Culture

«Des œuvres traduites dans 21 langues»

Publié par Arslan-B le 13-02-2015, 17h44 | 72
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Assia Djebar aura, tout au long de sa prodigieuse carrière d’intellectuelle et d’écrivaine-poète, fait sienne cette citation de Louis Aragon « La femme est l’avenir de l’homme », sauf qu’en plus elle n’a eu de cesse de déplorer et dénoncer la claustration de la compagne de l’homme pas seulement, pour ainsi dire, «intra-muros», mais également «intra…préjugés», et ce, pourtant, sans qu’à aucun moment elle ait été tentée par l’irrévérence ou l’invective…

Sépulcre et…sépulture pour l’auteure regrettée de La femme sans sépulture à Cherchell, chez elle, ce berceau natal que fut l’antique capitale de la Maurétanie ceasarienne. 

«Ya errayah (Ya erraïha !) echhal taâya ou touelli… », ce célèbre refrain d’une fort émouvante chanson  du non moins regretté Dahmane El Harrachi semble parfaitement s’appliquer à la fin du prestigieux parcours d’Assia Djebar  en effet, elle qui n’a eu de cesse de faire corps avec ses racines, « sol et sang », et qui vient de le prouver en ayant formulé, de son vivant, l’ultime vœu d’être inhumée « chez elle, à Cherchell, en Algérie ». 

Voilà que le vœu de la prodigieuse fille de Tahar Imalayene et de Bahia Sahraoui est exaucé. Elle qui, après avoir « plongé racines »-d’autres racines, celles d’un exil serein- en France et aux Etats Unis en tant qu’enseignante dans une université, n’a pu résister à l’envoûtant et mystique appel  des racines sacrées de son arbre… 

« Tachenouith » n’est plus, dans ce bas monde, corps, regard et voix, cette séduisante égérie et ardent défenseur de la gent féminine, mais avec sa plume qu’elle a su transformer en aiguille, elle a pu, patiemment et avec le …fil du temps, se confectionner un châle en soie magique faisant d’elle une « Immortelle »…

Bahia Sahraoui, de la famille amazigh des Berkani, tribu des Aït Menasser du Dahra (dont un aïeul aurait combattu aux côtés de l’Emir Abdelkader et suivi ce dernier en exil) et son époux, Tahar Imalayen, cet instituteur formé à l’Ecole normale d’instituteurs de Bouzaréah, tous deux parents de Fatma-Zohra (Assia Djebar), peuvent être fiers, même dans l’au-delà, de celle qui a dit : « J’écris, comme tant d’autres femmes écrivains algériennes, avec un sentiment d’urgence, contre la régression et la misogynie ! ». 

Il est dit, à propos des thèmes de l’œuvre de l’Académicienne, que «ses œuvres partent souvent de l’individuel, voire de l’autobiographique, pour (ensuite) évoquer des thèmes collectifs. 

Elle a ainsi, à plusieurs reprises, dépeint la situation de sa génération (les femmes notamment) confrontée aux valeurs de deux communautés et de deux cultures…évoquant le rôle des femmes au quotidien (durant la guerre d’indépendance), comme dans Les enfants du nouveau monde (1962), ou Les Alouettes naïves (1967)  leur (les femmes) rôle dans ce conflit, leur claustration dans la société traditionnelle algérienne et leur désir d’émancipation… 

Femmes d’Alger dans leur appartement (1980) est un recueil de nouvelles qui emprunte son titre aux tableaux d’Eugène Delacroix et- de Pablo Picasso… «C’est l’histoire des femmes d’Alger, du pouvoir patriarcal et de la colonisation… ».  

Assia Djebar, tout au long de sa vie et, surtout, de sa carrière d’intellectuelle et d’écrivaine, n’a à aucun moment pu (ni voulu, du reste ?!..) se départir du «tatouage sacré» que lui a laissé sur son cœur son passage, durant son enfance, par l’école coranique , et ce malgré sa vaste culture occidentale, en atteste, entre autres signes comportementaux, ce roman intitulé Loin de Médine (1991),  « un écrit relatant les événements qui entourèrent les derniers jours du Prophète (QLSSSL) Mohamed et le rôle des femmes lors de ces événements ». 

Tout comme elle (Assia Djebar) a toujours porté l’Algérie dans son cœur : en 1969, l’auteure, membre de l’Académie française (en 2005), Chevalier de la Légion d’honneur et Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres (France), a publié Poèmes pour l’Algérie heureuse. 

Et en 1996, dans un récit intitulé Le Blanc de l’Algérie, « elle s’insurge contre le retour d’une terreur meurtrière en Algérie et tente de remonter le fil du temps pour rendre intelligible l’origine du mal ». Assia Djebar : Une parfaite francophonie sans fiel ni venin, ni « sado » ni « maso », vecteur de constante dignité et fierté de son identité, d’amour inextinguible pour sa mère-patrie première, l’Algérie…

Les œuvres de Assia Djebar, traduites dans 21 langues :

« La soif » (Roman-1957), « « Les Impatients » (Roman-1958), « Les enfants du nouveau monde » (Roman-1962), « Les Alouettes naïves » (Roman-1967), « Poèmes pour l’Algérie heureuse » (Poésie-1969), « Rouge l’aube » (Théâtre-1969), « Femmes d’Alger dans leur appartement » (Nouvelles-1980), « L’amour, la fantasia » (Roman-1985), « Ombre sultane » (Roman-1987), « Loin de Médine » (Roman-1991), « Vaste est la prison » (Roman-1995), « Le Blanc de l’Algérie » (Récit-1996), « Oran, langue morte » (Nouvelles-1997), « Ces voix qui m’assiègent : En marge de ma francophonie » (Essa-1999), « La femme sans sépulture » ( Roman-2002), « La disparition de la langue française » (Roman-2003) et « Nulle part dans la maison de mon père » (Roman-2007).

Filmographie : « La Nouba des femmes du Mont Chenoua » (1978) « La Zerda ou les chants de l’oubli » (1982).

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