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70e anniversaire des massacres du 8 mai 1945 : Une démonstration de la politique génocidaire de la France coloniale

Publié par DK News le 07-05-2015, 19h54 | 85
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Les massacres du 8 mai 1945 restent un épisode tragique ayant marqué la politique génocidaire de la France coloniale, mais ils ont constitué, en parallèle, un tournant décisif dans la lutte du peuple algérien pour son indépendance.

A la veille de la commémoration du 70e anniversaire des massacres du 8 mai 1945, le peuple algérien se souvient toujours de ce génocide commis par le colonialisme contre des Algériens sortis dans la rue pour rappeler à la France ses engagements au lendemain de la seconde guerre mondiale.

Ces massacres demeurent ancrés dans la mémoire collective du peuple algérien, comme cela a été souligné dans les discours officiels dénonçant «la cruauté du colonialisme et ses violations innombrables des droits humains, sans que cela ne soit reconnu par ses auteurs».

«Le peuple algérien n'a eu de cesse d'attendre de la France une reconnaissance des actes commis durant la période de colonisation, y compris durant la guerre de libération nationale, pour voir s'ouvrir de larges et nouvelles perspectives d'amitié et de coopération entre deux peuples», avait déclaré le président de la République, Abdelaziz Bouteflika dans un message en 2005 à l'occasion de la commémoration des massacres du 8 mai 1945, dénonçant l'occupation qui «a foulé la dignité humaine et commis l'innommable à l'encontre des droits humains fondamentaux».

Le président Bouteflika avait relevé qu'en parallèle, ces événements avaient «unifié les rangs du peuple algérien et consacré l'effondrement de tous les enjeux à l'exception d'un seul, celui de l'option, inévitable, de l'émancipation et de l'affranchissement».

«Le 8 mai 1945 a avivé, au sein des Algériens opprimés, l'ardeur de l'abnégation et du sacrifice par le sang et unifié leurs rangs pour que la parole devienne la leur. Une parole qu'ils ont clamée haut et fort et la tragédie de mai s'est transformée en les hauts faits de novembre», avait-il indiqué.

Le chef de l'Etat avait souligné que la tragédie du 8 mai 1945 «fut l'argument qui a anéanti les illusions de ceux trompés par des promesses d'égalité et d'intégration, confirmant ainsi que les Algériens allaient inévitablement payer un plus lourd tribut», ajoutant que «ce qui arriva quelques années plus tard, avec le déclenchement de la glorieuse Révolution de novembre, dernière halte, décisive, qui a tracé la voie pour les enfants de la patrie et leur devenir».

En 2009, le président Bouteflika avait évoqué les discours des officiels français quant au caractère «prétendument positif» de la France coloniale en Algérie, considérant que ces discours sont «loin de contribuer à rétablir la vérité et rendre justice à l'Algérie pour le mal qu'elle a subi».

Le chef de l'Etat avait précisé que «pour tourner définitivement cette page noire de l'histoire, il faudrait aux deux pays et aux deux peuples de trouver ensemble la voie originale qui permettra de surmonter les traumatismes causés au peuple algérien par l'Etat colonial français», des traumatismes qui, avait-t-il expliqué, «continuent, souvent inconsciemment, à modeler nos consciences et nos manières d'agir».

Sur l'importance historique que revêt la date du 8 mai 1945, le président de la République avait indiqué qu'elle «porte un témoignage accablant sur la nature du colonialisme, sa brutalité, son inhumanité, sa barbarie pour tout dire», ajoutant qu'elle marque, d'un autre coté, «une étape cruciale dans le renforcement et l'unification du mouvement national, préparant ainsi la lutte armée lancée à partir du 1er novembre 1954».

Dans son discours de 2012, le président de la République avait, par ailleurs, souligné la nécessité de «procéder à une lecture objective de l'histoire, loin des guerres de mémoire et des enjeux conjoncturels», soulignant que «seule une telle lecture est à même d'aider les deux parties (algérienne et française) à transcender les séquelles du passé douloureux».

L'Etat algérien s'est attelé, depuis son indépendance, à construire des «relations d'amitié et de coopération fructueuse» avec les différents pays du monde, à leur tête l'Etat français, en dépit du «lourd tribut versé par le peuple algérien pour sa liberté et sa dignité».

Pour sa part, le secrétaire général de l'organisation nationale des Moudjahidine (ONM), Saïd Abadou, avait relevé que les massacres du 8 mai 1945 avaient «hâté la décision des dirigeants du mouvement national de déclencher la guerre de libération du 1er Novembre 1954», rappelant que le peuple avait compris, alors, que «ce qui a été pris par la force ne saurait être récupéré que par la force».
Il avait, en outre, mis l'accent sur les «positions immuables» de son organisation pour la criminalisation du colonialisme et l'importance de présenter des excuses au peuple algérien pour les massacres perpétrés.

Le colonialisme «ne s'est pas arrêté aux massacres, mais il est allé jusqu'au pillage des richesses des pays sous son occupation et l'altération de son identité», avait-il souligné.


L’intention de génocide n’est pas exclue

Le professeur d’histoire Hassen Remaoun, de l’université d’Oran, n’a pas exclu «une intention de génocide» à propos des massacres du 8 mai 1945, perpétrés par l’armée coloniale dans plusieurs régions du pays.

«Il n’est pas sûr que l’intention de génocide n’ait pas réellement existé chez un certain nombre d’acteurs officiels et de milices coloniales contrôlées ou incontrôlées et encouragées sur le plan local au moins à commettre les pires exactions», a expliqué, dans un entretien à l’APS, cet historien et chercheur au Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) d’Oran.

Dans ce sens, il a rappelé qu’en mai 1945, «il y a eu un massacre des dizaines de milliers de victimes, mené par l’Armée française et qui venait s’ajouter à une multitude d’autres massacres d’Algériens commis depuis 1830 au gré des intérêts et besoins du déploiement colonial».

Sur le récent «voyage mémoriel» du Secrétaire d’Etat français aux anciens combattants à Sétif, quelques semaines avant la commémoration du 70e  anniversaire des massacres du 8 mai 1945 et la symbolique de cette démarche, Hassan Remaoun a expliqué que «ce voyage ne peut, à lui seul, répondre à l’attente d’une reconnaissance des crimes coloniaux commis par les Français en Algérie»à «Il faudrait s’armer de patience et positiver», a-t-il dit, considérant que certes, « +un petit pas+, mais un pas quand même en avant, a été franchi dans cette voie».

Faisant le parallèle entre un François Hollande qui condamnait, en décembre 2012 à Alger, «un système colonial injuste et brutal» et celui qui refuse, en avril 2015, d’employer le terme «génocide» pour les crimes coloniaux de la France en Algérie par la France coloniale, le chercheur du CRASC n’y voit pas un «recul» dans la position du président français.

Pour l’heure, Hassen Remaoun se demande «s’il est possible de demander à la France officielle de s’étendre sur un divan pour se laisser analyser. Toutefois, elle a beau essayer de refouler son passé colonial, il lui ressort toujours en plein jour».
 

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