Dans «Sami et la planète bleue», un roman de science-fiction sur le thème de la solidarité paru à l'occasion du 19e Sila, l’auteure algérienne Leila Hamoutene offre aux jeunes lecteurs une occasion rare de réfléchir sur des drames humains nés de conflits violents à travers le monde.
Ce livre de 110 pages, paru dans la collection «Juniors» des éditions Casbah, relate les aventures de Sami, un collégien studieux et féru d’informatique qui reçoit un jour, sous la forme d'un message codé, une mystérieuse invitation d'un extraterrestre lui demandant s’il était «prêt».
Cette invitation, suivie d’une rencontre avec «Kalem» de la planète «Licorna», est le point de départ d’une fantastique aventure où Sami, choisi pour aider ces extraterrestres philanthropes à «soulager les douleurs» des Terriens, se retrouve, successivement, au Rwanda en Irak et en Palestine.
Grâce au «radar-à-peine-et-sanglot» du vaisseau spatial permettant de détecter les «souffrances» les plus aiguës des humains, Sami rencontre et aide d’autres adolescents aux vies bouleversées par des conflits violents (génocide au Rwanda en 1994, invasion américaine de l’Irak en 2003 et bombardement israélien de Gaza en 2014).
L’adolescent, déjà sensibilisé aux drames du monde par les commentaires de ses parents sur l’actualité, comprend ainsi qu’»au-delà de son univers familier» existe un «monde cruel même pour les enfants» : une prise de conscience, centrale dans le roman, que Leila Hamoutene communique aux jeunes lecteurs avec une grande subtilité.
Elle est, en effet, visible à travers les interrogations existentielles du héros qui doit finalement apprendre --devant l’ampleur des souffrances qu’il côtoie-- à «rire de tout pour ne prendre au sérieux que l’amour des autres», mais également dans ces échanges avec l’extraterrestre.
Ce dernier, en véritable mentor, ne cesse, tout au long du roman, d’éclairer son protégé sur l’histoire des guerres à l’origine des souffrances des personnes secourues, participant progressivement à sa prise de conscience.
Les informations que livre Kalem à propos de la manière, tout à fait pacifique, dont se règlent les conflits sur la planète Licorna, offre par ailleurs, un contraste saisissant avec une humanité qui n’a pas encore réussi à «s’élever» au-delà de sa profonde «nature animale».
Ecrit dans une langue accessible sans pour autant sacrifier la beauté du style et la profondeur du message, «Sami et la planète bleue» constitue un exemple rare dans le paysage éditorial de la littérature jeunesse algérienne, souvent simpliste dans la langue et le propos.
Ce livre impose également Leila Hamoutene- psychologue scolaire et enseignante de formation- comme un écrivain aux multiples facettes qui propose une expérience des plus réussies destinées aux futurs adultes, après deux romans sur l'histoire de l'Algérie.
