Histoire

Selon l’historien Gilles Manceron : Un travail de mémoire, nécessaire pour la reconnaissance des massacres

Publié par DK News le 09-05-2015, 18h35 | 46
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Un travail de mémoire et de recherches historiques approfondies est nécessaire pour conduire l’Etat français à reconnaître officiellement les massacres du 8-Mai-1945 en Algérie, a indiqué samedi à Sétif l’historien Gilles Manceron.

Ce travail doit se baser sur «des échanges entre universitaires algériens et français pour apporter toute la lumière sur ces douloureux événements», a ajouté M. Manceron au cours d'un colloque international sur «les massacres coloniaux», organisé à l’université Lamine-Debaghine de Sétif après Constantine et Guelma.

Pour cet historien, «des travaux scientifiques associant historiens, sociologues, psychologues et anthropologues autour des massacres du 8-Mai-45 apporteraient de nouveaux éclairages et contribueraient à déclencher le processus qui conduira la France à reconnaître sa responsabilité dans les événements de Sétif, de Guelma et de Kherrata».

M. Manceron a rappelé que les événements du 8-Mai-1945 ont été «dissimulés à l’opinion publique française et internationale pendant soixante ans par les autorités et la presse française», et remplacés par ce faux postulat : «des violences commises à Sétif contre des Européens ont obligé l’administration coloniale à agir».

Soulignant que la vérité finit toujours par triompher, il a affirmé que les «gestes» de la France officielle, celui du président François Hollande reconnaissant, à Alger en 2012, «les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien» et, plus récemment, l’hommage rendu par le secrétaire d'Etat français chargé des Anciens combattants et de la mémoire, Jean-Marc Todeschini, aux victimes algériennes de Sétif, sont le début d’un «frémissement» qui devrait mettre, à terme, la France «devant ses responsabilités».

L'historien a également souligné que le vote de certains conseils municipaux de villes françaises en faveur de la reconnaissance des massacres du 8-Mai-45 et la commémoration du 70e anniversaire de l’événement à Paris, Nanterre et Rennes sont des «signaux forts».

Organisé par le département des colloques de la manifestation «Constantine, capitale 2015 de la culture arabe», ce colloque a donné lieu à plusieurs communications qui ont abordé divers aspects des événements du 8-Mai-45. Il a notamment été question des témoignages de ceux qui ont survécu aux massacres et de la position «décevante» de la gauche française.

Les intervenants ont également abordé la question des massacres coloniaux en Afrique équatoriale sous domination française. Le colloque international sur «les massacres coloniaux» se poursuivra dimanche à l’Université Abderrahmane-Mira de Béjaïa.


Un complot suivi d’un massacre à grande échelle

Les massacres du 8-Mai-45 en Algérie sont un complot dûment fomenté suivi d’un massacre à grande échelle a affirmé vendredi à Jijel, Ismaïl Samaï professeur d’histoire et de civilisation musulmane à l’université Emir-Abdelkader de Constantine.

Animant une conférence à l’occasion de la commémoration du 70e anniversaire du 8-Mai-45, le conférencier a estimé que les massacres perpétrés ce jour-là par la soldatesque coloniale étaient précédés par un «complot» qui a débuté par l’acculturation et la dépersonnalisation du peuple algérien.

Selon lui, la France devrait reconnaitre ces (ses) crimes, tout comme elle l’a fait pour les crimes contre l’Humanité commis sur d’autres ethnies et peuples de par le monde.L’universitaire a rappelé que la France, au lendemain de l’accession de l’Algérie à la souveraineté nationale, a laissé un pays analphabète à 96% et une économie saignée à blanc.

Si les anciens meurent (Ndlr, les moudjahidine), leur mémoire ne disparait pas et à fortiori, l’histoire du pays, écrite et forgée par le génie du peuple, a encore souligné M. Samai. Organisée au centre culturel islamique Ahmed-Hamani par l’association «Fidélité et continuité culturelle», avec la collaboration du bureau communal de l’Organisation nationale des Enfants de chouhada (Onec), cette rencontre avait été précédée de plusieurs activités culturelles animées par une troupe scolaire et par la remise de distinctions aux lauréats des concours organisés pour la circonstance.

Selon un représentant de l’Onec, les massacres perpétrés le 8-Mai-45 dans la région de Jijel ont eu pour théâtre la mechta Laâchache, dans la commune de Boudria Beni Yadjis, où plus de quarante personnes ont été abattues par l’armée coloniale. Ces victimes ont été tuées en représailles d’une attaque menée contre la ferme d’un colon européen de la région, connu pour approvisionner en viandes rouges les casernes des soldats d’occupation.

Au chef-lieu de wilaya, outre un hommage organisé par la Sureté de wilaya, les autorités locales se sont recueillies devant le carré des martyrs avant de procéder à la remise de médailles et de diplômes d’honneur aux familles de martyrs et de moudjahidine.

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