Culture

Constantine 2015 : Poupées en costumes traditionnels, de petites merveilles racontant l’élégance à l’algérienne

Publié par Par Moza Daghiche le 29-05-2015, 18h19 | 335
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Des poupées-mannequins arborant fièrement des habits traditionnels des quatre coins de l’Algérie, œuvres de l’artisane Saliha Ait-Hacène, ne cessent de ‘‘magnétiser’’ les visiteurs du Salon national de la micro-activité, ouvert le 23 mai au palais de la culture Mohamed-Laïd Al Khalifa de Constantine.

De la belle Blidéenne avec son ‘‘Badroune’’ rose richement décoré avec une chebka (dentelle), à l’admirable Tlemcénienne, majestueuse dans sa tenue princière, la ‘‘chedda’’,  en passant par la gracieuse Sétifienne et son ‘‘binouar’’ mauve en ‘‘charb zdaf’’ au joli décolleté, brodé avec précision et finesse, les doigts de fées de l’artisane ont confectionné de véritables petites merveilles pour raconter l’Algérie et sa diversité culturelle et vestimentaire.

Fruit d’un projet né d’une passion pour la couture et les coutumes vestimentaires algériennes, ces poupées-mannequins, véritables ambassadrices de l’élégance à l’algérienne, ont beaucoup voyagé, Saliha Ait-Hacène ayant jeté les amarres, pour un temps, au Canada et un peu partout en Europe, créant un véritable ‘‘buzz’’ auprès des passionnés du raffinement et de l’élégance.

Mais le rêve de l’ambitieuse Saliha est de provoquer un déclic auprès de ses pairs pour créer toute une chaîne dédiée à l’artisanat  patrimonial, en commençant par la fabrication des poupées ‘‘à l’âme algérienne’’, pour ensuite réaliser des joailleries traditionnelles en miniature et tous ces petits détails qui font briller la femme algérienne de mille feux.

La passion se transforme en projet

Originaire de la ville de Béjaia, Saliha Ait-Hacène raconte son projet de poupées-mannequins vêtues de tenues traditionnelles pour souligner, les yeux brillants, l’histoire d’une passion où la providence a joué un rôle déterminant.

Baignée depuis son jeune enfance dans un environnement de créativité, avec une mère pionnière, à Béjaia, dans la ‘‘ch'bika’’, une broderie faite d'un enchevêtrement subtil de fils travaillés à l'aiguille, et un père artisan-dinandier, Saliha n’a pas tardé à monter le talent qui lui ‘‘sort par le bout des doigts’’ en réalisant des articles brodés à la main et des gandouras parsemées de Fetla.

Elle ne se douta pas, lorsqu’elle confectionna, un jour, pour sa vieille poupée d’enfance, une robe traditionnelle perlée finement, et coiffée d’un foulard dont les F’toul (fils en soie) pendant sur le visage, qu’elle venait de signer l’acte de naissance d’un métier qui allait devenir sa raison d’être. Sa première robe de poupée eut un succès foudroyant auprès de ses amies et de sa famille, si bien que les commandes de poupées habillées traditionnellement se mirent à fuser de partout.

‘‘Les commandes des clientes m’ont amené à lancer ma +petite recherche+ sur les habits traditionnels algériens’’, confie Saliha à l’APS. Chez celles qu’elle nomme des ‘‘ bibliothèques vivantes’’, à savoir ses tantes, ses voisines et plusieurs grand-mamans de Béjaia, mais aussi d’Alger et de Constantine, Saliha a remonté le temps, percé le secret des beaux habits algériens et tout noté pour perpétuer l’histoire de l’élégance des algériennes.

En 2009, l’artiste-artisane contacte l'Agence nationale de gestion de microcrédit (ANGEM), dans sa ville natale à Béjaia, pour l’obtention d’un crédit. ‘‘Devant mes créations, la directrice de l’ANGEM a tout fait pour m’accompagner dans la concrétisation de mon projet et m’a encouragé à réaliser un maximum d’habits traditionnels pour une prochaine exposition à Alger ‘‘, précise-t-elle, reconnaissante.

Munie de son crédit, Saliha a pu se procurer de la matière première, différents tissus, des accessoires, des emballages et des poupées d’importation qu’elle habillait patiemment de costumes traditionnels. ‘‘A ma première exposition à Riad El Feth, en 2010, je remarquai que mes créations de poupées vêtues de caracos, de chemsas constantinoises, de robes kabyles flamboyantes et de melhfas chaouies, perlées, brodées et passementées à la main, faisaient briller d’admiration les yeux des visiteurs’’, se souvient-elle avec émotion.

Propulsée au-devant de la scène, parmi les artisans aux projets les mieux cotés, Saliha Ait Hacéne était régulièrement invitée pour participer aux différentes semaines culturelles de Béjaia à travers les wilayas du pays. Elle confie avoir été contactée, un jour,  par un algérien qui organisait une foire maghrébine au Canada et se proposait de mettre sur pied une exposition-vente de ses créations. C’est là, dit-elle, qu’elle reçut une commande d’une femme vivant à Cayenne, en Guyane, et dont l’arrière grand-père, était d’origine algérienne. Elle voulait une poupée- mannequin portant une gandoura constantinoise en velours bordeaux passementée de fils d'or et une autre en mlaya.

Une entreprise artisanale dédiée aux habits traditionnels, un rêve devenu réalité

Ayant bénéficié d’un local, Saliha, ne se contentant plus de réaliser des habits traditionnels féminins, se lança dans la confection de costumes traditionnels masculins, réalisant des kachabia chaouies, d’autres de la vallée du M’zab appelées ‘‘tachbiret’’ et habillait ses mannequins- hommes de seroual kalfati, d’origine hafside, rehaussé par une chemla (sorte de gaine orthopédique, tissé dans la laine) et coiffé de chéchia.

‘‘Ma curiosité et ma passion m’ont conduit à ressusciter des tenues masculines traditionnelles parfois oubliées (à), et c’était l’autre partie de mon projet’’, dit-elle. Fière de sa réussite dans un domaine qui la passionne, Saliha avoue que son rêve est de ‘‘perfectionner’’ son projet à travers des poupées et des modèles à l’aspect et aux ‘‘rondeurs’’ typiquement algériens.

‘‘ Une poupée made in Algeria donnerait très certainement un +plus+ à mes créations’’, lance, convaincue, l’artisane, avant de souligner que son souhait serait aussi de créer une usine de fabrication de poupées ‘‘algériennes’’. Saliha rêve aussi de ‘‘tomber’’ sur un créateur de bijoux traditionnels algériens en miniature. ‘‘Aujourd’hui, j’utilise ce que je trouve sur le marché comme bijoux que j’essaie de ‘‘faire coller’’ au mieux avec mes ornements, mais des bijoux distinctifs donneraient une autre touche d’authenticité aux tenues traditionnelles des poupées-mannequins’’, souligne, persuadée, Saliha.

En attendant l’aboutissement de son rêve, Saliha Ait-Hacène regarde, fière et émue, les visiteurs s’arrêter de longs moments devant son stand, s’attardant devant une belle algéroise en haïk Mramma, tissé de soie et rayé de fins fils d'or, brandissant fièrement le drapeau algérien, dans une reproduction d’une image immortelle, vieille de 53 ans, ainsi que devant la ravissante M’silie dans sa robe blanche à volants et son ‘‘j’bine’’ sur le front, embelli d’une plume d’autruche en guise de porte- bonheur, révélant la beauté de la femme d’Ouled Naïl.
 

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