Histoire

Massacres du 8 mai 1945 : Sétif n'a pas oublié et commémorera demain l'évènement dans la douleur et le recueillement

Publié par Azzedine Tiouri le 06-05-2015, 19h46 | 475
|

Une fois de plus, Sétif s'éveillera pour la 70e année consécutive avec les souvenirs et les évènements historiques des massacres d'un certain mardi 8 Mai 1945. Les années passent, très peu de gens, cela se compte sur les doigts d'une seule main, qui ont participé à ces évènements, sont encore en vie, le reste, hélas,  n'est plus de ce monde, mais les souvenirs gravés dans la mémoire collective sont toujours là. 

C'est ainsi comme chaque année, dans la douleur et le recueillement que la wilaya de Sétif et l'ensemble du pays commémoreront demain les évènements des massacres sanglants du 8 Mai 1945. Bien que pratiquement toutes les personnes ayant vécu ce génocide ne sont plus de ce monde, tous les Sétifens, plus particulièrement les jeunes, ont été informés pour ne pas oublier cette tragique période au moment où la France et ses Alliés célébraient leur victoire sur le nazisme hitlérien.

Les atrocités décrites ou laissées par les nombreux témoignages donnent une idée de la bestialité du colonisateur qui a utilisé tous les moyens inhumains pour réprimer dans le sang et la terreur la demande légitime du peuple algérien qui ne voulait rien d'autre que d'aspirer à la liberté et à la justice.

A l'instar de nombreuses villes d'Algérie qui ont vécu les massacres barbares et les horreurs du 8 Mai 1945, Sétif et toute sa région s'apprêtent demain à rendre un vibrant hommage à la mémoire de ses victimes. Chaque année, cette date anniversaire donne lieu à un recueillement et représente un moment solennel et émouvant d'évocation du martyre subi et des sacrifices consentis par le peuple algérien pour le recouvrement de son indépendance.

C'est aussi l'occasion de perpétuer la marche de la manifestation pacifique qui a eu lieu en ce jour de marché hebdomadaire, un certain mardi 8 mai 1945. En cette journée, les citoyens de Sétif, Guelma et Kherrata ainsi que d'autres régions du pays, n'ont fait que de clamer leur soif de liberté et d'indépendance au moment où la France et ses Alliés célébraient leur triomphe sur le nazisme.

Malgré le temps qui passe et les 70 années nous séparant de ce douloureux évènement dont l'histoire a été racontée par les ainés et ceux qui l'ont vécu, Sétif et ses environs, Amoucha, Ain Abessa, Ain Kebira, El Ouricia, Béni Fouda, El Eulma, Béni Aziz et d'autres localités n'ont pas oublié les crimes sordides et barbares subis par la population et le déchainement de la soldatesque coloniale contre les innocents, les vieillards, les femmes et les enfants. La joie était en Europe et les massacres réservés pour les Algériens.

Si chaque année, nous relatons ces évènements, c'est tout simplement pour que cela reste à toutes les générations afin que nul n'oublie et chaque citoyen doit le savoir.Tout a commencé le 7 mai 1945 vers 15h30 lorsque la sirène de la victoire et de l'armistice avait retentit pour annoncer la fin de la Seconde guerre mondiale.

Un brin d'espoir s'est installé dans l'esprit des Sétifiens pour la liberté et l'indépendance tant attendues et souhaitées, notamment après les engagements pris par les Alliés de récompenser tous les peuples ayant combattu le nazisme et le fascisme au coté de la France et parmi eux les pays africains sous domination coloniale, dont l'Algérie. Selon certaines sources, ils étaient plus de 150 000 Algériens à participer à la Seconde guerre mondiale au coté de la France, qui, elle-même avait reconnu  l'aide efficace apportée ''par, déclarait-elle à l'époque, les valeureux et combattants algériens''. Une fois sa victoire acquise, c'est le revirement total et la récompense était tout autre. Pour une manifestation pacifique, cette même France, le pays des Droits de l'homme et de la démocratie répondra par la terreur et la bastonnade.

Pour une demande de ses droits légitimes, ce peuple algérien et ses valeureux combattants ont eu droit au massacre, à l'oppression et à l'horreur qui sont installés des jours durant après cette marche tout a fait pacifique. La répression sauvage et aveugle se répandit vite à travers toutes les localités de la région de Sétif. Ce qu'à vécue Sétif, la martyre, a été vécue aussi dans d'autres villes comme Guelma et Kherrata où l'on a dénombré ce jour-là et durant toute la semaine 45 000 morts d'hommes, de femmes et d'enfants. On ne peut évoquer les évènements du 8 Mai 1945, sans évoquer le premier martyr qui fut Saal Bouzid, un jeune scout de 23 ans, froidement abattu par un commissaire de police qui voulait lui arracher des mains l'emblème national. Bouzid s'y opposa farouchement, le policier dégaina et vida son chargeur sur le jeune scout. C'est le début d'un véritable carnage à ciel ouvert et en plein jour.

 Le devoir de repentance  de la France.

Dans un autre registre, l'heure n'est plus uniquement à décrire et relater les faits, bien connus de tous et commémorer cet évènement ne suffit plus, mais c'est surtout saisir l'occasion pour rappeler à la France coloniale ses crimes impardonnables et son devoir de repentance. Depuis ces évènements, la seule chose de faite, c'est  que deux ambassadeurs de France en Algérie, Hubert Colin de Verdière, le 27 février 2005, et Bernard Bajolet, en avril 2008 ont reconnu officiellement, lors de leur visite à Sétif, où ils se sont recueillis devant la stèle de Saal Bouzid, la responsabilité de la France dans les massacres du 8 Mai 1945, au moment où des élus et des responsables politiques français, continuent de pratiquer le déni et l'occultation.

  Un fait nouveau à ne pas omettre, c'est la dernière visite effectuée à Sétif par le secrétaire d'Etat, auprès du ministre français de la Défense, chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, Jean-Marc Todeschini, qui après avoir déposer une gerbe de fleurs et observer un moment de recueillement en hommage à toutes les victimes des massacres du mardi 8 Mai 1945 de la ville et d'autres régions du pays, devant le mausolée du premier martyr de cette sanglante journée, le jeune scout Saal Bouzid, avait écrit sur le livre d'or à l'issue de sa visite au Musée public national de Sétif, ces quelques lignes :

'' J'accomplis aujourd'hui un geste fort, en direction de nos amis algériens, en me rendant à Sétif. Je dis la reconnaissance par la France des souffrances endurées et rend hommage aux victimes algériennes et européennes, de Sétif, Guelma et Kherrata, et j'invite Français et Algériens, au nom de la mémoire partagée par nos deux pays qui fondent notre amitié, à continuer d'avancer ensemble vers ce qui les réunit''.

Mais ce qui est certain, ces sanglantes journées d'un certain mois de mai ainsi que les sacrifices consentis par le peuple algérien lors de la glorieuse Révolution de Novembre 1954 pour recouvrer son indépendance resteront à jamais gravées en lettres d'or dans la mémoire collective du peuple que nul n'effacera.

|
Haut de la page

CHRONIQUES

  • Walid B

    Grâce à des efforts inlassablement consentis et à une efficacité fièrement retrouvée, la diplomatie algérienne, sous l’impulsion de celui qui fut son artisan principal, en l’occurrence le président de la République Abdelaziz Bouteflika, occupe aujour

  • Boualem Branki

    La loi de finances 2016 n’est pas austère. Contrairement à ce qui a été pronostiqué par ‘’les experts’’, le dernier Conseil des ministres, présidé par le Président Bouteflika, a adopté en réalité une loi de finances qui prend en compte autant le ress

  • Walid B

    C'est dans le contexte d'un large mouvement de réformes sécuritaires et politiques, lancé en 2011, avec la levée de l'état d'urgence et la mise en chantier de plusieurs lois à portée politique, que ce processus sera couronné prochainement par le proj

  • Boualem Branki

    La solidité des institutions algériennes, la valorisation des acquis sociaux et leur développement, tels ont été les grands messages livrés hier lundi à Bechar par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales Nouredine Bédoui.

  • DK NEWS

    Le gouvernement ne semble pas connaître de répit en cette période estivale. Les ministres sont tous sur le terrain pour préparer la rentrée sociale qui interviendra début septembre prochain.

  • Walid B

    Dans un contexte géopolitique régional et international marqué par des bouleversements de toutes sortes et des défis multiples, la consolidation du front interne s'impose comme unique voie pour faire face à toutes les menaces internes..

  • Walid B

    Après le Sud, le premier ministre Abdelmalek Sellal met le cap sur l'Ouest du pays où il est attendu aujourd'hui dans les wilayas d'Oran et de Mascara pour une visite de travail et d'inspection.