Culture

Islam en France : Méditation et débat

Publié par Par CEM le 25-02-2015, 17h02 | 50
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La question religieuse envahit la scène politico médiatique en France, et tend à devenir un débat de société, le tout avec  des références religieuses, les vraies, encore  loin d’accaparer l’attention des médias, des chercheurs et des élites politiques.  

Dans une ambiance «surchauffée, poussée aux extrêmes», empreinte de   craintes et d’incertitudes, légitimes, nourries par des images sordides mises en avant à la suite, notamment   des derniers événements terroristes qui ont secoué la capitale française, le besoin d’un «ennemi» pour cristalliser ces peurs et angoisses, accrédite  tous les préjugés et formules du «prêt-à-penser», désignant le musulman comme source de tous les maux et dangers.

Pour tordre le cou aux stéréotypes  et clichés, et aider à l’avènement d’un débat sain, raisonné, appelant à l’enrichissement mutuel, quelques îlots de lucidité intellectuelle scintillent  de temps en temps par la qualité de leurs apports à une meilleure connaissance de l’islam et des musulmans en France.

Dans une série de notes, intitulée «Valeurs d’islam», mises en ligne au cours de ces dernières semaines, la fondation française pour l’innovation politique http://www.fondapol.org/  tente de faire avancer  l’échange d’idées et de connaissance sur les véritables valeurs de cette religion qui a tant apporté à l’Humanité, et en particulier à la France.

Lancée par Jérôme Monod, ancien conseiller du président Chirac, la fondation se définit comme «un think tank libéral, progressiste, européen». Adossée à droite, la fondation n’en ouvre pas moins ses colonnes à des contributions venues d’horizons politiques divers, pourvu qu’ils apportent éclairages et enrichissements.

Militante de gauche de longue date, Bariza Khiari, fille de Ksar Sbahi(Oum El-Bouaghi) , qui a traversé les différents échelons  de la gauche française, pour arriver au poste de vice-présidente du Sénat, a joint sa voix à ce forum par une réflexion  documentée sur les valeurs du soufisme, comme apport de la religion musulmane, alors, qu’il est, écrit-elle « souvent considéré comme un supplément d’âme, une coquetterie de l’élite, l’option contemplative, cérébrale douce et acceptable de l’islam, quand il n’est pas classé à l’extérieur de l’islam, comme un syncrétisme ».

Prenant appui du vécu quotidien des citoyens français, elle dit comprendre que le contexte actuel est fait de peur et d’angoisse, mais, souligne-t-elle,   « ce désarroi collectif profite aux populistes qui bloquent toute réflexion et exploitent les peurs par calcul électoraliste. »

Désignés du doigt, les citoyens français de confession  musulmane ont de plus en de  mal à vivre  et à assumer leur foi, ce qui pousse à s’interroger, comme le fait Madame Khiari, pour savoir « Comment, dans ces conditions, les musulmans peuvent-ils et doivent-ils agir pour récupérer leur identité et l’estime de soi quand on les somme en permanence de se dédire, de se justifier, voire de se renier ? »

Le contexte sociopolitique n’est pas fait pour laisser place à la réflexion et au raisonnement structuré, car, pour l’ancienne vice-présidente du Sénat français, « les médias ont accrédité l’idée que l’islam n’existe que dans sa radicalité ou dans sa médiocrité».

Pour dépasser le simple constat, Madame Khiari a puisé dans de nombreuses ressources bibliographiques et historiques pour retracer les multiples facettes du soufisme ; elle reprend notamment Mohamed Aïssa, notre ministre des Affaires religieuses pour qui « le soufisme fait partie de l’héritage religieux de l’Algérie. »

 Par un travail d’analyse  historique du concept et de la réalité du soufisme, elle retrace ses apports civilisationnels, notamment pour la promotion du rôle de la femme,  la quête du savoir et l’adaptation aux réalités sociales. Sur ce dernier point, elle prendra comme modèle les citations et prises de position de l’Emir Abdelkader  et de Lalla Fadhma Nsoumer.

Nul doute, pour Madame Khiari que la sagesse et la spiritualité du soufisme peuvent être d’un apport considérable pour une meilleure compréhension de l’islam, considérant, de son point de vue que  « c’est précisément cet islam qu’il faut retrouver en France pour permettre le retour à des relations normales et naturelles dans un climat serein, condition d’une démocratie apaisée où chaque citoyen se détermine librement. »

Elle revient à la fin de la sa contribution sur le débat actuel en France qui remet l’islam dans le viseur de beaucoup de  malveillance, pour dire sa conviction que ceux qui disent  «que l’islam n’est pas soluble dans la République ont doublement tort : d’une part, parce qu’ils se réfèrent à l’islam des médias, sectaires et sensationnalistes ; d’autre part, parce que la recherche de sens est nécessaire au projet politique. »
 

 

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