Histoire

FLN : Une double mission

Publié par A. B. (*) Journaliste- Auteur le 13-12-2014, 17h18 | 65
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La proclamation du cessez-le-feu qui est intervenu en Algérie le 19 mars 1962, est consignée dans l’article premier des Accords d’Évian conclus entre le GPRA et le gouvernement français, à l’issue de 18 mois de négociations, plusieurs fois rompues.

Avant d’évoquer cette date, il est cependant utile de remonter dans le temps pour mettre en relief la démarche clairvoyante du FLN qui, dès le déclenchement de la lutte armée, n’a pas omis de placer la négociation comme la meilleure  des formes pour régler un conflit, surtout lorsque celui- ci présente la situation d’un peuple en opposition permanente à la domination. La négociation étant l’issue fatale, le FLN lui réserve tout un paragraphe dans la Proclamation du 1er Novembre 1954.

« … pour prouver notre réel désir de paix, limiter les pertes en vies humaines et les effusions de sang, nous avançons une plateforme honorable de discussion aux autorités françaises si ces dernières sont animées de bonne foi et reconnaissent une fois pour toutes aux peuples qu’elles subjuguent le droit de disposer d’eux-mêmes ». La violence c’est l’apanage des pays colonialistes, la mauvaise foi aussi. Dès novembre 1954, l’ancien ministre de l’Intérieur français ne mâche pas ses mots et ordonne le « rétablissement de l’ordre».

L’aviation se met alors en branle et bombarde les dechras, des renforts sont dépêchés, le peuple algérien va subir les pires avanies. Les camps de concentration se multiplient, le meurtre collectif se généralise, les procès s’annoncent en série, la guillotine se mit à fonctionner à un rythme effréné. Le colonialisme ne veut pas abdiquer sans avoir réprimé le peuple algérien. Pourquoi tant de sang, pourquoi tant de morts ?

Le colonialisme est un phénomène qui n’honore guère l’humanité.L’Occident est coupable de cette ignoble tare. Conscient de la justesse de sa cause et déterminé à poursuivre le combat libérateur, le FLN pose de nouveau, en 1956, les conditions sur de futures négociations. Disposé à s’asseoir à une table de discussions, le FLN pose des conditions qu’il énumère dans tout un chapitre de la plateforme du Congrès de la Soummam tenu le 20 août 1956.

Deux ans à peine après le déclenchement de la guerre de Libération nationale, le FLN parle des possibilités d’un cessez-le-feu : «Les conditions sur le cessez-le-feu étant remplies, l’interlocuteur valable et exclusif pour l’Algérie demeure le FLN ». A l’intérieur du pays, la guerre fait rage, l’ALN se bat avec héroïsme face à une puissance armée qui rase tout sur son passage, n’épargnant ni les femmes, ni les enfants, ni les vieillards.

A l’extérieur, les Algériens remportent de grands succès diplomatiques que le général de Gaulle qualifiera de «Dien-Bien-Phu diplomatique».Les autorités françaises comme l’avait prédit le FLN, vont engager dès 1960 des pourparlers avec le GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne institué en septembre 1958). La première conférence d’Évian se tient en mai-juin 1961. Elle reprendra plus tard du 7 au 13 mars 1962.

C’est au cours de cette ultime rencontre que les parties algérienne et française signent les accords d’Évian et acceptent la proclamation du cessez- le-feu le 19 mars à 12 heures.La partie n’a pas été facile, il aura fallu 18 mois de contact tantôt secrets, tantôt officiels. Lors de la première Conférence d’Evian, on butta devant l’obstacle MNA que les Français voulaient être coûte que coûte intégrer aux discutions de paix.

Démarche classique du pays dominateur qui mise sur différents courants hostiles au FLN pour dénier à ce dernier la représentation exclusive du peuple algérien. Cette diversion qui a commencé très tôt, la plateforme de la Soummam en fait état : « Le gouvernement français a tenté en vain d’opposer au FLN des groupements modérés, voir le groupe des ‘’61’’.

Ne pouvant plus compter sur les Sayah ou Farès, le béni-oui-ouisme étant discrédité d’une façon définitive et sans retour, le colonialisme français espérait utiliser le chef du MNA dans son ultime manœuvre diabolique pour tenter de voler au peuple algérien sa victoire». D’autres questions ont donné aux négociations un caractère très serré et sur lesquelles le FLN avait déjà tranché. Il s’agissait entre autres de la question du Sahara auquel les autorités françaises voulaient donner un statut spécial. Les négociateurs français voulaient que Sidi Bel-Abbès reste ville française.

Croit-on que c’est avec le 19 mars 1962 que se termine la tragédie du peuple algérien ? Non. Elle continue. C’est l’OAS qui prend le relais de l’armée française. L’OAS (Organisation armée secrète) est une organisation fasciste qui prend naissance en février 1961.Plusieurs officiers supérieurs de l’armée française vont se joindre à cette organisation après l’échec du putsch d’avril 1961.

Cette nouvelle armée de meurtriers qui – c’est fort curieux- considérait avoir été trahie parle général de Gaulle, s’agite avec fureur et frappe impitoyablement le peuple algérien.Les victimes se comptent par dizaines surtout en Oranie ou l’ex- général Jouhaud ordonne de brûler vif des détenus kidnappés de la prison d’Oran, des intellectuels, des avocats français d’Algérie et français de France sympathisants de la cause algérienne, tombent sous les balles de l’OAS qui brûle, plastique, assassine, sème la terreur au nom d’un rêve révolu, celui d’une « Algérie française ».

Le véritable soulagement pour le peuple algérien n’intervient qu’en juillet 1962. Dans un tract de l’époque, le FLN souligne «Peuple algérien : la phase que tu viens de franchir ne constitue qu’une partie de tes aspirations. De ce fait, l’indépendance n’est qu’une étape dans la réalisation des objectifs économiques, sociaux et culturels de la révolution.  Une nouvelle ère plus longue, gigantesque, passionnante, s’ouvre à toi : celle de la reconstruction».
 

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