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M. Ahmed Mizab invité du Forum de DK News - L’Afrique sur le chemin de la résolution des crises internes : Les grands défis du Sahel

Publié par DK News le 04-11-2014, 19h17 | 148
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Toute approche opérée en direction de l’Afrique privilégiait l’angle de la conflictualité. Depuis la fin des conflits inter étatiques, se sont presque généralisées les conflits intra étatiques qui ont offert aux mouvements terroristes de larges possibilités de croissance favorisées par les luttes autour des enjeux de pouvoir, de rente et de criminalité internationale liées plus particulièrement au trafic de drogue et de contrebande.

Toute approche cependant ne doit pas se traduire sous la forme d’une vision exclusivement assombrie car il y a des Etats qui n’ont pas baissé les bras et qui se démènent pour planter en Afrique les germes de la paix, de la sécurité et du développement et l’Algérie en est de ceux là.

Il y a des Etats qui sont connus pour leur disponibilité à organiser des médiations entre les parties belligérantes et qui sont sollicités pour aider à réinstaller l’espoir de façon durable et l’Algérie en est de ceux-là. La paix en Afrique est possible. La sécurité en Afrique est possible. Le développement en Afrique est possible. Les instabilités, les insécurités et les incertitudes ne constituent pas une fatalité pour l’Afrique.  

Pour en débattre, le forum de DK News a invité hier le Dr Ahmed Nizab, président de la commission algéro-africaine pour la paix et la réconciliation. A également été invité M. Babali Mohamed, député de Tamanrasset, vice-président de l’Assemblée nationale.

Le Dr Mizab a fait un large tour d’horizon sur les questions de sécurité liée aux Etats de la région puis du continent africain. Pour ce qui concerne notre région, des pays risquent de sombrer s’ils ne reçoivent pas toutes les aides attendues.

La Libye est sur le point de s’émietter, le Mali s’est engagé sur la voie de la négociation avec le dialogue inter malien qui se déroule à Alger qui organise et coordonne la médiation. La Tunisie a tendu la perche à la paix par la tenue avec succès des élections  législatives. Restons uniquement dans notre région pour ne pas trop déborder sur les situations nouvelles créées au Burkina Faso, en RDC et ailleurs.

Il y a dans notre région des tentatives de miner les cohésions nationales par la création de clivages communautaires et de leur exacerbation alors qu’auparavant ils n’existaient pas du tout en termes de divisions. Ils se sont heurtés au sentiment national fort et à la détermination des forces armées soutenues par une volonté politique.

L’Algérie (société et armée) qui a su garder sa cohésion, est sortie vainqueur de la lutte antiterroriste et est sollicitée maintenant pour apporter sa maîtrise institutionnelle et sécuritaire aux pays voisins pour garantir une sortie de crise.

On comprend que ceux qui ont voulu déstabiliser l’Algérie voulaient empêcher que sa contribution soit apportée aux pays ciblés par le terrorisme.  C’est cette expérience qui est sollicitée par les appels à l’Algérie et celle-ci, fidèle à ses principes d’aide sans ingérence est très active sur le terrain.

Si on considère par exemple le Mali, bien que l’intervention militaire était autorisée par l’Onu, et voulue par une puissance occidentale, l’Algérie et la Cédéao préféraient privilégier le dialogue. C’est ce qui se passe maintenant. Il est démontré que l’intervention militaire ne peut pas car n’a pas pu ramener la paix et la réconciliation .

Il n’existe aucune intervention militaire qui a pu ramener la paix. Aucune, et bien au contraire, les interventions militaires aggravent les situations politiques, frustrent davantage les populations, et parfois provoquent des guerres en livrant les populations aux milices. L’Irak, la Libye, l’Afghanistan en sont de parfais exemples sans oublier la Syrie qui a à faire face à des mercenaires recrutés, financés et armés par des Etats.

L’Afrique sur le chemin juridique d’une sécurité commune car elle s’est donnée des mécanismes juridiques et un cadre juridique d’interventions, à travers le Conseil de Paix et de Sécurité, la prévision de constitution d’une force inter africaine d’intervention dite en attente, ainsi que des moyens juridiques de lutte contre le terrorisme.

Politique africaine de défense commune ? Plutôt de sécurité commune car il ne s’agit pas de se coaliser contre une puissance extérieure. Par le refus de reconnaître les coups d’Etat, l’Afrique finira par homogénéiser les systèmes politiques et  pouvoir bénéficier d’une réelle autonomie de décision par rapport aux puissances étrangères, occidentales plus particulièrement.

Mais concernant l’autonomie de décision, l’Afrique est sur la bonne voie. Elle ne peut que l’être car des pays comme l’Algérie en font un principe cardinal.Si l’Afrique est réputée pour certaines de ses causes de rupture des cohésions nationales induisant des conflits internes interminables, trop écartelée par un mauvais tracé des frontières qui avait trop induit de clivages ethniques.

L’Algérie n’a jamais cessé de recommander le dialogue débouchant sur les réconciliations comme elle s’oppose à des démarches militaires extérieures qui ne sont pas couvertes par les Nations unies.

Les exemples ne manquent pas et qui sont assez révélateurs des difficultés à se créer des espaces internes de mobilisation nationale autour des démarches de paix suite à des interventions militaires extérieures.

Par Saïd Abjaoui


Seul le dialogue...
M. Ahmed Mizab, expert des questions sécuritaires et président de la commission algéro-africaine pour la paix et la réconciliation dans le cadre d’une conférence-débat sur des sujets d’actualité locale, régionale et internationale, a développé une analyse basée sur des faits d’actualité (événements de Ghardaïa, situation en Libye et au Mali, soulèvement des Burkinabè) et des décryptages de la tendance à l’instauration d’un nouvel ordre mondial « dont le souffle actuel concerne la reconfiguration de l’espace géographique entre l’Atlantique et le Golfe d’Oman. »

Le dessein du Grand Moyen-Orient, c’est une nouvelle carte, de nouveaux «Etats» fondés sur la régionalisme, les ethnies, le sectarisme religieux.

M. Mizab a tenu à développer un point sur la situation à Ghardaïa affirmant que «ses visites ont permis de savoir que les divergences existantes ne sont pas insolubles, les communautés ayant à cœur de préserver l’unité nationale. Il me semble que toutes les parties sont décidées à approfondir les échanges afin d’arriver à la sécurité et la stabilité dans cette région. »

Mali

Abordant la question malienne, le conférencier a mis en évidence l’action de l’Algérie pour la reprise du dialogue inter malien, le soutien de la démarche algérienne en la matière de la part de l’ONU, de l’UE notamment. « Les réunions d’Alger suivies de celles de Tunis, le Caire et Madrid ont conforté l’Algérie dans son action en faveur de l’unité du Mali, de sa sécurité, de son développement, de sa stabilité », a-t-il insisté.

Les élections en Tunisie

Ce point est développé pour mettre en relief la maturité du peuple tunisien, de ses partis, y compris celui de Ghannouchi, naguère inspiré du mouvement des Frères musulmans d’Egypte et qui a accepté les résultats des urnes le plaçant au deuxième rang après le parti Nida Tounés. Ahmed Mizab a souligné la forte participation des jeunes tunisiens au vote, ils étaient plus de la moitié des votants.

La réaction des Tunisiens à la venue de BHL après le scrutin illustre selon le conférencier  le rejet «des fauteurs de désordre arabe » !

Burkina Faso

Le soulèvement populaire à la suite des velléités de briguer de nouveaux mandats au mépris de la Constitution aura-t-il des conséquences sur la situation au Sahel «du fait que les acteurs de la contestation au Nord Mali étaient installés au Burkina Faso ?» C’est en tout cas ce que souhaite un député algérien participant à la conférence.

Libye

La situation en Libye suite à l’intervention armée de plusieurs pays européens et des USA a conduit à la défaite de Kadhafi, son assassinat et à l’éclatement de la société libyenne en blocs tribaux, identitaires, sectaires religieux, trafiquants d’armes sophistiquées dans toute la région sahélienne et jusqu’au Moyen-Orient.

Le résultat de l’intervention militaire est la perte de l’unité  nationale et du rôle de ce pays dans la région. Dans la recherche du règlement de la crise libyenne, de nombreuses voix se sont exprimées pour que l’Algérie entame des contacts dans ce but ; le conférencier a mis l’accent sur la difficulté et le défi que cela représente pour l’Algérie s’agissant d’un peuple frère, d’un pays ami.

L’assistance est restée sur sa faim, car ni les évènements en cours en Syrie et en Irak n’ont été abordés, pas plus que les vrais objectifs de contrôle des sources d’énergie  de la région Maghreb-Moyen-Orient. En somme, la nationalité des vents qui soufflent pour imposer un nouvel ordre mondial est restée inconnue.

La chute des prix du pétrole freine le développement des pays comme l’Algérie

L’approche algérienne des résolutions des crises est un barrage contre l’intervention armée. C’est une vérité qui s’impose et porte un coup sérieux aux politiques de la canonnière qui tendent à se répéter au mépris du droit international.

La diplomatie algérienne inclusive de tous les intervenants dans un conflit, une crise peut être lente (et coûteuse), elle permet de prendre en compte tous les aspects des divergences, de leurs causes, des objectifs partisans aussi éloignés soient-ils, de proposer une base de rapprochement des positions et d’atteinte de l’union vers la reconstruction de l’unité nationale, de la mise en place de mécanismes garantissant la sécurité, le renforcement des institutions de l’Etat national, du développement économique et social et de tous les points qui renforcent la cohésion du pays.

Une rapide évaluation de l’action de l’Algérie au travers des documents publics met en évidence l’importance du Mali dans la paix régionale, tout comme la nécessité de mettre en échec les trafiquants d’armes qui agissent en Libye et dans toute la région à la suite du renversement de l’Etat national.

La diplomatie algérienne présente partout où la paix et le développement pacifique du monde sont en débat apparaît comme une arme, celle des plus nobles idéaux de l’Homme.
La puissance ne devrait pas avoir d’autre définition.

Par  O. Larbi


La paix au Mali met en jeu 30 milliards de dollars !

 

L’instauration de la paix au Mali et dans les pays du Sahel mettra en jeu les intérêts des narcotrafiquants notamment ceux du Maroc dont les revenus générés par le trafic de drogue sont estimés à plus 30 milliards de dollars par an.

«Produite au Maroc, la drogue particulièrement le cannabis, transite par la Mauritanie puis le Nord du Mali pour atterrir en Libye où les narcotrafiquants se chargent de l’exporter vers l’Europe. L’instauration de la paix dans cette région mettra hors jeu ce circuit et, par conséquent, portera atteinte aux intérêts financiers du Maroc» a souligné, M. Baba Ali Mohamed.               

Par Rachid Rachedi


Libye 45 millions d’armes en circulation !

 

La pérennité de la crise libyenne menace la stabilité et la sécurité des pays nord-africains y compris l’Algérie. Du temps de l’ancien leader Maâmar El Gueddafi, 20 millions d’armes circulaient en Libye.

«Ce nombre à littéralement doublé en trois ans de conflits, plus exactement  depuis le début de la crise le 17 février 2011, pour atteindre aujourd’hui les 45 millions d’armes tous types confondus. Le pays est devenu le premier fournisseur des groupes terroristes qui activent au Sahel notamment au nord du Mali» a indiqué le Dr Mizab.   
Par Rachid Rachedi

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