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Syrie : L'EI confronté à une "guerre d'usure" à Kobané devant la résistance kurde et les raids de la coalition

Publié par DK News le 14-11-2014, 16h52 | 45
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L'organisation autoproclamée Etat islamique (Daech/EI) est désormais confrontée à une "guerre d'usure" à Kobané, une localité kurde du nord de la Syrie en raison de la résistance des forces kurdes et des frappes de la coalition internationale, selon des sources concordantes.

L'EI, qui menait jusqu'à présent des offensives fulgurantes, "fait face désormais à une guerre d'usure plus coûteuse pour ses hommes que pour leurs adversaires kurdes", souligne Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) qui s'appuie sur un large réseau de militants et d'informateurs à travers le pays ravagé par la guerre civile depuis plus de trois ans.

Selon lui, l'équilibre de forces sur le terrain n'a pas beaucoup changé depuis l'arrivée le 31 octobre des renforts de peshmergas irakiens pour épauler les combattants kurdes et syriens."Il s'agit d'une guérilla urbaine dans une ville partagée en deux.

Les combats se poursuivent dans le centre et le sud, mais ce sont surtout les tireurs embusqués qui sont en action, notamment ceux de l'EI postés sur les immeubles dans les secteurs sous leur contrôle et sur la ligne de front", dit-il. "Les armes qui sont parvenues aux Kurdes, les renforts des peshmergas, la campagne médiatique internationale, le moral des YPG, tout ceci a fait que la chute de Kobané est devenue improbable, sauf surprise", ajoute-t-il.

Certes l'EI contrôle toujours de larges régions autour de la ville mais n'y laisse pas un grand nombre d'éléments qu'il préfère envoyer au front. Les forces kurdes parviennent ainsi à attaquer des positions de l'EI faiblement défendues loin "de 5 à 15 km de Kobané, ce qui rend le groupe de plus en plus nerveux".

M. Abdel Rahmane va jusqu'à dire que, tirant le bilan de son "échec", l'EI "se retirera brusquement" de Kobané. "Nous assistons à une défaite" de l'EI à Kobané, dit un journaliste kurde à l'intérieur de Kobané, Farhad Shami, tout en estimant que "la bataille ne s'arrêtera pas même en cas de retrait éventuel des jihadistes".

L'EI contrôle plus de la moitié de Kobane mais n'"avance plus"

L'"EI contrôle plus de la moitié de la ville mais n'avance plus. Il y a quelques semaines, tout semblait indiquer que Kobané allait tomber et il est clair aujourd'hui qu'elle ne va pas tomber", selon un expert "des mouvements jihadistes" Romain Caillet, cité vendredi par l'AFP. Ses éléments ultra-radicaux pensaient en finir rapidement avec Kobané, qui représentait à leurs yeux une verrue dans les territoires conquis à cheval sur la Syrie et l'Irak.

La Turquie affirmait même en octobre que la ville était sur le point de tomber, quelques semaines après le début de l'offensive pour la conquérir le 16 septembre. Après s'être emparés de dizaines de villages aux alentours, les membres de l'EI se sont présentés le 6 octobre aux portes de Kobané, suscitant un mouvement de panique parmi les habitants qui ont fui par dizaines de milliers vers la Turquie voisine.

"L'EI est alors tombé dans un piège terrible, notamment parce que les Etats-Unis avaient répété que ce n'était pas à leurs yeux une position stratégique. Mais en réalité leur aviation est entrée en action et rien n'est plus facile à des avions que de frapper une ville vide", souligne cet expert. Selon ce chercheur, "les jihadistes sont des Syriens mais aussi des Ouzbeks et des Tchétchènes qui sont des guerriers aguerris. Pour un combattant kurde tué, il y a deux fois plus de jihadistes qui périssent.

Il y a même cinq Français qui sont morts en une seule frappe". Selon l'OSDH, 609 éléments de l'organisation Daech/EI ont péri dans la bataille de Kobané, contre 363 membres des forces kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) et 24 civils. La ville comptait près de 150.000 habitants, en très grande majorité kurdes, avant l'offensive.

Mort de dizaines de civils dans les frappes de la coalition

Les frappes de la coalition internationale contre l'EI, dont l'éssentiel ont été menées par les Etats-Unis, depuis le 23 septembre ont fait 865 morts dont 50 civils en Syrie. Ces opérations ont tué 746 membres de l'EI qui constrituent la grande majorité des morts, indique l'observateur syrien des droits de l'homme (OSDH), ajoutant que ce bilan pourrait être revu à la hausse.

Huit des civils tués sont des enfants et cinq sont des femmes, rapporte l'organisation basée à Londres, précisant que les frappes de la coalition se sont concentrées sur les provinces d'Alep, Dir al Zour, Hassaka, Rakka et Idleb. Le "Front al Nosra", désignant la branche d'Al Qaida en Syrie, a perdu 68 membres, selon l'ONG syrienne.

Les Etats-Unis ont justifié cette intervention militaire en Syrie en s'appuyant sur l'article 51 de la Charte des Nations unies qui prévoit le droit collectif et individuel à l'auto-défense face à une attaque armée. Les Etats-Unis interviennent également par des raids aériens en Irak depuis le mois de juillet.

Les EtatsUnis portent la responsabilité de l'opération contre l'EI

Depuis le début des raids aériens le 8 aout contre l'EI en Irak, puis en Syrie, depuis le 23 septembre, la coalition a largué environ 2.400 bombes et missiles au cours de plus de 800 frappes aériennes, selon des responsables militaires. Divers groupes indépendants n'avancent pas de chiffres précis concernant le nombre de civils tués durant ces opérations.

Le commandement américain chargé du Moyen-Orient et de l'Asie centrale (Centcom) affirme n'avoir pu confirmer la mort d'aucun d'entre eux. Ces affirmations ont été dévoilées alors que la chaîne d'information CNN croit savoir que le président américain Barack Obama envisage un "changement de stratégie pour lutter contre les djihaddistes" en Syrie.

Le président serait même allé jusqu'à dire qu'il ne serait pas possible de venir à bout de l'Etat islamique sans un "changement de régime" en Syrie. Citant de hauts responsables américains, la chaîne précise que les conseillers à la sécurité nationale d'Obama ont eu au cours de la semaine écoulée quatre réunions visant à adapter la stratégie syrienne de Washington dans l'optique de battre l'EI.

Obama et son administration soulignent fréquemment l'importance des partenaires dans cette coalition, notamment celle des quatre pays arabes (Jordanie, Bahreïn, Emirats arabes unis et Arabie saoudite), mais les chiffres prouvent que les Etats-Unis portent la responsabilité et la charge de la majorité de l'opération "Détermination absolue". Les Etats-Unis ont ainsi effectué 85 pc des raids aériens sur l'EI depuis le début de la campagne en août, a fait savoir le Pentagone mercredi.

 

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