Le commissaire à la paix et à la sécurité de l'Union africaine, Smail Chergui, a estimé vendredi à Addis Abeba que les développements sécuritaires enregistrés depuis le dernier sommet africain impliquaient une intensification des efforts en vue de consolider la paix dans nombre de pays du continent sortis de conflits armés.
Lors d'une rencontre avec la presse en marge des travaux du 22e sommet ordinaire de l'UA consacrée à la présentation du rapport du Conseil de paix et de sécurité de l'union sur les activités de cette instance dans nombre de pays africains, le responsable a mis en avant la «dynamique» de paix enregistrée au Mali à l'issue des élections présidentielle et législatives (juillet et aout 2013 et décembre 2013).
Il a souligné la nécessité de renforcer la coopération sécuritaire dans la région sahélo-saharienne conformément au processus de Nouakchott. Il s'est félicité du succès du processus électoral au Madagascar ce qui a favorisé, a-t-il dit, la levée des sanctions qui frappaient ce pays et sa réintégration au sein de l'UA. En Guinée, la siutation enregistre de nettes améliorations depuis les dernières élections législatives, a encore relevé le responsable africain.
Concernant la République du Congo, M. Chergui a considéré également que les développements étaient encourageants, notamment depuis la signature de la déclaration de Nairobi, soulignant toutefois la nécessité de poursuivre les efforts en vue d'empêcher une réedition des hostilités. Il a, en revanche, admis que la situation au Sud Soudan et en République centrafricaine était «critique», compte tenu de l'impact de cette situation sur le plan humanitaires. Le commissaire a salué les efforts de l'IGAD pour la consolidation de la paix en Afrique de l'Est, appelant à conforter l'accord de cessez-le feu et à opter pour le dialogue.
Il a également indiqué avoir effectué en compagnie de la présidente de la Commission de l'UA à Juba pour s'enquérir de la situation au Sud Soudan, rappelant que l'IGAD a mis en place des mécanismes de suivi de la situation des rebelles détenus par les forces du président Silva.
Ces mécanismes ont favorisé la libération de sept détenus a-t-il dit. Concernant les développements en Centrafrique, M. Chergui a affirmé que les forces africaines (MISCA) se sont redéployées pour sécuriser la capitale Bangui, avec le soutien du Conseil de sécurité onusien et devront se redéployer dans les autres régions du pays, soulignant que celles-ci «travaillent étroitement avec les forces françaises».
Evoquant l'aspect humanitaire, M. Chergui a précisé que les 2 millions de personnes qui se trouvent dans les camps des déplacés nécessitaient un demi-milliard de dollars pour la couverture de leurs besoins. Il a évoqué l'organisation d'une conférence le 20 avril prochain à Bruxelles, pour l'examen des derniers développements de la crise notamment l'aspect humanitaire, tandis qu'une autre conférence sera organisée le 1 avril prochain en vue de conforter les forces MISCA et leur permettre de poursuivre leurs missions de maintien de la paix. Concernant les avancées réalisées par ces forces sur le terrain, M. Chergui a déclaré qu'«on ne peut émettre de jugements sur l'action de ces forces qui soutiennent les troupes françaises, en raison d'une situation complexe.
Il n'en demeure pas moins qu'elles sont présentes sur le terrain, en assurant actuellement la sécurité du port de la capitale. Elles contribuent également à l'organisation des élections, en attendant la reconstitution de l'armée régulière». Il a appelé tous les partenaires à oeuvrer pour la réussite de la conférence des donateurs au profit des forces de la MISCA, prévue ultérieurement. S'agissant de l'Egypte, le Conseil africain de la paix et de la sécurité avait examiné de près cette question, lors de sa réunion mercredi au niveau des chefs d'Etats, tout en réitérant sa solidarité avec le peuple égyptien pour la poursuite de la mise en œuvre de la feuille de route et lors des prochaines étapes du processus démocratique, a-t-il souligné.
Il a exprimé le souhait de voir les efforts de la commission africaine de haut niveau sur l'Egypte se poursuivre en vue de rétablir un contact avec les autorités égyptiennes. «Le Conseil soutient le peuple égyptien dans ses choix. Si Abdelfateh Sissi comptait se présenter à la présidentielle, la décision reviendrait au peuple égyptien», a-t-il estimé.
Au sujet de la Somalie, M. Chergui s'est félicité de la désignation du nouveau gouvernement et le confortement des forces de l'AMISOM par des troupes éthiopiennes, fortes de 22.000 hommes, conformément à la résolution du Conseil de sécurité onusien.
Quant à la Libye, il a affirmé que «le rôle de ce pays au niveau régional et ce qui s'y déroule exigent de nous de suivre son processus de transition». Il a appelé à «assurer la sécurité en Libye pour lui permettre de recouvrer sa place au niveau international, au mieux des intérêts de la région en général». Il a également annoncé une réunion le 6 mars prochain en Italie pour l'examen des moyens susceptibles de garantir l'instauration de la paix et la sécurisation de la transition en Libye.
