Le Dr Ahmed Mizab, président de la Commission algéro-africaine pour la paix et la réconciliation, était l’invité du Forum de DK News, pour une conférence-débat qui portait sur 3 questions d’actualité régionale.
Le cheikh Ahmed Zidane Omar, président d’une association mauritanienne d’aide au développement et la paix ainsi que le docteur Yahia Benhennia ont également participé à la conférence-débat qui a traité de l’accord inter-malien signé à Alger, les risques sécuritaires au Sahel et les développements de la situation en Libye et le droit d’ingérence internationale.
Les 3 orateurs ont soutenu que l’approche algérienne dans la résolution des conflits est la plus productive pour la sécurité interne d’une nation, son unité, l’édification ou la reconstruction d’un Etat, le retour à la stabilité et la relance de tous les facteurs de développement du pays :
« L’Algérie promeut la paix et l’entente nationale ; son prestige historique dans la région est un puissant levier conforté par son action passée toujours mue par la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats, l’aide multiforme et l’initiative diplomatique patiente et renouvelée en vue de rapprocher les points de vue les plus opposés, les positions les plus tranchées en rétablissant les liens, en retissant les liens ancestraux et historiques, la mise en avant des intérêts supérieurs de leur nation».
L’accord inter malien, acquis au bout de 5 mois de consultations sous l’égide de l’Algérie, a reçu l’appui des organisations internationales, il est à la veille de nouvelles avancées pour le consacrer, le consolider en le parachevant par la mise en place d’outils garantissant la pérennité de la nation malienne.
Cheikh Ahmed Zidane Omar, de Mauritanie a apporté un éclairage nouveau sur la situation au nord-Mali, « qui nous intéresse. D’abord l’Algérie a réuni autour de la même table les protagonistes directement concernés par la situation au Mali.
Nous espérons, pour toute la région sahélienne que l’accord se prolonge sur le terrain». Cette inclusion de tout l’espace maghrébo-sahélien est en soi une innovation dans l’appréciation de la situation dans la région.
Les risques sécuritaires au Sahel
Ils sont le fait de groupes terroristes, de la criminalité transfrontalière et des narcotrafiquants. Les orateurs ont rappelé les actions de Boko Haram au Nigeria et au Niger, notamment. La prolifération des armes dans la région a été soulignée.
Cette situation exige une riposte internationale et un tarissement de l’approvisionnement en armes de guerre des terroristes et des criminels transfrontaliers.
La question libyenne
Les 3 orateurs se sont félicités de la tenue d’un premier round de dialogue inter-libyen à Alger. Ce qui montre la volonté du peuple libyen de retrouver la paix et la sécurité, la place de sa nation dans le concert mondial.
Cet événement qui se déroule à Alger « conforte la démarche algérienne, d’autant plus que les liens entre l’Algérie et la Libye sont anciens, profonds, fraternels : « le couronnement des efforts de l’Algérie est fondé sur les principes du droit international. »
L’Algérie pôle de la paix
Le docteur Yahia Benhennia a mis en évidence le rôle de l’Algérie dans la région, sur le continent et dans le monde : « Notre pays a mis en échec les ‘aventuriers’ du ‘printemps arabe’ qui ont réussi à déstabiliser l’Egypte, l’Irak, la Syrie, le Yémen, la Libye ayant été la cible d’une intervention militaire étrangère dont les résultats sont visibles : affaiblissement de ce pays sur la scène internationale, pillage de ses richesses et insécurité pour les populations».
«Le rôle de l’Algérie est mis en relief depuis l’adoption de la Charte de la réconciliation nationale, le rétablissement de l’autorité de l’Etat, sa mobilisation pour garantir la sécurité et la stabilité à l’intérieur et aux frontières avec la mobilisation de l’ANP et des forces de l’ordre qui poursuivent sans discontinuer la lutte antiterroriste, l’anti-criminalité transfrontalière et contre les narcotrafiquants. Ces actions contribuent à la sécurité des pays limitrophes, qui bénéficient en outre de l’engagement économique de l’Algérie dans la région».
La capacité de l’Algérie à «promouvoir le dialogue et la négociation, la recherche de la paix et de la concorde entre les peuples et ce à l’intérieur de chaque pays est une constante de sa diplomatie qui enregistre en retour des succès qui anéantissent les projets guerriers destructeurs».
Pôle de l’initiative pacifique qui préserve les chances de l’intégrité territoriale des Etats voisins, de leur unité nationale, de leur culture nationale et de leurs multiples richesses, l’Algérie est incontournable, disponible en tant qu’acteur de la paix partout où son expertise est recherchée.
Une démonstration incontestable de la validité de sa politique.
Par O. Larbi
La paix passe par le dialogue et la réconciliation
Au Mali et en Libye plus particulièrement, c’est le chaos qui crée une situation de grave détérioration. Cela n’a pas été tout le temps comme ça. Mais, concernant la Libye, l’intervention de l’Otan a été le moment charnière de la plongée de ce pays dans une guerre interne ou froide aux enjeux assez différenciés et compliqués par la multiplication des acteurs, chacun disposant de sa stratégie propre. Il n’y a pratiquement pas de zones dans lesquelles régnerait le calme. Tout le territoire libyen est sous tension et dangereux pour les populations civiles.
Quelle approche serait en mesure de pouvoir à terme instaurer la paix et la réconciliation en Libye? Où en sommes- nous dans les démarches de construction de la paix mais plus urgemment de cessez-le-feu entre Libyens pour donner une chance au retour de la paix ?
Pour répondre à ces questions, indiquer des pistes de réflexion qui permettraient de rapprocher les positions des belligérants en Libye, le Forum de DK News a invité pour une conférence débat le Dr Ahmed Mizab, président de la Commission algéro africaine pour le dialogue et la réconciliation.
Il était accompagnée de Dr Yahia Ben Henia, Ahmed Omar Zidane, président de l’Association mauritanienne d’aide pour le developpement. Si la situation au Mali était connue comme dégradée avant le bombardement par l’Otan de la Libye, deux données ont contribué pour beaucoup à pratiquement enraciner la violence au Mali.
D’abord, le coup d’Etat au Mali a complètement déstructuré l’armée malienne et facilité la mainmise terroriste sur le territoire du nord du Mali, ensuite, l’intervention des forces de l’Otan en Libye a là également déstructuré les forces armées régulières et livré d’énormes stocks d’armement en quantité et en qualité en faveur des insurgés et de terroristes. Ces armes sont parvenues aux terroristes qui activaient au Mali.
Dans cette multitude de pays qui prenaient position en faveur des uns et des autres, l’Algérie a su garder la tête froide en appelant au dialogue, indiquant que seule la voie du dialogue peut ramener la paix alors que l’option pour la violence rendra durables l’instabilité et l’insécurité.
Voila la recommandation de l’Algérie qui a fini par lui rallier une grande majorité de pays dans le monde. Ce que recommandait l’Algérie pour le Mali est la même voie pour placer la Libye sur le chemin de la sortie de crise.
La communauté internationale a choisi l’option algérienne, ce qui explique que l’Algérie a reçu sur son territoire ces deux derniers jours les partis politiques libyens et les personnalités qui doivent participer au dialogue interlibyen. Là également trois principes doivent être respectés, à savoir l’unité du peuple, l’intégrité territoriale et la souveraineté nationale.
par Saïd Abjaoui
Dr Ahmed Mizab: «Il est impératif d’établir un cessez-le-feu en Libye»
Pour le Dr Mizab, la crise libyenne qui a été aggravée par l’intervention militaire de l’Otan ne peut être réglée qu’à travers le dialogue. «Toutes les parties libyennes en conflit doivent être associées à un dialogue national afin de trouver une solution pacifique à cette crise.
L’Algérie qui a toujours affiché son opposition pour toute intervention militaire privilégie la voie du dialogue et du consensus entre toutes les parties sans exception. Cependant, la disponibilité des ressources financières, des armes et des combattants rendent cette tâche extrêmement complexe».
1.700 milices ont pris le contrôle du pays !
D’après le Dr Yahia Ben Henia, la prolifération des milices en Libye depuis la chute du régime de Maâmar Khadafi, complique le règlement de la crise qui résulte d’un conflit idéologique, tribal et régional. «A ce jour, on dénombre près de 1700 milices dont les plus importantes ont pris le contrôle des zones stratégiques à l’image de la capitale Tripoli.
Depuis le début du printemps arabe et la chute de certains régimes, le nombre de milices et de groupes terroristes n’a cessé d’augmenter dans le pays ce qui rend le dénouement de cette crise extrêmement compliqué».
Par Rachid Rachedi