Culture

La romancière algérienne Assia Djebar nous quitte

Publié par Dk news le 07-02-2015, 19h43 | 126
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La romancière et cinéaste algérienne Assia Djebar est décédée vendredi à 79 ans à Paris dans un hôpital, a annoncé hier la Chaîne 3 de la Radio nationale.

Vendredi soir déjà, des informations contradictoires étaient relayées sur les réseaux sociaux concernant le décès de cette membre de l'Académie française (depuis 2005), pressentie plusieurs fois pour le prix Nobel de Littérature.

Assia Djebar qui a professé l'écriture depuis plus de 50 ans a publié son premier roman «La soif» en 1957.

Elle a réalisé plusieurs œuvres cinématographiques dont «La Nouba des femmes du mont Chenoua» .
De son vrai nom Fatma-Zohra Imalayène, Assia Djebar est née le 30 juin 1936 à Cherchell dans la wilaya de Tipasa.

Selon sa famille, elle sera inhumée, conformément à sa volonté, dans son village natal de Cherchell.


Des écrivains témoignent : Une grande perte pour la littérature universelle 

Les milieux littéraires algériens endeuillés par la disparition de la romancière algérienne Assia Djebar, survenue vendredi à Paris à l'âge de 79 ans, évoque «une grande perte pour la littérature universelle» dans des réactions recueillies parmi les romanciers.

«C'est une grande perte pour la littérature universelle, pas seulement algérienne ou maghrébine, a déclaré Amine Zaoui, qualifiant Assia Djebar d' «école de littérature qui, depuis +La Soif+ (son premier roman en 1957) jusqu'à sa dernière œuvre +Nulle part dans la maison de mon père+, aura été dans un dialogue permanent avec son pays d'origine».

Pour l'écrivain Mohamed Meflah, Assia Djebar est «une romancière exceptionnelle, à la plume fertile et abondante, et une grande cinéaste qui a été, durant toute son existence, attachée à son pays et à son peuple».

La poétesse Samira Negrouche s'est déclarée pour sa part «très affectée» par la disparition de la romancière «auteure d'une œuvre littéraire inestimable...». Rendant hommage à Assia Djebar, «pionnière dans son domaine et militante pour l'émancipation des Algériennes et des musulmanes», Djillali Khellas considère pour sa part que l'œuvre de la défunte demeure «profondément ancrée dans le terroir algérien».

L'écrivain Habib Sayeh évoque «la disparition d'une sommité de la littérature mondiale», tout en soulignant les qualités humaines et intellectuelles d'«une femme élégante, une grande personnalité intellectuelle à l'œuvre abondante, entièrement à l'écoute des siens, et qui n'aura en fait jamais quitté son pays».

Née le 30 juin 1936 à Cherchell, Assia Djebar, Fatma-Zohra Imalayène de son vrai nom, est une écrivaine d'expression française, auteure de romans, de nouvelles, de poésies et d'essais. Lauréate d'une quinzaine de prix internationaux dont l' International Literary Neustadt Prize (Etats-Unis-1996), le Prix de la Paix des libraires allemands (Francfort-2000), et le Prix international Pablo Neruda (Italie-2005), Assia Djebar a écrit également pour le théâtre et réalisé plusieurs films pour le cinéma.
Considérée comme une des auteures les plus célèbres et plus influentes du Maghreb et du monde francophone, elle a été élue en 2005 à l'Académie française. 


Le témoignage de Nadia labidi ministre de la culture : Assia Djebar portait l'Algérie dans son coeur et sa mémoire 

La ministre de la Culture, Nadia Labidi, a indiqué samedi que la romancière Assia Djebar, décédée vendredi, «a consacré sa vie à l'écriture et à la création» et «portait l'Algérie dans son coeur et sa mémoire».

«L'Algérie vient de perdre un de ses monuments culturels et une de ses personnalités littéraires majeures. En cette pénible circonstance, je présente, à tous les membres de la famille de la défunte et à la communauté culturelle algérienne, mes sincères condoléances», a écrit la ministre dans un message de condoléances à la famille d'Assia Djebar.

Après avoir rappelé le riche parcours littéraire et académique de la romancière, la ministre a souligné qu'outre ses nombreuses oeuvres littéraires, Assia Djebar comptait à son actif la réalisation de deux films : «La nouba des femmes du mont chenoua» et «La zerda ou les chants de l'oubli».


Hommage : Une vie au service de la littérature et des libertés   

La célèbre romancière algérienne d'expression française Assia Djebar vient de tirer sa révérence à l'âge de 78 ans après toute une vie au service de la littérature algérienne et, à travers une oeuvre riche et variée, pour la défense de la cause de la liberté, en général, et l'émancipation de la femme en particulier.

Née le 30 juin 1936 à Cherchell non loin d'Alger, Fatma-Zohra Imalayène, de son vrai nom, avait exprimé sa sensibilité de femme et de militante de la cause nationale dès 1957, à l'âge improbable de 21 ans, en publiant son premier roman «La soif» puis un second, «Les impatients», dans la même période.

Elle enchaînera ensuite avec une vingtaine de romans à succès, traduitsen autant de langues, tout en exerçant sa passion pour l'enseignement de l'histoire et de la littérature, à Alger et un peu partout à l'étranger, et en s'essayant, non sans succès, au cinéma avec la réalisation de deux films consacrés au combat des femmes, notamment «La Nouba des femmes du mont Chenoua», qui a obtenu le prix de la critique internationale à Venise en 1979.

Avec  «La Zerda ou les chants de l'oubli», elle remportera le prix du meilleur film historique au Festival de Berlin en 1983.

Son roman «Loin de Médine» (1991) symbolisera longtemps et pour longtemps sa lutte permanente pour les droits de la femme. En 2005, elle signera d'une certaine manière sa propre émancipation en devenant la première femme arabe et africaine à entrer à l'Académie française, quelques années seulement après avoir investi l'Académie royale de Belgique.

«J'écris, comme tant de femmes écrivains algériennes, avec un sentiment d'urgence, contre la régression et la misogynie»«, disait la romancière disparue. A l'histoire de son pays qu'elle n'a jamais vraiment quitté ni de corps ni d'esprit, celle que l'on attendait pour le Prix Nobel de littérature ces dernières années aura dédié plusieurs de ses romans où elle évoque, selon les oeuvres, l'Algérie sous la colonisation, l'Algérie indépendante et jusqu'à l'Algérie de la décennie tragique du terrorisme (1990). 

«Les enfants du nouveau monde» (1962), «Les alouettes naïves» (1967). ou encore «Femmes d'Alger dans leur appartement» (1980), et «L'amour, la fantasia» (1985), «Le Blanc de l'Algérie» (1996) et «La Femme sans sépulture» (2002) sont parmi les titres où se mêlent tous les combats libérateurs qu'elle voulait mener et incarner.

Prolixe, Assia Djebar concentrait ainsi en elle tous les genres de la création littéraire, cinématographique et même du théâtre avec une recherche perpétuelle de l'innovation mise au service d'une vision humaniste de la vie sur Terre, s'accordent à dire ceux qui l'ont lue, connue et côtoyée.

Elle obtiendra des prix internationaux pour la plupart de ses romans dont le dernier, un récit autobiographique («Nulle part dans la maison de mon père») paru en 2007, et fera l'objet de nombreux articles dans des publications spécialisées d'Europe et du Moyen-Orient qui l'a mettaient régulièrement à l'honneur en tant que «voix unique et rare» dans le monde de la culture. Son attachement indéfectible à son pays, elle l'exprimera à sa façon en demandant à être inhumée dans sa ville natale de Cherchell. 

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