurs enfants, que la drogue a rendu très agressifs, ceci d’autant plus qu’ils les ont obligés à se faire soigner.

Une dame de Baraki a raconté à l’APS qu’elle souffrait quotidiennement de l’agressivité de son fils de 15 ans, qui ne cessait pas de réclamer de l’argent, ou de voler des objets à la maison quand on ne lui en donnait pas. Très affligée par l’état de son fils, elle a avoué avoir découvert sa dépendance à la drogue à l’âge de 13 ans, en remarquant un changement dans son comportement, et la rougeur permanente de ses yeux.

Il a été expulsé de son école, car ils ont découvert qu’il consommait toutes sortes de drogues (kif, psychotropes, alcool). Un fait qui rend son traitement extrêmement difficile, en plus du refus de se faire soigner.

"Un toxicomane dépendant de plusieurs drogues est plus difficile à traiter qu’un malade consommant une seule drogue" selon Dr Meslem Leila. A l’opposé de ce cas, le jeune amine (17 ans) d’Ain Defla a déclaré à l’APS avoir commencé par être dealer de la drogue, avant d’en consommer. Mais après deux années de dépendance, il a décidé volontairement de se faire soigner pour arrêter.

Son médecin traitant, Dr Bouguermouh, a indiqué, à son propos, que ce jeune est "une victime des mauvaises fréquentations, mais qu’il est en voie de guérison grâce à sa forte volonté de s’en sortir". De son coté, Nazim (38 ans), toxicomane depuis une quinzaine d’années, a expliqué sa dépendance aux drogues par des "problèmes psychologiques liés à la nature de son travail".

Il a décidé de se soigner après avoir perdu son travail et avoir été abandonné par sa famille, a t-il souligné. Dr Meslem a déclaré, à son propos, que son traitement "va durer un certain temps", car il a été "dépendant de plusieurs drogues à la fois, et pendant assez longtemps".

Pour le Dr Hedague Souad, la famille est dotée d’un rôle vital dans le soutien du malade et sa réintégration sociale après la fin de son traitement et sa sortie du centre, car il "existe toujours une possibilité qu’il n’arrive pas à réintégrer la société et qu’il replonge dans la drogue ". "La famille se doit de tenir le malade éloigné de tout ce qui le lie ou lui rappelle sa dépendance, tout en se comportant avec lui de façon normale, et ne pas lui rappeler son passé", a-t-elle conseillé.

 

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