Le Burkina Faso vient de se doter d'un gouvernement de transition qui gérera le pays jusqu'aux élections présidentielle et législatives prévues en novembre 2015 et au sein duquel l'armée occupe les deux postes-clés de la Défense et de l'Intérieur.
Reportée trois fois depuis jeudi, la composition du gouvernement intérimaire a été rendue publique dimanche en fin d'après-midi, après plusieurs jours de difficiles tractations.Les Burkinabé attendaient avec impatience de connaître les noms et surtout les tendances politiques des nouveaux ministres au sein du gouvernement de Michel Kafando, élu président intérimaire le 17 novembre par le comité de transition.
Les postes-clés détenus par l'armée
La place des militaires dans ce gouvernement reste prépondérante. Le lieutenant colonel Issac Zida qui était à la tête du pays depuis la démission sous la pression de la rue du président Blaise Compaoré le 31 octobre dernier, a été nommé Premier ministre. Il s'est également vu attribuer le ministre de la Défense. Quant au président de la transition Michel Kafando, il occupe aussi au sein de ce nouveau cabinet, le poste de ministre des Affaires étrangères.
Sur les 26 ministres, six sont issus des rangs de l'armée dont ceux des mines, un secteur stratégique, des Communications et de l'Intérieur. Plusieurs postes importants ont néanmoins été confiés à des membres de la société civile dans le gouvernement de transition comme celui de l'Economie et les Finances qui revient à Jean Gustave Sanon, qui avait travaillé dans ce ministère au Burkina, avant de faire carrière à l'Uémoa (l'union monétaire ouest-africaine, la zone franc CFA) et au Fonds monétaire international (FMI).
Joséphine Ouédraogo, candidate malheureuse au poste de président de la transition, devient ministre de la Justice. Augustin Loada, figure éminente de la société civile, est chargé de la Fonction publique.
Volontairement, les chefs de l'opposition ne figurent pas au gouvernement de transition, car aucun des membres du nouvel exécutif ne sera autorisé à participer aux élections de novembre 2015.
Le gouvernement de transition burkinabé doit tenir lundi son premier Conseil des ministres, selon M. Alain Thierry Ouattara, nouveau secrétaire général du gouvernement qui a lu la composante du cabinet intérimaire devant la presse au palais présidentiel de Kosyam, à Ouagadougou.
Remettre en marche le pays
Le gouvernement intérimaire dirigera le pays pendant un an avec pour principale mission la relance de ce petit pays du Sahel et l'organisation des élections présidentielles et législatives qui mettront fin à la transition en novembre 2015.
Vendredi dans son discours d'investiture, M. Kafando a fixé un cap clair au gouvernement de transition: tourner la page des 27 années de pouvoir de Blaise Compaoré, chassé par une insurrection populaire en raison de son souhait de réviser la Constitution pour pouvoir briguer un nouveau mandat.
Nommé lundi à la tête de la transition, après deux semaines d'intenses tractations, l'ancien diplomate à l'ONU, a envoyé un autre signal fort en annonçant des investigations pour identifier le corps du président Thomas Sankara, tué à la suite d'un putsch qui porta au pouvoir en 1987 Blaise Compaoré.
La famille Sankara demande depuis 1997 l'exhumation de la dépouille de cette icône du panafricanisme pour vérifier que le corps enterré est bien le sien, ce que la justice burkinabè n'a jusqu'à présent jamais accepté.
M. Kafando s'est aussi engagé à «ramener la morale à la première place dans l'exercice du pouvoir politique». «Le message du peuple est clair et nous l'avons entendu: plus jamais d'injustice, plus jamais de gabegie, plus jamais de corruption», a-t-il affirmé dans son discours d'investiture.
