Histoire

Le tribut de la souveraineté

Publié par Par Amar Belkhodja (*) le 25-01-2015, 15h05 | 42
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En dernière partie de la proclamation du 1er Novembre 1945, nous lisons le paragraphe suivant :  « Afin d’éviter les fausses interprétations et les faux- fuyants, pour prouver notre désir réel de paix, limiter les pertes en vies humaines et les effusions de sang, nous avançons une plate forme honorable de discutions aux autorités françaises si ces dernières sont animés de bonne foi et reconnaissent une fois pour toutes aux peuple qu’elles subjuguent le droit de disposer d’eux –mêmes ».

Il va sans dire que les rédacteurs de la proclamation du 1er Novembre, n’ont pas omis de retenir le principe de la négociation en avançant, bien sûr, une série d’éléments, entre autres, une préoccupation humanitaire, celle de « limiter les pertes en vies humaines » liée toutefois à la condition de la « bonne foi » exigée du colonisateur.

Épargner les pertes en vie humaines, y compris celles de l’adversaire est une proposition vertueuse des artisans du FLN qui sont conscients d’une issue susceptible d’être basée sur la discussion. Autrement dit, ceux qui luttent pour la liberté avertissent le colonisateur qu’ils iront jusqu’au bout et qu’ils sont d’ailleurs prêts à consentir les sacrifices qu’exigerait un tel combat.

Le colonisateur français, lui, n’appréhende pas la question avec la même approche et surtout avec le noble idéal qui consiste a respecter la vie humaine L’extermination de l’espèce humaine fut d’ailleurs l’apanage des guerres de conquêtes coloniales.

Si en 1830, l’occupation du sol algérien s’est faite avec une brutalité déshonorante, la décolonisation imposée en 1954 se fera elle aussi à son tour avec les mêmes violences et la même férocité de destruction du genre humain.

Et ce genre de conflit ne saurait être assimilé aux guerres classiques au sein desquelles deux armées s’affrontent. Dans notre cas précis, il y a un agresseur et un agressé. Si l’agressé recourt à la violence, c’est un droit légitime défense pour protéger sa patrie, ses biens et sa dignité.

Ses morts n’ont pas le même statut que les soldats engagés dans une agression pour défendre des intérêts qui ne sont pas souvent les leurs. Nous assisterons d’ailleurs, pendant la guerre d’Algérie, à des mouvements de démobilisation qui s’opposent à l’envoi des jeunes recrues françaises pour défendre un empire condamné à disparaître.

Nous voulons tout simplement démontrer à certains historiens français et nationaux également, que l’honnêteté intellectuelle nous impose de faire la différence entre l’agresseur – sadique et sanguinaire – et l’agressé auquel la violence et le recours aux armes lui seront imposés parce qu’il n’a pas d’autre choix que celui – là.

Qui accusera donc l’Emir Abdelkader, Bouàmama, Ben M’hidi ou Didouche Mourad d’être des » militaristes » prédisposés à « tuer » ? Non, tous les biographes qui nous ont rapprochés de ces illustres figures nationales nous ont livré une description de leur caractère comme étant des hommes très attachés à défendre la paix et le respect de l’être humain.

Il est donc utile et absolument nécessaire d’établir, une fois pour toutes, la très nette différence qui s’épare l’agresseur colonialiste et l’agressé colonisé par l’entremise d’un véritable génocide.
Ceci pour s’écarter définitivement des théories falsificatrices du genre «  C’était la guerre » ou «  Les années  algériennes », d’auteurs – mixtes – qui se hasardent à mettre «  dans le même sac » l’Emir Abdelkader et Bugeaud, Montagnac et Benallal, Saint – Arnaud et Fatma N’Soummeur,  Beauprêtre et Slimane Ben Hamza, Ben M’hidi et Bigeard, Ben Boulaid et Massu… Ceux qui tuent et massacrent ne sauraient être comparés à ceux qui se défendent contre l’anéantissement de leurs biens et de leur personne.

Puissant en matériel de guerre et en effectifs militaires le colonisateur français fera la sourde oreille au vœu « d’épargner les vies humaines » signifié par le combattant de Novembre, convaincu que ces derniers réclameront la négociation sans conditions parce que justement, ils renonceront à livrer leur peuple au massacre. Erreur de calcul et d’appréciation d’un ennemi prédisposé aux tueries face à un peuple prédisposé, lui, à tous les sacrifices.

Et à nouveau, cela est expressément signifié par les résolutions du congrès de la Soummam qui mettent en avant la reconquête de la souveraineté quel que soit le prix qu’il faudra payer en vies humaines puisqu’en face, la mauvaise foi fait des ravages et se traduit par une répression à outrance.

L’histoire des négociations algéro-françaises, qui débutent dès 1956, sont marquées par une série d’avortements dont l’une des principales causes ne fut autre que le statut du Sahara. Les négociateurs algériens n’ont d’ailleurs jamais accepté le démembrement d’ordre ethnique ni d’amputation de la patrie d’un espace – le Sahara – que les français qualifieront de « mer intérieure sur laquelle tous les riverains avaient des droits ».

Les français voulaient donc imposer des conditions qu’aurait dictées une victoire militaire. Malgré les dispositifs meurtriers frontaliers (lignes Challe et Morrice), malgré les gigantesques opérations de destructions massives initiées par le général de Gaulle, malgré les tentatives de diversion (partitions territoriales et ethniques) ou celles de ramener à la table des négociations le MNA ou les valets de la troisièmes force (Bachagha Boualem ou Hamza Boubakeur), le FLN gardera la même fermeté et la même résolution. Il savait, dès le déclenchement de l’insurrection, que le peuple algérien était prêt à consentir tous les sacrifices et n’accepterait aucune compromission. Il payera pour cela l’un des plus lourds tributs
 

 

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