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Burundi :Appel à un report des élections, le président sortant tente de maîtriser la situation

Publié par dknews le 19-05-2015, 18h12 | 30
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Les pays des Grands Lacs ont appelé mardi au report sine die des élections au Burundi, où la contestation populaire ne faiblit pas contre la candidature du président Pierre Nkurunziza, qui tente, à travers un remaniement ministériel, de mieux maîtriser la situation.

Les manifestants poursuivaient mardi leur mobilisation et mouvements de protestation contre la candidature du président Pierre Nkurunziza à l'appel incessant du général putschiste Godefroid Niyombare et la société civile.

Des centaines de personnes se sont rassemblés dans plusieurs quartiers périphériques de Bujumbura, à Musaga, Niyakabiga et Cibitoke avec l'objectif affiché «d'entrer» sans provocation ou violence en centre-ville.Les manifestants étaient immédiatement chassés de la rue par les tirs en l'air des militaires, souvent plus nombreux que les protestataires, et lourdement armés, selon les médias.

Le président fait le ménage dans son gouvernement
Quelques jours après le coup d'Etat manqué au Burundi, et la poursuite des mouvements de protestation, le président Pierre Nkurunziza tente de resserrer ses rangs.
Le chef de l'Etat a procédé à un remaniement où trois de ses ministres ont été remplacés. Au ministère de la Défense, Emmanuel Ntahonvukiye, a succédé à Pontien Gaciyubwenge. Le nouveau tuteur de ce poste est un ancien magistrat et premier civil à être chargé d'une telle mission.

Selon un haut cadre du parti au pouvoir Cndd-FDD, l'officier limogé est «victime de sa gestion des manifestations et des ordres qu'il a donnés qui semblaient contredire ceux du président».
Au ministère des Affaires étrangères, Alain Aimé Nyamitwe, ancien ambassadeur du Burundi auprès de l'Union Africaine (UA) remplace Laurent Kavakure qui «n'a pas été à la hauteur», selon le même responsable. «Il n'est pas parvenu à expliquer et à convaincre la communauté internationale sur les questions de l'heure», a-t-il ajouté.

La ministre du commerce, Virginie Ciza, a quant à elle été remplacée par Irina Inantore. La décision de procéder à ce remaniement n'a toutefois pas été justifiée de manière précise par le président burundais. «Le président a des pouvoirs que lui confère la Constitution, notamment de pouvoir changer l'équipe gouvernementale», a expliqué le porte-parole de la présidence, Gervais Abayeho.

Le président «estime que le moment est venu et que c'est un pouvoir discrétionnaire», a-t-il ajouté. Ce remaniement ministériel intervient alors que le Burundi est plongé dans une grave crise politique depuis fin avril, avec un mouvement de contestation populaire contre le président sortant Pierre Nkurunziza.

Appels au report des élections
Le pays est déjà en campagne pour les élections communales et législatives le 26 mai, avec la présidentielle un mois plus tard, l'opposition politique est pour l'instant muette, mais la communauté internationale demande avec insistance le report vu le climat actuel.

Les pays des Grands Lacs ont recommandé le report sine die des élections au Burundi, «le sommet est tombé d'accord pour dire que le report des élections ne doit pas être limité dans le temps car il y a des troubles dans le pays, et que les élections doivent être reportées sine die jusqu'au retour d'une stabilité permettant la tenue d'élections libres et justes», a déclaré le président sud-africain Jacob Zuma.

De son côté, l'Union africaine (UA) a souligné l'urgence d'un engagement renouvelé de la part du gouvernement et des différents acteurs au Burundi pour trouver une solution politique et consensuelle à la grave crise que connaît ce pays de l'Afrique de l'Est.

La présidente de la Commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, a réaffirmé que seul un dialogue sincère sur l'ensemble des défis de l'heure permettra de préserver les acquis importants enregistrés depuis la signature en 2000 de l'accord d'Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi, d'approfondir la démocratie et l'Etat de droit et de créer les conditions requises pour la tenue d'élections paisibles, libres, régulières, transparentes, crédibles et inclusives.

En parallèle, l'Envoyé spécial des Nations Unies Saïd Djinnit qui a poursuivi lundi ses consultations avec les partis politiques, la société civile, la communauté diplomatique, les responsables gouvernementaux et des organisations religieuses burundaises, a appelé à la reprise du dialogue national dans les jours à venir entre tous les Burundais afin de créer les conditions nécessaires à la tenue d'élections «pacifiques, transparentes, inclusives et crédibles».


La semaine dernière, les chefs d'Etat de la Communauté est-africaine (EAC) en sommet à Dar es-Salaam avaient également appelé à un report des élections mais pas au-delà de la date d'échéance légale prévue pour l'actuel pouvoir.

Menaces des Shebab, appel à la suspension des rassemblements
Face aux menaces du groupe armé somalien Shebab de s'attaquer aux pays qui envoient des soldats en Somalie participant à la Mission de l'UA, le ministre burundais de l'intérieur, Edouard Nduwimana, a appelé à une suspension des manifestations.

«Nous demandons la suspension des manifestations, car il serait difficile de distinguer les insurgés shebab des autres manifestants en cas d'attaque», a déclaré le ministre.
Il a également appelé les agences de sécurité à se tenir prêtes à contrer toutes attaques potentielles, demandant aux leaders des partis politiques de prendre des mesures nécessaires au cours de la campagne pour les élections législatives le 26 mai.

Le président Pierre Nkurunziza a déclaré par la même, que les forces de sécurité et de défense du Burundi étaient prêtes à faire face à d'éventuelles attaques des insurgés shebab. Le Burundi est depuis le 26 avril le théâtre de manifestations marquées parfois par de violents heurts opposant les contestataires du troisième mandat que brigue le président Nkurunziza à la police et aux jeunes du parti au pouvoir (Cndd-FDD), faisant une vingtaine de morts.

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