La prise en charge rapide, soit dans les 24h qui suivent l’accident, des personnes souffrant de polytraumatismes, peut sauver des vies, ont insisté, jeudi à Tizi-Ouzou, des spécialistes en orthopédie et traumatologie.
Ces médecins qui participaient à la deuxième journée inter congrès d’orthopédie et traumatologie, organisée par la Centre hospitalo-universitaire Nedir Mohamed de Tizi-Ouzou, ont insisté sur la prise en charge rapide et correcte, des polytraumatisés/poly fracturés afin d’éviter des complications pouvant entraîner la mort
A ce propos, le Dr Said Khemici, de l’hôpital de Constantine, a relevé que les premières heures voire, les premières minutes qui suivent l’accident, comptent beaucoup pour le pronostic vital. Des soins doivent être prodigués en urgence afin d’éviter des complications, tel que l’apparition d’une «embolie graisseuse» qui est une accumulation de gouttelettes graisseuses provenant de la moelle osseuse d'un os fracturé et ayant pour conséquence la formation d'un caillot provoquant des perturbations vasculaires et un dysfonctionnement de l'organe touché, ce qui peut engager le pronostic vital de l’accidenté et lui être fatal.
Ce médecin a cité l’exemple d’un patient âgé de 39 ans, qui a été transféré vers l’hôpital 5 jours après l’accident, période durant laquelle il n’avait reçu aucun soins alors qu’il souffrait notamment de luxation et de fractures ouvertes, blessures nécessitant une prise en charge immédiate. «Ce malade est décédé d’une embolie graisseuse faute de prise en charge immédiate» a-t-il déploré.
Le Dr. Ali Youcefi, du CHU de Tizi-Ouzou, qui a abordé pour sa part les cas de choc hémorragique, a souligné qu’avant même l’arrivée du patient à l’hôpital, certains soins doivent être apportés afin de maîtriser l’hémorragie, de compenser la perte sanguine et d’assurer une oxygénation et une ventilation efficaces dans un temps le plus bref possible.
Ce même médecin a mis en garde contre tout retard dans la prise en charge de cas d’hémorragie grave en soulignant que «sans un traitement approprié, l’état de choc hémorragique évolue de façon irréversible vers le décès du patient, par une dysfonction d’organes dont ceux dits vitaux faute d’oxygénation par le sang».
Sur un autre volet, le Dr. Medjani Said, du CHU de Tizi-Ouzou, et président de cette journée, a indiqué à l’APS, que certaines structures de proximité ne disposent pas de spécialistes, voire d’un plateau technique, pour assurer la stabilisation et la sécurisation des accidentés avant leur évacuation vers le CHU.
«Il arrive que des blessés soient évacués dans de mauvaises conditions, sans une immobilisation et une stabilisation des lésions fracturées et sans sécurisation préalable, ce qui risque d’aggraver leur cas», a-t-il regretté en relevant que ces structures disposent pourtant de moyens matériels nécessaires dont des ambulances médicalisées, pour l’évacuation de ces polytraumatisés.
A titre illustratif, une étude effectuée sur 84 cas de multi fracturés, majoritairement jeune (73% âgés entre 20 et 30 ans) a démontré que la poly fracture est la première cause de mortalité avant l’âge de 40 ans, Les accidents de la circulation, sont la cause principale de ces multi fractures avec un taux de 40%, les accidents domestiques arrivent en seconde position avec 23% des cas, suivis des accidents de travail (21%). Les participants à ces journées ont par ailleurs, insisté sur l’importance de surveiller le patient, même après traitement, pour détecter d’éventuelles lésions non apparentes.
