Histoire

Le jour où la France a réprimé une manifestation pacifique pour l'Algérie libre (universitaire français)

Publié par DK News le 07-05-2015, 19h49 | 34
|

Le jour marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale est aussi celui où l'Etat français a réprimé dans le sang l'une des premières manifestations pacifiques pour l'Algérie libre, a regretté l'universitaire français Olivier Le Cour Grandmaison dans une contribution parue sur son blog sur les massacres du 8 mai 1945, perpétrés par l'armée coloniale dans plusieurs régions du pays.

«Une seule et même date. Deux histoires diamétralement opposées en même temps liées l'une à l'autre», a fait remarquer ce politologue, spécialiste des questions de citoyenneté sous la révolution française et des questions qui ont trait à l'histoire coloniale, mettant en avant ce «passé toujours occulté».

Selon cet universitaire, les massacres de Sétif et de Guelma perpétrés par l'armée française et de nombreuses milices coloniales composées de civils d'origine européenne ont fait des dizaines de milliers de victimes «arrêtées, torturées et exécutées sommairement pour rétablir l'ordre imposé par la métropole et terroriser de façon durable les populations +indigènes +».

Pour recouvrer son autorité en Europe et dans le monde «la France libre est prête à tout pour défendre l'intégrité de son empire», a-t-il soutenu. En France cette date represente «la joie de la paix, de la liberté et de la démocratie retrouvées», mais pour les Algériens elle est «l'horreur, le sang et les larmes provoquées par le déchaînement de la violence d'Etat destinée à perpétuer l'oppression et l'exploitation coloniales».

Une barbarie coloniale sans précédent

Pour cet universitaire, «une barbarie coloniale sans précédent (s'est déchaînée) pour tenter de stopper les Algériens qui ont osé manifester pacifiquement».Le déchaînement de la violence et de la terreur d'Etat avec son cortège de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité témoigne de l’horreur de la colonisation, regrette-t-il.

«Oubliés les principes qui, quelques semaines plus tard, allaient être au fondement de l'article 1er de la Charte des Nations unies, adoptée le 26 juin 1945, établissant le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Oubliés aussi les engagements, contractés dans la Résistance, puis inscrits dans le préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, qui affirme : la France, écartant tout système de colonisation fondé sur l'arbitraire, garantit à tous [à] l'exercice individuel ou collectif des droits et libertés proclamés ou confirmés+ dans le présent texte», s'est- il insurgé.

En optant pour le massacre des populations, la France coloniale a oublié également «les fondements philosophiques, politiques et juridiques, plus tard sanctionnés par la Déclaration universelle des droits de l'homme, votée par l'Assemblée générale des Nations unies le 10 décembre 1948 à Paris, et son article 2 relatif aux droits dont + chacun peut se prévaloir+ sans +distinction de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion et d'opinion politique», a-t-il observé.

Cependant, dans les colonies de la France républicaine, ces principes ne s'appliquent pas.
«Etrange conception de l'universel qui n'a d'universel que le nom puisque les prérogatives mentionnées ne valent ni pour tous les hommes, ni pour tous les lieux, ni pour tous les temps», a-t-il regretté une nouvelle fois.

Les massacres du 8 mai 1945 «témoignent une fois encore que la force a primé les droits, aussi fondamentaux soient-ils, dès que le visage de l'autre épouse les traits du +musulman + ici, du + Noir+ ailleurs et de +l'Indochinois+ bientôt», a-t-il conclu.
 

|
Haut de la page

CHRONIQUES

  • Walid B

    Grâce à des efforts inlassablement consentis et à une efficacité fièrement retrouvée, la diplomatie algérienne, sous l’impulsion de celui qui fut son artisan principal, en l’occurrence le président de la République Abdelaziz Bouteflika, occupe aujour

  • Boualem Branki

    La loi de finances 2016 n’est pas austère. Contrairement à ce qui a été pronostiqué par ‘’les experts’’, le dernier Conseil des ministres, présidé par le Président Bouteflika, a adopté en réalité une loi de finances qui prend en compte autant le ress

  • Walid B

    C'est dans le contexte d'un large mouvement de réformes sécuritaires et politiques, lancé en 2011, avec la levée de l'état d'urgence et la mise en chantier de plusieurs lois à portée politique, que ce processus sera couronné prochainement par le proj

  • Boualem Branki

    La solidité des institutions algériennes, la valorisation des acquis sociaux et leur développement, tels ont été les grands messages livrés hier lundi à Bechar par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales Nouredine Bédoui.

  • DK NEWS

    Le gouvernement ne semble pas connaître de répit en cette période estivale. Les ministres sont tous sur le terrain pour préparer la rentrée sociale qui interviendra début septembre prochain.

  • Walid B

    Dans un contexte géopolitique régional et international marqué par des bouleversements de toutes sortes et des défis multiples, la consolidation du front interne s'impose comme unique voie pour faire face à toutes les menaces internes..

  • Walid B

    Après le Sud, le premier ministre Abdelmalek Sellal met le cap sur l'Ouest du pays où il est attendu aujourd'hui dans les wilayas d'Oran et de Mascara pour une visite de travail et d'inspection.