La mobilisation contre les incendies de forêt doit être de mise étant donné les risques climatiques et socioéconomiques auxquels est exposé le patrimoine forestier national, ont estimé jeudi à Alger les responsables du secteur agricole et forestier.
Les pays méditerranéens plus particulièrement connaîtront une tendance générale au prolongement des saisons à risque et à l'augmentation des superficies exposées aux incendies et aux maladies, a souligné le secrétaire général du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, Fodil Ferroukhi, lors de la réunion du comité intersectoriel de lutte contre les feux de forêt.
De ce fait, une plus grande prise de conscience et une mobilisation soutenue «s'impose» étant donné la grande sensibilité des forêts algériennes au phénomène des incendies, a-t-il ajouté rappelant que les conditions climatiques ayant prévalu en 2012 avaient porté la superficie parcourue par les feux à près de 100.000 hectares (ha).
M. Ferroukhi a souligné également la spécificité des forêts algériennes qui sont habitées contrairement aux forêts des autres pays de la Méditerranée, Cela augmente la pression sur les ressources naturelles et le risque d'incendie.
En Algérie, une moyenne de 30.000 ha sont parcourus par les incendies annuellement dont 7.000 à 8.000 ha de forêts sont sérieusement touchées, selon le directeur général des Forêts, Mohamed Esseghir Noual relevant que les changements climatiques ont accentué ce phénomène ces dix dernières années. «Nous enregistrons ces dix dernières années plus de 4.000 foyers d'incendies par an contre 2.000 à 2.300 auparavant», a-t-il argumenté.
En 2012, la superficie touchée par les feux avait frôlé les 100.000 ha avec près de 5.000 foyers avant de chuter à 13.000 ha en 2013 et augmenter l'année d'après à 39.000 ha. Cette baisse enregistrée ces deux dernières années «signifie que les interventions étaient rapides et efficaces avant que les feux deviennent importants» car les conditions climatiques n'ont pas beaucoup changé par rapport à 2012.
M. Noual a souligné, dans ce contexte, que l'homme est un facteur déterminant dans la gestion des feux de forêt aussi bien au plan de la prévention que de la lutte. Il a rappelé, à cet effet, la stratégie du gouvernement appliquée à travers la politique du renouveau rural visant à améliorer les conditions de vie des populations rurales et leurs revenus afin d'atténuer la pression sur les ressources naturelles.
Les zones rurales qui abritent 40% de la population algérienne connaissent ces dernières années un retour des populations grâce à l'amélioration des conditions sécuritaires. Le dispositif de lutte contre les incendies de forêts a été reconduit pour la période de l'été allant du 1er juin au 30 octobre «avec une certaine amélioration de l'efficacité et le choix des zones de positionnement», a indiqué M. Noual.
Le dispositif de la DGF repose sur plus de 400 postes de vigie, plus de 400 brigades d'intervention, près de 30.000 ouvriers de différents secteurs, se trouvant à l'intérieur ou à proximité des massifs, et qui sont mobilisables en cas d'incendie ainsi que plus de 2.700 points d'eau. Ce dispositif est complété par celui de la protection civile qui compte essentiellement 22 colonnes mobiles.
Avant l'occupation française, l'Algérie disposait de 5 millions d'ha de belles forêts, mais il ne restait que 3 millions d'ha à l'Indépendance avant de passer à 4,2 millions d'ha actuellement grâce au reboisement. Les feux de forêt touchent chaque année une superficie de 350 millions d'ha dans le monde dont 600.000 ha/an en Méditerranée.
